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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Soudan: vaste attaque de drones dans l'est, coupure de courant dans plusieurs villes

AFP
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2025-12-18T11:08:09Z
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Trente-cinq frappes de drones menées par les paramilitaires ont visé jeudi à l'aube l'est du Soudan, dont la ville d'Atbara où se trouve une importante centrale électrique, a déclaré une source militaire à l'AFP, entraînant une coupure de courant massive dans les principales villes du pays. 

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«À l'aube, la milice a lancé 35 drones contre les villes d'Atbara, Ad-Damer et Berber, dans l'État du Nil, visant des installations civiles», a déclaré cette source sous couvert d'anonymat.

Les frappes, qui ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'État du Nil dans l'est du pays «ont également fait deux morts», a indiqué de son côté un responsable de la centrale, attribuant lui aussi cette attaque aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre depuis avril 2023 contre l'armée régulière.

Les victimes sont deux secouristes tués par une deuxième frappe de drone alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, selon cette source.

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé leur mort dans un communiqué, accusant «des milices qui n'ont aucun respect pour la vie humaine».

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Vastes coupures de courant

L'attaque «a conduit à l’interruption de l’approvisionnement en électricité dans plusieurs États», a précisé la compagnie d'électricité nationale.

«Depuis deux heures du matin, nous n’avons plus d’électricité», a rapporté à l'AFP Abdel Rahim Al-Amin, fonctionnaire à Port-Soudan. «Nous espérons qu’elle reviendra rapidement.»

La station d'Al-Muqrin est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 2h (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus d'Atbara.

«Depuis deux heures du matin, l’électricité est coupée et nous craignons que les dégâts soient importants et qu’il faille du temps pour réparer», a déclaré Ahmed Al-Bashir, un habitant de la ville.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée, selon des témoins.

La capitale Khartoum a également été touchée avant que le courant soit raccordé en partie à un nouveau réseau.

Ces derniers mois, les FSR ont visé plusieurs fois des infrastructures militaires et civiles provoquant des coupures de courant et affectant des millions de personnes.

Plus de 1000 civils tués

Alors qu'aucune trêve n'apparaît en perspective dans ce conflit dévastateur, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée et dirigeant de facto du pays, est attendu jeudi au Caire «afin d’examiner les moyens de régler la crise soudanaise», a indiqué un communiqué de la présidence égyptienne.

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Jusqu'à présent, les négociations de paix menées par les États-Unis avec le groupe de médiateurs dit du «Quad» -réunissant Égypte, Arabie Saoudite et Émirats- peinent à aboutir. Le général al-Burhane a accueilli négativement le plan proposé par le Quad, qui prévoit à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.

Depuis la reprise de Khartoum par l’armée en mars, les FSR avaient concentré leurs opérations au Darfour, prenant fin octobre la dernière capitale régionale El-Facher, et consolidant leur domination sur l’ensemble de cette vaste région de l’ouest.

Leurs avancées ont été marquées par des exactions et des atrocités, selon des ONG et des témoignages de rescapés.

En avril, plus de 1000 civils ont été tués dans le camp de déplacés voisin de Zamzam dans le Darfour-Nord, lors d’une attaque des paramilitaires, a indiqué jeudi le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

Les violences des paramilitaires se concentrent désormais dans la vaste région du Kordofan dans le sud, où ils assiègent depuis 18 mois la capitale du Kordofan-Sud Kadougli ainsi que la ville voisine de Dilling.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué «la pire crise humanitaire au monde», selon l'ONU.

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