Transport en commun: il faudrait réduire la rémunération des chauffeurs, croit l’Institut économique de Montréal
Leur rémunération moyenne serait de plus de 100 000 $ par année

Agence QMI
Les sociétés de transport en commun devraient revoir la rémunération des chauffeurs d’autobus, ce qui permettrait de réduire de moitié leur déficit, selon l’Institut économique de Montréal (IEDM).
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Alors que Québec se plaint de devoir éponger les déficits des entreprises du secteur du transport, la proposition de ramener la rémunération des chauffeurs d’autobus à un niveau comparable à ceux des emplois de cette catégorie pourrait réduire les dépenses de 250 M$, a estimé l’Institut lundi.
«Juste en revoyant la rémunération des chauffeurs de bus, les grandes sociétés de transport en commun pourraient résorber la moitié de leur déficit annuel», a indiqué lundi Renaud Brossard, directeur principal des communications à l’IEDM.
Les grandes villes du Québec anticipent un déficit des sociétés de transport de 532 M$ pour l’année prochaine, au moment où le gouvernement Legault chiffre ce déficit à 376,4 M$.
L’Institut de la statistique du Québec a observé que les conducteurs d’autobus de transport en commun et les opérateurs de métro présentent la rémunération globale la plus élevée parmi les emplois accessibles avec un diplôme de cinquième secondaire.
En effet, le taux horaire moyen des chauffeurs d’autobus et des opérateurs de métro s’établit à 51,02 $, ce qui représente une rémunération moyenne de 106 652 $ par année, selon le même organisme.
Par contre, les autres salariés travaillant dans la même catégorie d’emploi bénéficiaient en 2022 d’un salaire moyen de 35,74 $ l'heure, lorsque l’on fait l’ajustement pour la rémunération hors norme des chauffeurs d’autobus, selon les calculs de l’IEDM.
«Avant de menacer de couper drastiquement dans la fréquence des autobus ou les heures d’ouverture du métro, les sociétés de transport devraient dépenser notre argent de façon responsable», a suggéré M. Brossard.
«Un peu simpliste»
Pour le président du Syndicat des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes de la Société de transport de Montréal (STM), croire que la rémunération des employés est la solution manquante au financement du transport en commun «est un peu simpliste».
«Il n’y a pas un chauffeur, opérateur ou des gens du service connexe qui gagne 100 000 $ et plus sans heures supplémentaires», a réagi Frédéric Therrien au sujet du taux horaire moyen de 51,02 $.
Ainsi, le taux horaire commence à 28,10 $ au premier échelon et peut aller jusqu’à 34,60 $, a-t-il expliqué.
À cela peuvent parfois s’ajouter des primes, comme celle d’amplitude pour des horaires coupés et atypiques. «Si on fait une journée de douze heures et demie, il y a une prime d’amplitude parce qu’on est rémunéré sept heures et demie pour notre journée», a souligné M. Therrien.
Il en existe d’autres comme la prime pour la réserve réseau de 3,75 $ par jour lorsqu’un travailleur peut être envoyé à des garages différents plusieurs journées de suite et pour payer leur déplacement. «Ça ne paye même pas le gaz», a-t-il affirmé.
Les avantages sociaux – comme les fonds de pension, soins dentaires ou assurances salaire – sont aussi à prendre en considération. «Mais dans la poche du travailleur, ce n’est pas les avantages sociaux qui comptent, c’est de savoir comment je vais faire pour payer ma livre de beurre au bout de la semaine», a insisté M. Therrien.
Ce dernier a aussi rappelé les conditions de travail de ces employés. «Avant de descendre le salaire des employés, on devrait peut-être donner l’heure juste et le contexte dans lequel ces gens-là travaillent : il y a plus qu’une agression par jour sur les employés de la STM au niveau des chauffeurs, opérateurs, services connexes et transports adaptés», a-t-il mentionné.
«Le gouvernement devrait plutôt investir grandement dans le transport en commun et travailler à améliorer les conditions des chauffeurs», a-t-il ajouté.
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