Transbroue doit 8 M$ à plus de 60 brasseurs et PME du Québec
Les dettes du distributeur pourraient atteindre plus de 55 M$

Julien McEvoy
Transbroue doit 8 M$ à plus de 60 PME québécoises et s’approche de la faillite. Le distributeur de boissons et de bières est insolvable et vient d’embaucher le géant PwC pour l’épauler.
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L’entreprise, achetée par le Groupe Triani en août 2022, croule sous les dettes: elle doit par exemple plus de 100 000$ à huit microbrasseries québécoises, indique l’avis d’intention déposé jeudi au Bureau du surintendant des faillites.
Au total, la dette est de 8 293 661$ et touche 79 créanciers, ce qui n’inclut pas les trois institutions financières avec qui Transbroue fait affaire.
Le distributeur a contracté une hypothèque conjointe avec Triani de 21 600 000$ auprès de Roynat, en août 2022, indique un rapport de solvabilité effectué par Détails Investigations.
Deux autres hypothèques conjointes avec Triani ont été contractées en même temps, montre le rapport: 21 600 000 $ auprès de Financement agricole Canada et 3 600 000$ chez Roynat.
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La Banque CIBC est aussi citée dans le rapport, sans toutefois qu’un montant soit mentionné.
Les dettes de Transbroue pourraient donc atteindre un minimum de 55 millions $.
Triani a payé 25 M$ il y a 15 mois pour l’achat de Transbroue et des brasseries Glutengerg, Oshlag et Vox Populi, indiquent nos sources.

La version de Triani écorchée
Triani et Transbroue sont la propriété des entrepreneurs Tristan Bourgeois Cousineau et Joannie Couture.
Le couple et ses entreprises, déjà traînés en cour plus de 20 fois, sont d’ailleurs la cible d’une nouvelle poursuite déposée le 1er décembre.
Pol Brisset, propriétaire de la brasserie L’Alchimiste, accuse Triani, Transbroue ainsi que le couple de lui devoir 1 194 940,22$. C’est plutôt 1 203 042$, selon la liste des créanciers.
«En vertu du contrat avec Transbroue et en date du jour, le montant NET passé dû à l’Alchimiste est 745 246$», indiquait pourtant le distributeur, le 30 novembre.
Pol Brisset est catégorique et clame que son argent est dépensé à d’autres escients par les deux entrepreneurs.
«Transbroue est insolvable et elle a utilisé et utilise à son avantage les sommes d’argent qu’elle gère en sa qualité de mandataire et d’administrateur du bien d’autrui», lit-on dans la demande introductive déposée en Cour supérieure.
En langage courant: Transbroue est sous contrat pour entreposer le stock des microbrasseurs et le vendre aux détaillants. Transbroue est payée pour les ventes, mais le distributeur ne redonne pas les sommes prévues aux brasseurs.
Transbroue répond qu’elle doit d’abord payer ses activités de vente, de représentation et de transport.
«Le salaire des employés de livraison et les représentants qui travaillent directement à vendre les bières des microbrasseries [et] le loyer pour le local dans lequel sont entreposés les produits» sont quelques-uns de ces frais, disent Tristan et Joannie.
Une fois tous ces frais couverts, ajoutent-ils, «les paiements se font auprès des microbrasseurs».
«L’entreprise traverse une période de turbulences et l’avis d’intention de faire une proposition en est le reflet», dit aussi le couple.
De 1 M$ à 8,2 M$
La suite des choses augure mal pour toutes ces PME dans le trou à cause de Transbroue.
PwC et Transbroue ont 30 jours pour leur offrir une proposition. Si les créanciers refusent, c’est la faillite qui attend l’entreprise.
Combien le couple offrira-t-il à Station 22, par exemple, une entreprise de Boucherville à qui Transbroue doit 857 688$?
Tristan et Joannie font les manchettes depuis un mois. Ils ne cessent d’avancer que Transbroue avait déjà des dettes importantes au moment de l’achat, en août 2022.
Transbroue «pouvait sembler avoir des comptes recevables pour 2 M$», disent-ils, mais ce n’était que 1 M$, en réalité.
Triani a pourtant payé «plus de 250 000$ à des firmes professionnelles», dit le couple, pour la vérification diligente des livres de Transbroue.
À ce prix, se demandent de nombreuses sources, comment ont-ils pu manquer 1 M$?
Quoi qu’il en soit, la dette n’est pas de 1 M$, en date du 7 décembre, mais bien de 8,2 M$. C'est PricewaterhouseCoopers, leader mondial du marché de l'audit financier, qui le dit.
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