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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

SPVM: pleine pension et plein salaire pour le chef Dagher

Le nouveau chef pourrait toucher jusqu’à près de 400 000$ par année

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Marc Sandreschi

2023-07-10T04:00:00Z
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L’administration Plante a modifié en douce un règlement quelques jours après la sélection de son nouveau chef de police Fady Dagher, ce qui lui permet de toucher sa pension en plus de son plein salaire de près de 300 000$.

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Ce que plusieurs policiers appellent «la clause Fady» a suscité bien des réactions au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et de la Sûreté du Québec (SQ).

La clause modifiée qui fait couler de l’encre permet aujourd’hui à Fady Dagher, qui a été nommé en novembre dernier, de toucher jusqu’à près de 400 000$, si on inclut un boni de performance et sa pension estimée à plus de 90 000$.

  • Écoutez l'entrevue avec Marc Sandreschi, journaliste au Bureau d'enquête de Québecor via QUB radio :

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Car, sans apporter cette modification au règlement, le salaire du chef aurait dû être amputé de la moitié du montant de sa pension annuelle d’ancien assistant-directeur du SPVM, comme c’était le cas pour tout autre cadre retraité et réembauché par la Ville.

Photo d'archives, Joël Lemay
Photo d'archives, Joël Lemay

D’ailleurs, rappelons que Fady Dagher a travaillé pendant plus de 25 ans au SPVM avant d’aller diriger la police de Longueuil (SPAL) en 2017 et revenir au bercail.

Négociations avec Prud’homme

Cet avantage dont il est le seul à bénéficier au SPVM a permis à M. Dagher d’éviter une compression salariale pouvant atteindre près de 50 000$.

«Il a su négocier d’une façon très serrée et très habile», précise l’ancien inspecteur et ancien chef des communications à la police de Montréal, André Durocher.

Selon des sources policières qui se sont confiées à nous sous le couvert de l’anonymat, car elles ne sont pas autorisées à parler aux médias, cette modification aurait fait partie des négociations qu’il a eues avec Martin Prud’homme, son patron immédiat, avant son embauche.

Photo d'archives Agence QMI, Dominick Gravel
Photo d'archives Agence QMI, Dominick Gravel

D’ailleurs, tant Martin Prud’homme que la mairesse Valérie Plante tenaient mordicus à le ramener au SPVM, même si Dagher avait un contrat de huit ans en poche avec le SPAL de près 300 000$, incluant prime et avantages.

Modification temporaire

En modifiant son règlement interne, la Ville aura choisi de le payer grassement, plutôt que de nommer un candidat toujours à l’emploi à l’emploi du SPVM; notamment la directrice par intérim Sophie Roy et l’assistant-directeur Vincent Richer.

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En réponse à nos questions, la chargée aux communications à la Ville de Montréal Audrey Gauthier explique que la pénurie de main-d’œuvre a forcé l’administration à modifier les conditions de travail des cadres.

Cependant, elle précise que comme le changement «est temporaire, cette clause pourrait être remise en place [...]».

L’embauche du chef en quelques étapes

  • 12 octobre au 4 novembre 2022: affichage du poste à la direction du SPVM
  • 23 novembre 2022: entrevues de sélection des quatre derniers candidats; Dagher est choisi par le comité de sélection
  • 24 novembre 2022: annonce officielle du choix de Dagher pour diriger le SPVM
  • 25 novembre 2022: Le conseil exécutif de la Ville de Montréal entérine la sélection de Fady Dagher
  • 30 novembre 2022: Montréal modifie une clause du règlement sur le traitement salarial des cadres

Manque de transparence

Les autorités municipales auraient eu avantage à se montrer plus transparentes, selon un expert en administration publique et ancien ministre.

«La Ville doit être plus transparente, ne serait-ce que pour que son chef de police ne soit pas pris dans une controverse. Il faut qu’il puisse travailler tranquille», nous a confié Rémy Trudel, professeur à l’École de nationale d’administration publique et ancien ministre. 

Au-delà de la transparence, la direction de la Ville a pris une décision qui a entraîné d’autres répercussions. 

Car, afin de permettre à M. Dagher d’obtenir de meilleures conditions salariales que celles qu’il avait à Longueuil à titre de chef de la police, Montréal a dû revoir les conditions salariales de cadres civils. 

Elle a ainsi dû réajuster les salaires de ceux qui étaient sortis de leurs retraites pour revenir au travail, mais avec la perte de traitement de 50%, ce que nous a confirmé la Ville sans en préciser le nombre ni le montant des réajustements.

«Cette décision coûtera cher à la Ville», indique Danielle Piquette, professeure à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste en gestion municipale, tout en rajoutant que l’Administration a pris les grands moyens pour attirer le candidat qu’elle voulait pour diriger la police de Montréal. 

Pourtant, la Ville avait des candidats à l’interne vers qui elle aurait pu se tourner. 

La directrice par intérim Sophie Roy et l’un des adjoints au directeur Vincent Richer étaient tous deux en lice pour la direction du SPVM.

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