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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Steeve Gagnon dit avoir réalisé son geste après coup

L’assaillant d’Amqui affirme que c’est après avoir regardé dans la vitre arrière de sa camionnette qu’il a constaté qu’il «venait de tuer du monde»

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-06-11T21:24:05Z
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RIMOUSKI | Dans un témoignage décousu, ponctué tantôt d’insultes, tantôt de propos complotistes sur les motards, les syndicats et la drogue, Steeve Gagnon a affirmé ne pas avoir eu connaissance qu’il avait fauché une dizaine de personnes sur un trottoir d’Amqui en mars 2023.

L’accusé a fini par raconter sa journée du 13 mars au jury, mercredi, après un début de témoignage plutôt rocambolesque. 

• À lire aussi: Témoignage attendu de Steeve Gagnon: 4 petites minutes avant d’être renvoyé aux cellules

Hors de lui après la réception d’une lettre de refus pour des prestations de chômage, Gagnon a expliqué être embarqué dans son camion initialement afin de se rendre aux bureaux de Service Canada pour «défaire leurs ordinateurs».

Puis, après avoir roulé à quelques endroits en ville, l’accusé a emprunté le boulevard Saint-Benoît. Il a expliqué s’être penché pour récupérer quelque chose de tombé sous le siège passager et avoir ensuite «perdu les couleurs», «comme une vieille TV noir et blanc».

«Le plus jeune de la gang, c’est lui que j’ai fessé en premier», a-t-il dit en parlant de Simon-Guillaume Bourget, qui aurait plutôt été sa dernière victime, selon les témoins entendus depuis le début du procès.

Simon-Guillaume Bourget, Jean Lafrenière et Gérald Charest. Les trois hommes ont perdu la vie lors de l’attaque au camion-bélier d’Amqui, survenue le 13 mars 2023. L’auteur de l’attaque, Steeve Gagnon, a été accusé de trois chefs de meurtre prémédité, en plus de deux chefs de tentatives de meurtre multiples sur neuf autres personnes.
Simon-Guillaume Bourget, Jean Lafrenière et Gérald Charest. Les trois hommes ont perdu la vie lors de l’attaque au camion-bélier d’Amqui, survenue le 13 mars 2023. L’auteur de l’attaque, Steeve Gagnon, a été accusé de trois chefs de meurtre prémédité, en plus de deux chefs de tentatives de meurtre multiples sur neuf autres personnes. Photos tirées des avis de décès des victimes

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Expliquant s’être senti «très fatigué», Gagnon a dit s’être aperçu après coup, en regardant dans la vitre arrière de sa camionnette, qu’il venait «de tuer du monde».

«La lumière est revenue»

Steeve Gagnon a raconté avoir entendu des gens crier après lui quand il est repassé sur la scène, sans trop comprendre pourquoi, selon ses dires. Puis, à un moment, «la lumière est revenue» a-t-il expliqué.

«En montant la côte, je me disais : ‘’Voyons, je suis-tu en train de virer fou? Je vais-tu au poste de police ou à l’hôpital?’’» a-t-il dit aux 14 jurés, avant d’ajouter qu’il avait choisi de se diriger vers la Sûreté du Québec.

S’est-il livré en réalisant le carnage qu’il venait de causer?

«Vous voulez que je leur dise quoi? Je ne sais même pas ce qui s’est passé. Je suis entré, ils m’ont emmené et ils m’ont dit : "C’est un hit-and-run [délit de fuite]". Je leur ai répondu que ça devait être ça.»

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Propos décousus

Voilà pour le volet factuel du témoignage de Gagnon. Car le reste, lui, n’aura été qu’un long discours échevelé mêlant théories farfelues sur le trafic de drogue, les motards criminalisés et les syndicats et élans d’agressivité. 

L’avocat de l’accusé, Me Hugo Caissy, a déposé en preuve plusieurs vidéos enregistrées par son client dans les 48 heures précédant le drame où il tient des propos semblables. 

Me Hugo Caissy, avocat de Steeve Gagnon, au palais de justice de Rimouski, le 15 mai 2025.
Me Hugo Caissy, avocat de Steeve Gagnon, au palais de justice de Rimouski, le 15 mai 2025. Photo Pierre-Paul Biron

Steeve Gagnon a indiqué au jury qu’il avait une «passion» pour ces vidéos où il «démantèle des affaires corrompues», selon lui. «C’est de la délation que je fais, je stool [dénonce] les non-dits.»

Ces images ont été tournées par Gagnon dans la même journée que celle des trois vidéos présentées par la Couronne la semaine dernière et où il détaille un plan pour «effoirer» des enfants dans la cour de trois écoles d’Amqui. Quand son avocat l’a questionné sur les raisons de tels propos, l’homme de 40 ans est demeuré évasif, déblatérant sur plusieurs sujets.

• À lire aussi: Vidéos à glacer le sang: Steeve Gagnon disait vouloir «effoirer» des enfants avec sa camionnette à Amqui

Or, ces propos troublants pourraient soutenir la thèse du ministère public selon laquelle les gestes posés par le suspect le 13 mars étaient prémédités.

Le contre-interrogatoire de Steeve Gagnon par les procureurs de la Couronne aura lieu jeudi matin.

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