Drame d'Amqui: Steeve Gagnon saute encore les plombs
L’assaillant d’Amqui a menacé mercredi de «swinguer» un coup de batte de baseball au procureur, en plus de traiter les 14 jurés de «bons à rien»

Pierre-Paul Biron
Le contre-interrogatoire de Steeve Gagnon avait relativement bien débuté jeudi matin, mais le naturel a tôt fait de revenir au galop, l’accusé menaçant le procureur de la Couronne de lui «swinguer un coup de batte de baseball dans le front» en plus de hurler au jury de lui «câlicer 25 ans [de prison]».
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S’il avait fallu seulement quatre minutes avant que le témoignage de Steeve Gagnon doive être mis sur pause mercredi, les jurés ont pu l’entendre une quarantaine de minutes jeudi avant que l’accusé ne se désorganise.
Alors que Gagnon relatait ses souvenirs flous des événements du 13 mars 2023, il n’a pas apprécié l’insistance de Me Simon Blanchette qui tentait de comprendre pourquoi il n’avait pas freiné s’il venait de réaliser qu’il avait heurté des piétons.

«Hey! Tu reçois un coup de batte de baseball dans le front, tu perds des bouts un peu. M’a t’en swinguer un, tu vas voir. Si tu veux vivre l’expérience, ça va me faire plaisir de t’en swinguer un», a insisté Gagnon.
Des menaces semblables sont revenues à quelques reprises dans la première partie de son témoignage, revenant toujours à la charge avec l’analogie du coup de bâton de baseball pour expliquer comment il se sentait.
«Je vais rentrer à soir par effraction chez vous, m’a te crisser un coup de batte dans le front, pis tu vas voir que toi aussi tu vas avoir l’impression d’avoir fait un rêve», a-t-il réitéré quand le procureur lui a fait visionner un extrait de son interrogatoire policier qui s’est tenu le lendemain du drame.
«Tu le vois ben que je suis pas là», a martelé l’homme de 40 ans à propos de son état d’esprit à ce moment.
Doigt d’honneur
Steeve Gagnon s’est ensuite complètement emporté lorsque Me Blanchette a soulevé le fait qu’il avait visiblement des souvenirs des événements à la lumière de son témoignage qui a débuté mercredi.
Quand le juge Louis Dionne a suggéré à l’accusé de se calmer et de «laisser faire le batte de baseball», Gagnon a hurlé à partir du box des accusés vitré.
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«Toé, ta gueule!»
Il a ensuite fait un doigt d’honneur bien senti à l’attention du juge Dionne, qui a fait envoyer Gagnon aux cellules le temps de se calmer. «On va prendre une pause, je crois que vous avez besoin d’aller vous rafraichir les esprits», a tranché le magistrat.
Au retour du jury, Louis Dionne leur a refait une énième mise en garde en lien avec l’attitude de l’accusé.
«Le comportement de M. Gagnon pendant l’audience, faites-en abstraction s’il vous plait. Concentrez-vous sur la preuve présentée devant vous durant le procès», a rappelé le juge.

Il s’en prend au jury
Gagnon a toutefois tôt fait d’en rajouter une couche, s’en prenant cette fois-ci aux membres du jury. Complètement hors de lui, il a invité le juge à envoyer les 14 citoyens qui ont son sort entre leurs mains délibérer même si sa preuve en défense n'est pas terminée.
«Qu’ils me câlicent 25 ans, je m’en tabarnak. Je veux aller me faire opérer, là je suis écœuré! Envoye tes hosties de bons à rien délibérer, pis finissez vos audiences», a crié l’accusé avant de décider de quitter lui-même la salle en tapant dans la porte du box des accusés pour que les agents correctionnels le ramènent.
Rappelons que Steeve Gagnon s’expose à une peine de détention à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, lui qui fait face à trois chefs d’accusation de meurtre au premier degré. Il est aussi accusé de deux chefs de tentatives de meurtre multiples.
Jeudi, il a assuré que la vidéo où il détaille un plan pour «effoirer» des enfants dans des cours d’école d’Amqui n’avait aucun lien avec le drame survenu deux jours après l’enregistrement. Gagnon a dit alors «jouer un personnage», raconter une histoire fictive liée aux théories complotistes farfelues qu’il expose depuis deux jours.
Il a également affirmé que rien de tout ça ne serait arrivé s’il avait été opéré par les médecins comme il le réclamait. «Si j’avais été opéré, aujourd’hui je serais assis dans mon truck à charrier des copeaux.»
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