Tour de France : La rédemption pour Dylan Groenewegen

Jean-François Racine
Trois ans après son dernier succès sur le Tour de France, le Néerlandais Dylan Groenewegen a chassé les démons de sa longue suspension en remportant sans commettre de faute le sprint final de la 3e étape, longue de 172 kilomètres.
L’interminable chemin de croix du cycliste de l’équipe BikeExchange-Jayco est bel et bien terminé. Le bourreau, toujours moins sympathique aux yeux du public, a même savouré sa victoire, mais après celle de sa victime. Rédemption, pardon et mélange de sentiments pour les deux hommes.
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Groenewegen s’est montré le plus rapide en devançant d’un petit boyau le maillot jaune Wout van Aert, une seconde fois deuxième. Un autre Belge, Jasper Philipsen, a pris la troisième place devant Peter Sagan, qui a joué du coude, et le miraculé Fabio Jakobsen.
Un chemin pénible
«La route a été longue», a reconnu le vainqueur. «Physiquement, le retour n’était pas difficile, mais mentalement, bien sûr, il l’était», a-t-il affirmé en remerciant son père, qui le suivra pour les trois semaines du Tour de France. «On a toujours été proches. C’était fort de partager avec lui cette victoire.»
En janvier 2021, Groenewegen a confié avoir vécu un certain temps sous protection policière en raison de menace de mort après l’accident de Jakobsen. Après cette période difficile, le peloton ne semble pas lui en tenir rigueur.
Si la victoire de Fabio Jakobsen samedi a certainement ravivé de douloureux souvenirs, le coureur de 29 ans n’a pas mis de temps à tourner la page pour de bon sur ce triste épisode. Il a admis avoir commis plusieurs erreurs sur la deuxième étape et sa huitième place était une déception qu’il n’avait pas digérée.
Un retour réussi
Bombardé de trois questions en rafale, il a évité de parler de la terrible chute avant de disparaître aussi vite que sa pointe de vitesse à l’arrivée.
Depuis son retour, il s’agit évidemment de son plus beau sacre. Groenewegen avait glané quelques bouquets de moindre importance en Slovénie, en Arabie saoudite et en Hongrie, mais rien de comparable à une étape du Tour de France, le signe d’une saison réussie à la fois pour un athlète et pour son équipe.
Le mal-aimé accroche donc une cinquième étape du Tour à son palmarès. Ses quatre premières victoires ont été remportées entre 2017 et 2019, avant sa traversée du désert.
«Toutes les victoires sur le Tour sont spéciales, celle sur les Champs-Élysées [2017] particulièrement», a terminé Groenewegen.
Un Danois à l’avant
Pour l’histoire du jour, le Danois Magnus Cort a mené une chevauchée solitaire devant un peloton qui dormait au gaz. Personne n’a voulu le suivre. Même s’il n’a pu offrir un triomphe à la foule en liesse, le cycliste vêtu du maillot à pois a glané les quelques points à l’enjeu pour conserver sa tunique.
Avec une seconde deuxième place en 48 heures, Wout van Aert empoche six autres secondes de bonification et repousse un peu plus son principal poursuivant, Yves Lampaert, à sept secondes au classement général. Mi-figue mi-raisin, van Aert semblait un peu déçu même si chaque journée en jaune vaut son pesant d’or.
La meilleure opération vient de Tadej Pogacar, qui pointe au troisième rang à 14 secondes du maillot jaune. Principal favori pour la victoire finale, le Slovène se retrouve déjà en excellente position en évitant les écueils et en préservant ses coéquipiers qui n’ont pas à rouler trop tôt dans le Tour.