Droits de douane: que faut-il comprendre du recul de Trump?

Yannick Beaudoin
Les droits de douane américains sur les produits canadiens, maintenant repoussés au 2 avril, sont le signe que même Donald Trump peut «frapper le mur du réel», estime le membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand, Guillaume Lavoie.
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«Le fait qu’il doive reculer, c’est la preuve que les personnes qui vont faire reculer Trump le plus rapidement et le plus fortement, ce sont les Américains eux-mêmes. Et là, c’est comme si le choc du réel, le poids des conséquences de ces décisions, revenait très, très rapidement à la Maison-Blanche», a souligné le spécialiste de la politique internationale en entrevue à l’émission Le Québec matin.
Ce dernier croit toutefois qu’il est beaucoup trop tôt pour crier victoire.
«La pression commence à tomber, mais ce n’est qu’un sursis de 30 jours. Alors, il faut peut-être imaginer qu’on devra malheureusement rejouer dans ce film-là, encore», mentionne-t-il.
Selon M. Lavoie, il ne faut pas voir ce sursis comme une concession faite au Canada.
«Ça n’a rien à voir. C’est Donald Trump qui s’est peinturé dans le coin, comme un grand, tout seul, et qui, là, essaie de se détricoter de sa mauvaise posture en essayant de repousser plus loin l’inévitable. Nous, du côté canadien, il faut bien comprendre que c’est lui qui est pris avec ses problèmes. Alors, Lyndon B. Johnson avait une expression: “Lorsque ton adversaire s’enfarge, il suffit de se tasser un petit peu pour le laisser poursuivre sa course”», explique le membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand.
Guillaume Lavoie demeure convaincu que le Canada, notamment le premier ministre ontarien Doug Ford, adopte la bonne stratégie face à Donald Trump.
«D’abord, [il faut] éviter le piège des accords sectoriels, parce qu’on pourrait imaginer que Donald Trump devrait faire des sursis ou éviter les tarifs sur les secteurs les plus politiquement sensibles pour lui. L’automobile, l’énergie et la potasse, dont on parle moins au Québec, mais c’est l’engrais premier du secteur agricole américain, qui vient [principalement] de [la] Saskatchewan. Alors, si on laisse aller les secteurs qui sont les plus critiques pour lui, on pourrait se retrouver à avoir moins de marge de manœuvre pour des secteurs qui ont besoin d’un peu plus d’appuis», indique l’expert en politique internationale.
M. Lavoie recommande au Canada de maintenir la pression, aussi longtemps que l’ensemble des droits de douane américains ne seront pas annulés.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.