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Culture

Tony Conte: il a refusé un rôle qui lui aurait ouvert les portes d’une carrière internationale

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Nathalie Slight

2025-10-31T10:00:00Z
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On l’a vu briller dans les séries cultes des années 1990, puis disparaître abruptement des écrans. Aujourd’hui, Tony Conte n’est plus celui qui en voulait à la terre entière: porté par une sagesse nouvelle et un regard spirituel sur la vie, il nous raconte comment ses mésaventures l’ont transformé, sans altérer sa passion pour le jeu.

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Tony, peu de gens le savent, mais tu as étudié au Conservatoire d’art dramatique de Québec!

J’ai premièrement auditionné à Montréal, je me suis rendu à l’étape du stage, mais ma candidature n’a pas été retenue. Comme j’ai eu la piqûre, j’ai tenté ma chance à Québec, et j’ai été pris sur-le-champ. J’ai grandi dans l’est de Montréal, alors m’exiler à Québec, c’était la fin du monde pour moi. Mais ma peur de quitter Montréal était moins forte que mon désir d’exercer ce métier.

Tu as connu un début fulgurant dans le métier!

Le public avait l’impression de me voir partout, mais dans les faits, j’ai eu 10 jours de tournage dans Omerta! Le personnage du mafioso Vincenzo Spadolini a visiblement été marquant, puisque j’ai tourné ça en 1996 et on m’en parle encore. J’ai aussi tourné dans 4 et demi..., Urgence et Virginie. Même si on nous avait avertis à l’école de théâtre que le métier n’était pas une ascension en ligne droite, j’étais persuadé que j’allais surfer sur cette belle vague durant plusieurs années.

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Tout le monde en était persuadé! Tu étais l’un des acteurs chouchous du public québécois.

C’est vrai. Pouvez-vous croire qu’à l’époque, je me suis même fait offrir un premier rôle dans un film tourné à Vancouver! Ça m’aurait ouvert les portes d’une carrière internationale. Les producteurs étaient persuadés que j’étais parfaitement trilingue comme la majorité des Italiens, mais j’ai été élevé dans le quartier Hochelaga, à Montréal, je ne parle pas couramment l’anglais. J’ai dû décliner l’invitation.

Mais, à un moment donné, le creux de la vague s’est présenté...

Je suis tombé de haut, la chute a été brutale. Financièrement parlant, tu as beau te prévoir un petit coussin, mais quand le téléphone ne sonne plus, quand le passage à vide s’étire, quand tu n’arrives même pas à te faire voir en audition, tu arrives rapidement au bout de tes ressources. Et ce qui est le plus difficile, dans ce temps-là, c’est de croiser des gens qui te demandent chaque jour: «Quand est-ce qu’on va vous revoir à la télévision?» J’avais la notoriété... sans le travail qui vient avec. Plus le temps passait, plus je m’enfonçais.

As-tu perdu espoir, à un moment donné?

Oui. J’en voulais au monde entier. Problèmes financiers, égo écorché à vif, dépression majeure... La vie m’envoyait des messages pour que je me ressaisisse, mais je les ignorais. J’ai fini par prendre de mauvaises décisions et à un moment donné, j’ai frappé un mur... Un gros mur. Sans revenir en détail sur les événements de 2008, cette épreuve m’a permis de travailler sur moi, de devenir la meilleure version de moi-même. 

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Crois-tu à la deuxième chance?

Ouf... (Tony devient émotif). À la lumière de tout ce que j’ai vécu ces dernières années, non. En fait, les gens du public sont passés à autre chose mais les gens de l’industrie, peut-être que non. Chaque fois que je mets les pieds sur un plateau de tournage, tout le monde est content de me voir, je suis heureux, je me sens à ma place et je sais – bien humblement – que je suis bon dans ce que je fais. Pourquoi je ne décroche pas plus de rôles? Je l’ignore. Chose certaine, j’aimerais jouer davantage. Tout ce que j’ai vécu ces dernières années, toutes ces émotions intenses, je peux les mettre au service de mes personnages. C’est plate à dire, je ne souhaite pas ça à personne, mais il faut voir le bon côté des choses: ma mésaventure a bonifié mon jeu, a bonifié l’homme que je suis aujourd’hui.

Présentement, on peut te voir dans la série Ravages.

Chaque fois que je me dis : « Tony, il est temps que tu fasses le deuil de ta passion, ton métier d’acteur », il y a toujours un petit quelque chose qui me redonne espoir, comme mon rôle dans Ravages. J’ai tourné avec la réalisatrice Sophie Deraspe, en plus. Une soie, cette femme... Même si 20 ans ont passé et que j’ai énormément cheminé, j’ai encore l’étiquette du gars qui s’est fait arrêter. Pourtant, je ne suis tellement plus là dans ma tête, dans mon cœur, dans mon âme.

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Que veux-tu dire?

J'ai énormément travaillé sur moi, pour essayer de trouver un sens à mes mauvaises décisions, aux épreuves que j’ai vécues. J’ai fait une thérapie, j’ai beaucoup lu, regardé des vidéos, jasé avec plein de gens... et ça m’a permis de reconnecter avec moi-même. Je suis rendu à 61 ans et, sincèrement, je ne me suis jamais senti aussi bien, aussi en accord avec mes valeurs. À l’époque où j’étais au top de ma popularité, je n’appréciais pas ce que j’avais, je pensais toujours à la prochaine étape, j’en voulais plus. Aujourd’hui, j’ai une entrevue avec La Semaine, je l’apprécie, ça me rend heureux. Traverser des épreuves, bien que ce soit souffrant, nous permet de mieux apprécier les petits bonheurs de la vie.

Ton discours est empreint de sagesse.

J’ai connu ce que j’appelle un éveil spirituel. Je ne parle pas ici de religion, mais plutôt de changer ma façon de réagir à ce qui se présente dans ma vie, de m’accepter tel que je suis. Je pourrais sans cesse ruminer mes erreurs du passé, mais je me concentre sur le beau parce que, oui, il y en a. À commencer par ma belle Manon, mon ange. Avec moi, elle n’a pas connu les tapis rouges, elle a connu les palais de justice. Cette femme-là est restée à mes côtés, malgré les épreuves que j’ai traversées. Grâce à elle, je connais l’amour inconditionnel.

(Tony ajoute, avec un sourire)

Manon, cette femme merveilleuse, a une fille qui a deux enfants, dont un petit bébé tout neuf. Voir la vie à travers les yeux des enfants, ça te ramène à l’essentiel. Eux ne sont pas dans le paraître, ne sont pas dans le jugement, ils sont dans le moment présent, tout simplement.

Dominic Gouin / TVA Publications
Dominic Gouin / TVA Publications

Entre les tournages qui se font plutôt rares, tu fais quoi?

J’ai travaillé dans la construction pendant quelques années, j’ai aussi fait des ménages industriels dans les immeubles, mais depuis cinq ans, je travaille dans l’industrie du stationnement. Je développe aussi des projets personnels, dont un documentaire qui reviendrait sur mon parcours, pour enfin me permettre de raconter la vraie histoire. 

Ravages, présentement disponible sur Illico+.

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