«Tout va s’écrouler»: des médecins redoutent l’entrée en vigueur de la loi spéciale du gouvernement
Agence QMI
À l’aube de l’imposition d’une loi spéciale par Québec si aucun terrain n’est trouvé avec les médecins, la situation risque d’atteindre un point de non-retour, selon deux professionnelles de la santé.
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«Si la loi 106 s’applique, il va y avoir des dommages collatéraux qui vont laisser des cicatrices. Il va manquer de médecins. La table, elle tient à trois pattes actuellement, et si on enlève une dernière patte, tout va s’écrouler», a redouté la chirurgienne Dre Joyaube Chapdelaine à l’émission Le Bilan, jeudi soir.
En plus de ses fonctions chirurgicales, la Dre Chapdelaine assumait aussi des tâches médico-administratives, qu’elle a finalement abandonnées après sept ans en raison du bras de fer avec le gouvernement.
«Médecine fast-food»
Un ras-le-bol partagé par plusieurs autres professionnels de la santé, dont la Dre Caroline Boulanger, qui, après 30 ans de service en tant que médecin de famille, remet aujourd’hui en question la suite de sa carrière dans le réseau de la santé.
Elle ne conçoit pas comment elle pourrait prendre en charge davantage de patients, elle qui en suit déjà près de 2000, sans compter ceux qui proviennent du Guichet d’accès à la première ligne (GAP).
«Je vois des patients aux cinq à sept minutes. Ça leur prend deux minutes pour se rendre à notre bureau. Comment je peux écouter mes patients, poser un diagnostic et faire un plan de traitement en cinq à sept minutes? C’est impossible».
Rappelons que le projet de loi 106 prévoit notamment qu’une partie de la rémunération des médecins soit liée à des d’indicateurs de rendement.
La Dre Boulanger refuse de pratiquer une «médecine fast-food» où elle enchaînerait les patients aux cinq minutes. «C’est à l’encontre de mes principes [et] de notre déontologie en tant que médecins. On ne réglera rien avec des rendez-vous en cinq minutes», a-t-elle soutenu.
«Pourquoi un médecin comme moi, et comme plein de mes collègues qui adorent leur profession, se sent-il précipité à prendre une retraite précoce»?
Voyez l'entrevue complète ci-dessus.