Survivre à une attaque de requin a changé sa vie: après 230 points de suture, il ne tient plus rien pour acquis


Diane Tremblay
L’auteur-compositeur-interprète originaire de Québec Samuel Lussier conserve toujours les cicatrices des 230 points de suture qu’il a reçus à la jambe gauche après avoir survécu à une attaque de requin-bouledogue en Floride qui a changé sa vie.
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Les photos du gamin, le visage crispé par la douleur, ont fait le tour des médias nationaux, tant américains que canadiens, lors de cette attaque survenue le 25 décembre 1997, alors qu’il avait 8 ans.

Personne ne peut comprendre mieux que lui ce que traverse la résidente de Québec qui a été attaquée, elle aussi, par un requin-bouledogue, le 7 février dernier, aux îles Turques-et-Caïques.
«J’éprouve beaucoup de sympathie pour elle. J’aimerais communiquer avec elle et son mari pour leur offrir juste un peu d’empathie et même, à la limite, aller la voir pour lui jouer une toune. J’ai rencontré juste une autre personne à qui c’est arrivé et le contexte était totalement différent, car il travaillait dans un aquarium et en les nourrissant il s’est fait mordre le bras», a partagé le musicien.
Même s’il n’a pas subi d’amputation, il n’en conserve pas moins des séquelles physiques et un traumatisme qu’il a appris à surmonter au fil des ans. Il a dû renoncer à une carrière dans les Forces armées canadiennes en raison des limitations à sa jambe. Membre du groupe Bestov, il se consacre maintenant entièrement à la musique.
«Il y a des choses que je ne peux plus faire ou que je m’abstiens de faire pour éviter la douleur. Courir et supporter de lourdes charges, c’est devenu impossible.»

Vacances en famille
Sa famille passait des vacances paisibles en Floride lorsque le séjour a pris une tournure dramatique. Lui et son frère s’amusaient dans l’eau à Hollywood Beach et ils portaient une veste de sauvetage, sur l’insistance du père, ce qui a permis de lui sauver la vie, selon Samuel.
«J’ai vu une ombre arriver en dessous de l’eau et il m’a saisi. Je n’ai pas senti la douleur, à part quelque chose qui me shakait. C’était intense et c’est devenu rouge autour. J’ai crié à mon père en me débattant. Quand mon père m’a sorti de l’eau, j’ai vu ma jambe en lambeaux.»
«Mon frère a suivi. Il n’y a pas eu d’altercation. Il est sorti en même temps que moi», a raconté Samuel en revenant sur les événements.

Les premiers répondants se sont rapidement mobilisés pour lui prêter secours et le conduire à l’hôpital Joe DiMaggio, où l’on a dénombré 63 marques de dents. Le requin est passé à un cheveu de sectionner l’artère principale, ce qui aurait fort probablement entraîné des conséquences tragiques. Par chance, si on peut dire, Samuel affirme avoir été mordu par un bébé requin qui ne mesurait pas deux mètres de long. Si le requin avait été adulte, il serait sans doute parti avec la jambe au complet.
«À l’hôpital, ils m’ont tout recollé ça avec 230 points de suture sous anesthésie générale.»
Après une semaine d’hospitalisation, il a été rapatrié à Québec.
«J’ai été traumatisé un peu, mais pas longtemps. Je me suis dit: «Ça ne sera pas comme ça tout le temps.» L’année d’après, je suis retourné me baigner à cette plage-là.»

«Ma vision de la vie a beaucoup changé après ça. C’est cliché de dire qu’on a juste une vie à vivre et qu’il faut en profiter, mais, lorsque quelque chose comme ça t’arrive aussi jeune, tu as moins peur après de sortir du moule et de faire ce que tu as envie. Ça laisse un peu de traumatisme, mais beaucoup de résilience.»
Plusieurs années plus tard, Samuel, qui accompagnait un groupe en Floride, a eu la chance de revoir les sauveteurs qui sont intervenus auprès de lui ce jour-là.
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