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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Superfrancofête: «Il fallait que ça pogne» - Stéphane Venne

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Photo portrait de Frédérique De Simone

Frédérique De Simone

2024-08-17T12:00:00Z
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Quand l’auteur-compositeur Stéphane Venne a été approché pour écrire la pièce-titre du Festival international de la jeunesse francophone de 1974, La superfrancofête, sa réponse ne s’est pas fait attendre longuement. 

Il ne lui a fallu que quelques heures, voire quelques jours, pour composer ce véritable ver d’oreille, qui a carrément donné un nouveau nom usuel au festival. 

«J’avais un copain à l’agence de publicité Cossette qui savait ce que j’écrivais, mes enjeux, et surtout, que l’enjeu de la langue était très important pour moi. [...] C’était extrêmement stimulant pour moi, alors je n’ai pas eu trop de difficulté à écrire ce thème», a-t-il confié à l’Agence QMI, précisant que ce n’était habituellement pas le genre de commande qui lui prenait beaucoup de temps.

L'auteur-compositeur Stephane Venne et Nicole Martin à Québec.
L'auteur-compositeur Stephane Venne et Nicole Martin à Québec. PHOTO ALAIN LESIEUR / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE QUEBEC

Le succès de sa chanson a été rétentissant. Elle était jouée en boucles à la télé et à la radio. Résultat? Le «Festival international de la jeunesse francophone» est devenu la «SuperFrancoFête».

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«Il y a une phrase dans la chanson qui parle de la communion des âmes. Et c’est exactement ce que le festival était. L’événement ne ciblait pas un public, il s’adressait à tout le monde, toute la population. Et c’était ça, la beauté de l’affaire, cet aspect international, l’ouverture sur le monde», a expliqué le compositeur, qui croit que la pérennité de la langue et de la culture réside entre autres dans l’attention qu’on porte aux artistes.

Stéphane Venne à la sortie de son troisième microsillon, à la fin des années 1960. Un disque presque entièrement instrumental.
Stéphane Venne à la sortie de son troisième microsillon, à la fin des années 1960. Un disque presque entièrement instrumental. Claude Rivest / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREAL

Le compositeur à qui l’on doit aussi la chanson-thème de l’Expo 67, Un Jour, Un Jour, se souvient très bien de la période d'effervescence culturelle et politique qui touchait le Québec à cette époque de grands changements, mais aussi de l’engouement de la population, tant des jeunes que des vieux, pour la langue de chez nous et la culture québécoise.

«Toute l’époque était très intéressée par cet enjeu qui a vu naître des grands maîtres de l’écriture, comme Gilles Vigneault, qui servirait de modèle tant dans le français du dimanche que dans le français populaire», s’est rappelé Stéphane Venne, qui avait pour modèle Gilles Vigneault et Jean-Pierre Ferland.

Stéphane Venne au milieu des années 1970
Stéphane Venne au milieu des années 1970 Andre Viau / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREAL

À l’époque, l’auteur-compositeur écrivait de 20 à 30 chansons par année. Certains de ces airs sont d'ailleurs encore aujourd’hui fredonnés par les jeunes générations; tel est le cas du titre Le temps est bon, repris en 2019 par le duo électronique Bon Entendeur qui cumule maintenant plus de 100 millions d’écoutes sur Spotify.

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«C’est ça, la différence entre ceux qui écrivent pour s’exprimer et ceux qui écrivent pour écrire. Moi, j’écrivais pour écrire. Ça n’avait rien à voir avec comment je me sentais. Ça avait à voir avec l’échéancier. Il fallait que ça pogne tout simplement», a indiqué le parolier à succès, qui a, au cours de sa longue et fructueuse carrière, notamment prêté sa plume à Pierre Lalonde, Renée Claude, Isabelle Pierre, Emmanuëlle et de nombreux autres artistes.

«Il faut que la passion pour le français devienne assez rageuse pour pénétrer l’âme de tous nos compatriotes, y compris les nouveaux. Et pour ça, il faut, un peu comme on aime le hockey pour ses grands joueurs de hockey, aimer ses artistes. Si on publicisait les grands écriveux, ça serait un bon coup de main donné à l’évolution de la langue dans le bon sens», a-t-il dit.

Raymond Bouchard / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREAL
Raymond Bouchard / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREAL

 

 

Dates importantes 
  • 1960-1970: Stéphane Venne commence sa carrière comme chansonnier et compose parallèlement des musiques de film et des chansons pour d’autres artistes. Il adapte aussi un grand nombre de succès musicaux américains en version francophone pour des artistes québécois. À l’issue d’un concours, sa pièce Un jour, un jour est choisie pour être la chanson-thème de l’Expo 67.
  • 1970-1980: Stéphane Venne fonde avec des partenaires la compagnie de disques Sol-7 (aussi appelée Solset) qui produit des artistes comme Emmanuëlle et Renée Claude. Il prend part à presque tous les événements d’envergure de l’époque, notamment la Superfrancofête, le festival de chanson québécoise Chant'août et le concours de chansons organisé dans le cadre des Jeux olympiques de 1976, qu’il préside. Il ouvre aussi la station de radio CIEL-MF à Longueuil.
  • 1980-1990: Il compose la trame musicale des films Pile ou face et Les Plouffe, puis au milieu des années 1980, il réoriente sa carrière pour occuper des postes en communication dans le secteur privé et public.
  • 2000: La première édition de Star Académie choisit, en 2003, sa chanson Et c’est pas fini comme pièce-titre. Cela relance sa carrière d’auteur-compositeur et il collabore avec Marie-Élaine Thibert pour l’écriture de son premier album, dont son succès Le ciel est à moi.
  • 2017: Stéphane Venne est intronisé au sein du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.
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