Sous la pression de Trump, le Mexique annonce l'extradition de 29 narcotrafiquants

AFP
Le Mexique a annoncé jeudi l'extradition sans précédent de 29 narcotrafiquants vers les États-Unis, ont annoncé le parquet et le gouvernement dans un communiqué conjoint, sous la pression des menaces douanières du président Donald Trump.
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Les autorités mexicaines ont communiqué sur cette extradition groupée exceptionnelle en début d'après-midi alors qu'une bonne partie du gouvernement se trouve à Washington pour éviter que l'administration Trump ne taxe à 25% ses exportations à partir du mardi 4 mars.
Le président républicain a confirmé jeudi qu'il taxerait les exportations mexicaines et canadiennes à partir du 4 mars parce que «les drogues continuent de se déverser dans notre pays depuis le Mexique et le Canada», a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
Le Mexique est le premier partenaire commercial des États-Unis, destination de plus de 80% de ses exportations.

L'extradition «s'inscrit dans le cadre des travaux de coordination, de coopération et de réciprocité bilatérale, et dans le respect de la souveraineté des deux nations», a assuré le communiqué conjoint du parquet et du secrétariat (ministère) de la Sécurité mexicains.
«C'est historique», a réagi à chaud Mike Vigil, ex-chef des opérations internationales de l'agence antidrogue américaine DEA, joint par l'AFP.
M. Vigil a rappelé que les autorités mexicaines n'avaient jamais extradé autant de criminels présumés à la fois vers les États-Unis.
Les autorités mexicaines «espèrent sûrement» que ces extraditions aient «un impact positif dans la négociation sur les tarifs douaniers avec Trump», a-t-il ajouté.
Début février, Donald Trump avait reporté d'un mois sa menace tarifaire après une discussion avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, qui avait annoncé le déploiement de 10 000 forces de sécurité à la frontière.
Parmi les 29 personnes extradées figurerait Rafael Caro Quintero, le roi de la marijuana dans les années 80, arrêté le 15 juillet 2022 après avoir été relâché en 2013 pour vice de procédure, d'après les médias mexicains.
Caro Quintero a fait partie des dix fugitifs les plus recherchés par le FBI pour sa responsabilité présumée dans l'assassinat de l'agent antidrogue américain Enrique «Kiki» Camarena au Mexique en 1985.
«C'est notre priorité. Pour nous c'est une affaire personnelle», avait déclaré à l'AFP en 2019 le patron de la lutte antidrogue de New York Ray Donovan.

La DEA «est en train de fêter» l'extradition de Rafael Caro Quintero, car l'assassinat de «Kiki» Camarena représente le souvenir «le plus douloureux» dans l'histoire de l'agence fédérale, a commenté à l'AFP Mike Vigil.
D'origine mexicaine, «Kiki» Camarena avait été enlevé à l'extérieur du consulat des États-Unis à Guadalajara, torturé et tué, comme le raconte la série «Narcos Mexico».
Les frères Omar et Miguel Ángel Treviño Morales, chefs du sanguinaire cartel de los Zetas dont le fief se trouve près de la frontière avec les États-Unis, seraient aussi parmi les criminels présumés extradés, selon les mêmes sources.
«Ils ont montré l'exemple des décapitations, des corps découpés en morceaux, et d'autres cartels les ont suivis», commente l'ex-agent de la DEA.
L'administration Trump a placé la semaine dernière huit organisations criminelles, dont six cartels mexicains, sur une liste noire d'organisations «terroristes» qui menacent leur sécurité et leurs intérêts.
Le Mexique n'acceptera aucune «invasion» américaine de son territoire sous prétexte de lutte contre le trafic de drogue, a répondu la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.
«Ils peuvent les appeler comme ils veulent (NDLR: les cartels), mais avec le Mexique, on parle de coordination et non de subordination, d'ingérence, et encore moins d'invasion», avait-elle insisté.
Le Mexique a par ailleurs demandé aux États-Unis l'extradition d'un autre célèbre capo, Ismael «Mayo» Zambada, co-fondateur du cartel de Sinaloa avec Joaquin «El Chapo» Guzman.
Zambada a été arrêté le 25 juillet au Texas à sa descente d'un vol privé en provenance du Mexique. Il accuse l'un des fils du «Chapo» d'avoir organisé son arrestation.