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L'article provient de TVA Nouvelles
Culture

Industrie télévisuelle privée en péril: «Gouvernements, CRTC, wake up call!», lance Pierre Karl Péladeau

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Photo portrait de Guillaume Picard

Guillaume Picard

2025-08-26T14:59:17Z
2025-08-26T18:44:20Z
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La télévision privée québécoise vit un «moment charnière» et les gouvernements doivent se réveiller avant qu’il ne soit trop tard, les plateformes américaines prenant de plus en plus de terrain au détriment de nos productions locales. 

C’est en somme le discours qu’a livré le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, mardi, en marge du lancement de programmation de TVA et d’illico+ et du dévoilement de la campagne de publicité «Fermer notre télé c’est éteindre notre culture».

Parce que notre culture nous différencie en Amérique du Nord, Québecor ne va pas baisser les bras malgré la chute des revenus publicitaires et la chute des abonnements au câble, a affirmé l’homme d’affaires.

M. Péladeau lance donc un énième «wake-up call» au gouvernement fédéral et au CRTC.

«Ils doivent saisir l’urgence», a-t-il clamé, en rappelant que TVA a enregistré des parts de marché de près de 43%, de janvier à juin dernier, sans que cela se reflète dans les résultats de Groupe TVA. Malgré tout, l’entreprise investira encore une fois 400 millions $ dans ses différentes productions.

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«On a tous une responsabilité collective de protéger notre télé et de faire en sorte qu’elle puisse s’orienter à l’intérieur des nouveaux paramètres technologiques», a dit M. Péladeau devant toute l’industrie venue assister au lancement de programmation.

«Il chiale, il chiale, mais en même temps on fait ce qu’on doit faire pour rencontrer nos responsabilités», a-t-il poursuivi, rappelant au passage que le taux d’abonnement aux câblodistributeurs est passé de 84%, en 2017, à 66%, en 2024. Durant la même période, le taux d’abonnement des services en ligne a progressé de 53% à 77%.

Depuis 2011, les revenus publicitaires de la télévision généraliste au Canada, une industrie employant plus de travailleurs que dans l'aéronautique, ont par ailleurs chuté de 38%.

Les GAFAM – META, YouTube, Microsoft et compagnie – sont «venus gruger de façon importante nos revenus publicitaires», a signalé Pierre Karl Péladeau, qui dénonce les «inégalités réglementaires» entre les télédiffuseurs canadiens et les plateformes étrangères.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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«Est-ce qu’ils ont atteint un plafond, ce qu’on comprend c’est que ce n’est pas terminé. Avant, les streamers avaient pour seuls revenus les abonnements, maintenant ils sont aussi dans la publicité», a-t-il ajouté, demandant à haute voix «que reste-t-il pour nous?»

Parmi tous ses messages clés, M. Péladeau a demandé comment se fait-il qu’un diffuseur qui rejoint chaque semaine 5,7 millions de Québécoises et de Québécois soit financièrement en péril? Toutes les chaines conventionnelles en Occident sont déficitaires a rappelé le PDG de Québecor. Elles étaient «majoritairement profitables» en 2011.

«La seule chaine qui fait de l’argent c’est Radio-Canada, merci aux contribuables», a-t-il souligné. «Est-ce qu’on veut un seul diffuseur? Poser la question, c’est aussi y répondre. (...) On n’a pas les moyens d’avoir des tapis rouges, on les a déjà eus», a indiqué M. Péladeau, qui préfère investir les fonds disponibles dans les contenus allant dans nos écrans.

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Dans le cadre de ce «combat», Québecor a même relocalisé ses studios de TVA et de LCN et mis en vente son édifice du boulevard de Maisonneuve Est, à Montréal.

Parlant des journalistes de la télévision, M. Péladeau continue de réclamer l’élargissement du crédit d’impôt pour la main-d’œuvre journalistique au journalisme télévisé.

Rappelons que Québecor a réduit ses coûts d’opération en abolissant notamment près de 700 postes liés à son secteur télé, l’entreprise ayant abandonné la production interne. Les budgets alloués aux productions originales ont aussi chuté.

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Voici les cinq mesures réclamées

1. Réforme fiscale pour les achats publicitaires: Annulation de l'allégement fiscal pour les achats publicitaires faits auprès d'entreprises numériques étrangères et ajout d’un incitatif fiscal supplémentaire pour encourager les achats publicitaires dans les médias québécois et canadiens.

2. Révision du mandat de CBC/SRC: Recentrage du mandat du diffuseur public, incluant le retrait de toutes formes de publicité de ses plateformes, ce qui permettrait de libérer quelque 270 millions de dollars de revenus publicitaires potentiels pour les stations privées canadiennes.

3. Réforme du Fonds des médias du Canada (FMC): Exclusion des diffuseurs publics du financement du FMC, dans un contexte où la télé publique est déjà largement financée par l’État, mais que la télé privée peine à survivre.

4. Inclusion du journalisme télévisé au crédit d'impôt pour la main-d’œuvre journalistique: Élargissement des programmes d’aide pour la main-d’œuvre journalistique au journalisme télévisé.

5. Allègement et équité réglementaire: Correction de l’iniquité réglementaire entre les entreprises numériques étrangères et les radiodiffuseurs d’ici, notamment en réduisant considérablement les fardeaux réglementaires, financier et administratif de ces derniers.

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