TGV, trans, Arctique, parmi les priorités des militants conservateurs
Tour d'horizon des propositions qui seront discutées au congrès du Parti conservateur


Anne Caroline Desplanques
OTTAWA – Taxe carbone, avortement et coupes à Radio-Canada, mais aussi train à grande vitesse et défense de l’Arctique s'inviteront au congrès du Parti conservateur du Canada vendredi et samedi, le premier sous la direction de Pierre Poilievre. Voici quelques-unes des 60 propositions que des membres aimeraient voir dans le programme de leur parti.
Note aux lecteurs: ce texte a été modifié pour préciser que l'avortement ne fera pas l'objet de nouvelles propositions lors du congrès, mais qu'il demeure clairement inscrit dans la politique officielle du parti.
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Non à la taxe carbone, oui au TGV
Une des propositions prioritaires des membres du Québec est d'accélérer l'approbation des projets énergétiques en les soumettant uniquement aux processus provinciaux d'évaluation de l'impact environnemental et non plus à ceux du fédéral également.
Cette proposition fait écho aux demandes de la CAQ qui souhaitait que le Québec soit le seul à réaliser une étude environnementale sur l’impact du projet de troisième lien sur le fleuve Saint-Laurent, ce qu’Ottawa a refusé.
Autre écho à un débat qui a fait rage au Québec, il n’est plus question d’un port d’exportation du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le fleuve Saint-Laurent, mais plutôt dans la Baie d'Hudson. «Ce projet serait une entreprise monumentale d'importance nationale», précise-t-on.
Pour réduire la congestion et les émissions de gaz à effet de serre, exit la taxe carbone. On propose plutôt de construire des trains à grande vitesse et de doper les infrastructures ferroviaires menant aux ports pour favoriser les exportations.
Trans et Radio-Canada dans le viseur
En droite ligne avec la lutte contre les minorités transgenres aux États-Unis, des militants voudraient interdire les interventions médicales ou chirurgicales de changement de sexe aux mineurs. Ils s’opposent aussi aux ateliers de sensibilisation à la diversité et à l’inclusion en milieu de travail.
Aussi, au nom de l’égalité des «personnes de sexe féminin» dans le sport, on exige des catégories sportives «réservées aux femmes», et le droit de celles-ci «à la sécurité, à la dignité et à l’intimité» dans «des espaces non mixtes», comme les prisons, les vestiaires ou les toilettes.
Quant à l’avortement, s'il ne fait pas l'objet de nouvelles propositions, il demeure fermement inscrit dans la position officielle du parti que l'on retrouve dans le carnet de propositions politiques. Il est stipulé qu'un gouvernement conservateur permettrait aux professionnels de la santé de «refuser de participer à l’avortement, au suicide assisté ou à l’euthanasie et d’aiguiller leurs patients vers de tels services».
Toujours sur le terrain des valeurs sociales, des membres qui reprochent à CBC/Radio-Canada un agenda «de plus en plus politisé» veulent couper les vivres à la chaîne publique.
Construire une base navale en Arctique
Plusieurs propositions visent à renforcer la Défense nationale.
La position officielle du parti demeure qu’«un gouvernement conservateur cherchera à dépenser au moins les 2% du PIB recommandé par l’OTAN». Il est proposé que ces dépenses supplémentaires serviraient notamment à accroître les ressources militaires dans le Nord, en construisant une nouvelle base navale dans l'Arctique. Il est aussi question d’acquérir des systèmes de défense aérienne, le Canada ne disposant d’aucune arme pour abattre des missiles en vol, comme les fameux systèmes Patriots fournis à l’Ukraine ces derniers mois.
Des membres proposent aussi d'adhérer au nouveau traité de défense AUKUS, un pacte entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie qui vise à se défendre de la Chine, notamment en développant une flotte de sous-marins nucléaires.
Pas question d’ailleurs de lâcher du leste sur le terrain chinois. Des membres proposent à nouveau un registre des agents étrangers et préconisent le retrait de la Chine de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Des invités controversés au micro
Le congrès s’ouvrira jeudi sur un discours du lieutenant-général à la retraite Michel Maisonneuve et se conclura samedi par l’intervention du Britannique Lord Daniel Hannan, deux invités loin de faire l’unanimité.
La dernière intervention publique de M. Maisonneuve lui a valu d’être mis à la porte du Centre d’excellence sur la douleur chronique pour les vétérans. C’était en novembre après qu’il ait livré un discours à Ottawa dans lequel il critiquait le retrait de statues historiques comme celle de John A. Macdonald, les excuses gouvernementales aux victimes d’abus, les médias ou encore les politiques libérales en matière de changements climatiques.
Quant à Lord Hannan, il s’agit d’un climatosceptique connu pour ses prises de position libertariennes qui prône notamment la privatisation du système de santé universel. Ex-député européen, il a été un des fondateurs de Vote Leave, l’organisation qui a fait campagne pour le Brexit.
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