Survivant du cancer de la prostate, Richard Martineau se livre comme jamais dans le documentaire «Un crabe dans le pantalon»
Le documentaire «Un crabe dans le pantalon», jeudi 13 novembre, à 20 h à TVA et sur TVA+
Nathalie Slight
Dans le documentaire Un crabe dans le pantalon, Richard Martineau aborde avec courage et transparence les répercussions du cancer de la prostate. Avec beaucoup de générosité, il offre un témoignage à la fois bouleversant, parfois drôle et surtout profondément humain.
• À lire aussi: Céline Bonnier partage des photos souvenirs et rend tout le monde nostalgique
• À lire aussi: Kim Lévesque-Lizotte revient à ses premières amours
• À lire aussi: Pourrions-nous voir Charles Lafortune dans «Indéfendable»? Voici sa réponse
Richard, il y a un an quasiment jour pour jour, tu annoncais être atteint d’un cancer de la prostate. As-tu hésité avant d’en parler publiquement?
Ça allait de soi pour moi. Je me souviens quand Véronique Cloutier a sorti Loto-méno en 2022, Sophie (sa conjointe, Sophie Durochers) avait été très touchée par ce documentaire. Sans tabou, Véro parlait des répercussions que la périménopause avait sur sa vie. Louis Morissette avait également témoigné, allant même jusqu’à dire qu’ils avaient envisagé de se laisser. Ce documentaire a fait du bien à beaucoup de femmes, à beaucoup de couples aussi.
Loto-méno a même fait bouger le gouvernement sur le dossier des hormones bio-identiques, jusque-là non remboursées par la Régie de l’assurance maladie du Québec...
C’est vrai. Voilà pourquoi j’ai décidé de parler ouvertement de mon combat contre le cancer de la prostate. Je me suis dit que si ça peut encourager les hommes à se faire tester, je n’aurai pas vécu cette mésaventure pour rien. En plus de partager mon expérience à QUB radio, je suis allé à Salut Bonjour et à Tout le monde en parle. En octobre dernier, je me suis fait retirer ma prostate. Après une courte convalescence, je suis retourné travailler. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais on m’a offert de faire un documentaire sur les répercussions du cancer de la prostate.
Est-ce que cette fois, ça allait aussi de soi?
Non. Parler publiquement du cancer de la prostate, c’est une chose. S’ouvrir sur les répercussions, c’en est une autre. Lorsqu’on m’a annoncé que le documentaire serait piloté par André Saint-Pierre, le réalisateur de l’émission Les Francs-Tireurs avec lequel j’ai travaillé pendant des années, je me suis senti en confiance. Tant qu’à accepter, j’ai décidé d’y aller all-in. Mais pendant le tournage, j’ai ressenti un petit vertige.
Que veux-tu dire?
Une des répercussions de l’ablation de la prostate, c’est l’incontinence urinaire. Dans le documentaire, on me voit aller acheter des couches pour hommes. Cet effet secondaire dure quelques mois, pour éventuellement revenir à la normale, mais ce n’est pas évident à vivre. À un moment donné, durant le tournage, je me suis demandé si j’en disais trop, si je devais me garder un petit jardin secret. J’en ai même fait de l’insomnie. Je regrettais quasiment de m’être embarqué dans ce projet. Mais Sophie m’a rassuré.
De quelle façon?
Elle m’a rappelé qu’il s’agissait d’un sujet tabou et que j’allais encourager les gens à aller se faire dépister. Au Québec, 18 hommes par jour reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate. Comme il n’y a quasiment aucun symptôme avant que la maladie ne soit très avancée, ce cancer peut mener à la mort. La preuve: le chanteur des Cowboys Fringants, Karl Tremblay, est mort de ce cancer à l’âge de 47 ans. À un moment donné, mon désir de faire une différence a surpassé mes appréhensions.
Dans le documentaire, tu abordes avec générosité les répercussions de ton opération, notamment tes problèmes de dysfonction érectile...
Je trouve que c’est important d’en parler, parce que ce n’est pas seulement une question de bander; ça touche directement la santé mentale des hommes. Il y a beaucoup de gars qui font des dépressions parce qu’ils n’ont plus d’érection. Mais il y a des solutions! Tout d’abord, il y a la médication de type Viagra et Cialis. Il y a aussi la possibilité de recevoir des injections directement dans le pénis. Eh oui, je suis allé jusque-là. À noter que pour 50% des hommes, les érections reviennent éventuellement, mais il faut être patient. Chez d’autres, ça ne revient jamais.
Lors de ton entretien avec ton médecin, on apprend que les nerfs caverneux, essentiels à l’érection, longent la prostate. Ils peuvent donc être endommagés durant l’intervention...
Exactement. Même sans être endommagés, ils peuvent subir un traumatisme. D'ailleurs, c’est ce qui m’est arrivé. Vous savez, j’ai eu peur que Sophie me laisse parce que je ne pouvais plus avoir d’érection. Pourtant, ça fait 23 ans qu’on est ensemble, et notre relation ne tient pas uniquement au sexe. Mais ça prenait beaucoup de place dans ma tête, alors que pour elle, ce n’était qu’un détail. D’ailleurs, elle me trouvait fatigant de parler tout le temps de mon pénis! (rires)
En terminant, ton documentaire Un crabe dans le pantalon va sensibiliser la population au cancer de la prostate. Mais toi, qui t’a aidé à passer à travers les répercussions de la maladie?
Laurent Proulx, président-directeur général de PROCURE, m’a été d’une aide précieuse. Il a lui-même reçu un diagnostic de cancer de la prostate, à l’âge de 48 ans. Dès que j’avais une question, j’écrivais à Laurent, et ses réponses apaisaient mes angoisses. Pour passer plus sereinement à travers le cancer de la prostate, il est important de se créer un réseau de soutien et d’en parler. Participer à des événements organisés par PROCURE, c’est aussi une façon de connecter avec des gens qui ont traversé la même tempête intérieure.