Touchant témoignage de la mère de la fillette de Granby : «Plus aucun enfant ne va payer!»
TVA Nouvelles
La mère de la fillette de Granby a livré un touchant témoignage lundi lors d’une conférence de presse concernant la poursuite de plus de 3 M$ intentée contre la DPJ et des intervenants dans ce dossier.
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«Ma fille aurait eu 11 ans. Jamais je n’aurais pu penser qu’un enfant, à sept ans, aurait pu partir dans des circonstances comme cela», a-t-elle commencé, clairement en pleurs.
La femme était cachée derrière un tableau. Une ordonnance de non-publication empêche toujours d’identifier la fillette.
Elle a profité de l’occasion pour réitérer son incompréhension face à l’inaction de la DPJ et dénonce le fait de n’avoir pas été crue lors des dénonciations.
«Voir son enfant pendant trois ans de suite, dépérir peu à peu, un samedi sur deux, une heure et demie de temps [...] crier haut et fort, autant que ton enfant le crie, que ce n’est pas normal, qu’il y a une lacune quelque part. Je ne peux pas croire que personne n’était réveillé», s’est-elle insurgée.
Elle affirme qu’à chaque visite de l’enfant, elle devait prendre de nombreuses minutes pour la rassurer.
«On l’a déstabilisé, on l’a chamboulé en l’enlevant de chez ses grands-parents. On lui a enlevé les personnes qui l’ont élevé et qui l’ont éduqué autant qu’ils m’ont aidé moi. Je n’étais pas une mauvaise mère. Être parent, ne vient pas avec un mode d’emploi», dit-elle.
«Si je parle, je vais me faire battre»
Elle décrit sa fille comme ayant le regard vide et souffrante.
«Tu sais qu’elle vit quelque chose, mais qu’elle n’a pas le droit de parler. Une enfant qui vit entre deux murs ne peut pas porter parole», explique la mère.
Elle raconte que l’enfant savait que si elle racontait les mauvais traitements qu’elle subissait chez son père, elle risquait d’être encore plus maltraitée.
«Elle le nomme par elle-même : “Si je parle, je vais me faire battre, papa va être fâché, papa va être triste, je vais me faire punir fort!” Comment voulez-vous réagir dans une situation comme ça?»
Impuissance
La mère s’est aussi exprimée sur son sentiment d’impuissance face à la situation vécue par l’enfant.
«L’impuissance que je pouvais ressentir était tellement profonde, mais je me mets à sa place, elle a quand même duré quatre ans, quatre ans à se faire battre.»
La mère est catégorique. Selon elle, il faut empêcher que la situation se reproduise pour d’autres enfants.
«Je n’ai pas le choix de faire en sorte qu’elle ne soit pas partie pour rien. Je ne le fais pas pour l’argent, je le fais pour tous les enfants parce que je connais la douleur que ça peut faire», a-t-elle indiqué.
«Chaque matin que je me lève, je me demande pourquoi. J’ai de la misère à mettre un pied devant l’autre. Cette petite merveille-là a réussi pendant quatre ans à se tenir debout. Elle n’a pas fui», confie la mère.
Elle explique d’ailleurs s’être déjà présentée à la DPJ avec l’enfant, couverte d’ecchymoses et de brûlures, mais que ses plaintes n’ont pas été retenues.
«Quand ton enfant passe de 45 livres à 4 ans, à 27 livres sur son lit d’hôpital, il y a quelque chose de pas normal», s’est-elle exclamée.
La mère avoue même s’être déjà fait traiter de «folle» par un directeur de la DPJ.
Elle explique que la dernière fois qu’elle a pu voir sa fille, c’est quelques heures avant son décès, à l’hôpital.
«La dernière fois que j’ai vu ma fille, c’était à l’hôpital, et elle était aussi belle que quand je l’ai vu la dernière fois. Malgré toutes les blessures qu’elle a subies, sa beauté intérieure était aussi belle que l’extérieur», décrit la mère.
Les larmes dans la voix, elle accuse la DPJ de ne pas avoir écouté l’enfant et de lui avoir reproché de vouloir du mal au père de la fillette.
«Une enfant qui aurait eu 11 ans aujourd’hui est partie à 7 ans parce qu’un gouvernement n’a pas fait ce qu’il aurait dû faire», dénonce la mère. «Plus aucun enfant ne va payer!»
*Voyez le témoignage complet dans la vidéo ci-dessus*