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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Travailleurs étrangers temporaires: des entreprises poursuivent Ottawa pour 300M$

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Gabriel Côté et Francis Halin

2025-07-19T04:00:00Z
2025-07-19T11:13:53Z
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Des dizaines d’entreprises des quatre coins du Québec en furie contre les nouvelles restrictions d’Ottawa au sujet des travailleurs étrangers temporaires poursuivent le fédéral pour près de 300 millions de dollars, a appris Le Journal.

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«C’est un cri du cœur, c’est un signal d’alarme», a tonné l’avocat derrière la poursuite, Frédéric Bérard, en entrevue avec Le Journal.

Me Frédéric Bérard
Me Frédéric Bérard Fournie par Frédéric Bérard

À la fin du mois de mai, 23 entreprises québécoises, dont certains gros joueurs comme Manac et Tremcar, ont intenté une cause d’action en dommages et intérêts contre le gouvernement fédéral.

En septembre dernier, Ottawa a modifié les règles entourant l’embauche de travailleurs étrangers temporaires. Depuis, les entreprises peuvent employer une moins grande proportion de cette main-d’œuvre à bas salaire, soit un maximum de 10% de leurs effectifs, contre 20% auparavant.

De plus, ces travailleurs ne peuvent désormais obtenir un visa de travail que pour une période maximale d’un an, plutôt que deux.

Ces changements «soudains et fulgurants» ont pris de court les entreprises, qui craignent de voir des dizaines de millions leur couler entre les doigts, allègue la poursuite.

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Plusieurs craignent même de perdre jusqu’à 25M$ au cours des deux prochaines années.

«Ces entreprises-là se sont engagées dans des contrats. Il y a des pénalités rattachées à ça», a expliqué M. Bérard. «Vous mettez à mal l’économie d’une région entière, sinon du Québec», a-t-il ajouté à l’adresse du fédéral.

Des investissements en péril

De fait, certaines entreprises ont investi d’importantes sommes en croyant pouvoir compter sur la disponibilité à plus long terme de cette main-d’œuvre.

C’est le cas du fabricant de remorques et de citernes Tremcar, qui a investi 32M$ pour construire une nouvelle usine à Granby (voir autre texte).

Mélanie Dufresne, haute dirigeante de Tremcar, et son directeur d’usine de Saint-Jean-sur-Richelieu, Claude Clouâtre, craignent de subir des pertes de productivité s’ils perdent leurs précieux travailleurs.
Mélanie Dufresne, haute dirigeante de Tremcar, et son directeur d’usine de Saint-Jean-sur-Richelieu, Claude Clouâtre, craignent de subir des pertes de productivité s’ils perdent leurs précieux travailleurs. Photo Francis Halin

«On investissait parce que l’on avait des travailleurs», a soufflé la vice-présidente Stratège de marché du manufacturier, Mélanie Dufresne.

Le refrain est le même chez Durabac, un fabricant d’équipement pour la collecte de déchets en Estrie, qui a récemment investi 10 millions dans ses opérations (voir autre texte).

Patrick Charbonneau, PDG de Durabac, pense que le fédéral fait erreur en empêchant les TET de fournir des bras à nos usines.
Patrick Charbonneau, PDG de Durabac, pense que le fédéral fait erreur en empêchant les TET de fournir des bras à nos usines. Photo Francis Halin

«On est pris avec un investissement que l’on ne sera peut-être pas capable de supporter», s’est désolé le PDG Patrick Charbonneau.

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Droits et libertés

La poursuite allègue par ailleurs que la modification des critères d’admissibilité au programme de travailleurs étrangers temporaires «met en péril» la santé physique et psychologique des travailleurs concernés.

«Leurs enfants apprennent le français. Ils deviennent Québécois. Ils choisissent le Québec. Du jour au lendemain, on leur dit: ''On a changé les règles, retourne dans ton pays''», s’indigne l’avocat Bérard.

Des changements qui ne passent pas

  • Baisse du pourcentage de travailleurs étrangers temporaires permis au sein d’une entreprise de 30% à 10%.
  • Hausse de 20% du salaire horaire initial requis pour les travailleurs considérés comme à bas salaires.
  • Réduction de la période de validité des études d’impact sur le marché du travail.
  • Réduction de la durée maximale d’emploi pour les travailleurs étrangers temporaires à un an.

Liste des entreprises qui poursuivent le gouvernement

  1. Industries Dodec Inc. – Usinage et fabrication mécanique
  2. Durabac Inc. – Fabrication produits en acier (conteneurs, compacteurs, bennes)
  3. Produits Belt-Tech Inc. – Commerce gros rebuts et matériaux récupération
  4. Comptoirs Verte Feuille Inc. – Commerce détail bois et matériaux construction
  5. Manac Inc. – Semi-remorques et remorques d’usage commercial
  6. Mécan-Hydro Inc. – Commerce gros machines, matériel et fournitures industrielles
  7. Millet Plastique Canada Inc. – Achat, vente, fabrication articles/pièces/emballages plastiques
  8. A.T.L.A.S. Aéronautique Inc. – Gestion intégrée chaîne d'approvisionnement aéronautique
  9. Carrière Bernier Ltée – Industrie sablières et gravières
  10. Tremcar Inc. – Semi-remorques et remorques d'usage commercial
  11. Soleno Inc. – Produits en matière plastique
  12. Gestion Proco Inc. – Société portefeuille (filiales: Constructions Proco, Structures CPI, Fabrication Inc.)
  13. Industries N.R.C. Inc. – Machinerie et équipement
  14. Transport A. Laberge & Fils Inc. – Camionnage
  15. Comact Technologies Inc. – Transformation du bois
  16. Métal Perreault Inc. – Fonderies d'acier
  17. Clermond Hamel Ltée – Produits de scieries et ateliers de rabotage
  18. Abattoir Ducharme Inc. – Abattage et conditionnement volaille
  19. Lepage Milwork Inc. – Rénovation bâtiments résidentiels
  20. Exxel Polymères Inc. – Plastillurgie
  21. Artopex Inc. – Commerce gros machines, matériel et fournitures bureau/magasin
  22. Gestion Denis Morneau (1993) Inc. – Société de portefeuille
  23. Lemay Outillage Inc. – Fabrication et usinage poinçons, matrices et gabarits
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