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Culture

Sophie Grégoire s’ouvre sur sa jeunesse et son désordre alimentaire

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Jean-Marie Lapointe

2025-01-25T11:00:00Z
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Dans son livre de croissance personnelle Entre nous: Mieux se connaître, mieux s’aimer, Sophie Grégoire nous invite à plonger en soi pour mieux se comprendre, mais aussi pour se reconnecter à soi et aux autres. Avec authenticité, elle se livre sur des moments marquants de sa vie: le décès de son père l’année dernière, les épreuves qu’elle a traversées, sa vie de mère. Celle qui a accepté la présidence d’honneur du Congrès de la santé intégrative 2025 partage aussi sa vision de la santé globale, pierre angulaire d’un monde meilleur.

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Sophie, on te sait préoccupée par la santé globale. Comment définirais-tu la santé?

C’est avoir conscience de la façon dont on fonctionne à l’intérieur de soi pour pouvoir affecter son environnement. C’est se connaître sur les plans tant de notre santé émotionnelle que physique, ou encore être en contact avec notre corps et nos émotions. On estime qu’environ 15 % de la population est capable de comprendre ses émotions. Après la maternelle, on n’enseigne plus cela à nos enfants. Je crois que c’est encore plus important que toutes les autres matières. Plusieurs grands spécialistes s’accordent pour dire que les maladies sont, pour notre corps, une manière de se protéger. Notre personnalité n’est qu’un mécanisme d’adaptation et de protection.

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Pour être en santé, ça prend un mode de vie, mais aussi un peu de pleine conscience...

Les deux états naturels de l’être humain sont la contraction et l’expansion. Cela fait référence à notre système nerveux, composé du sympathique (système de lutte, de combat ou être «en gel») et du parasympathique (le système de repos et de digestion). Quand on est dans notre système sympathique, donc trop souvent en alerte, c’est très difficile de ressentir de la compassion et de l’empathie. C’est le problème sociétal auquel on fait face. Si on enseignait cela aux enfants, comment reconnaître leur propre état et savoir naviguer d’un état alerte à un état calme, on aurait des adolescents, des adultes et des parents mieux régulés. On vivrait dans une société plus résiliente à plusieurs égards.

D’où te vient ce grand intérêt pour l’humain?

Quand j’ai lancé mon livre, le Dr Gabor Maté, qui est un être humain extraordinaire, m’a dit: «Ce n’est pas vraiment un livre: c’est ton cri d’amour au monde.» En un instant, je me suis sentie comprise dans toute mon essence.

Pourquoi es-tu encore émue quand tu penses à ce moment-là?

Parce que j’aime les humains. Je suis curieuse et fascinée par notre condition. Le fait de lire sur l’humain te permet-il encore plus d’accueillir ton hypersensibilité et d’en être moins victime? J’enseigne le yoga et la méditation, mais dans la vie, je suis une étudiante. Je suis capable d’occuper le siège du professeur et de soutenir les autres, mais je continue de m’instruire. Je suis là pour apprendre, encore et encore, mais si je ne fais rien de ces apprentissages, ils perdent leur valeur de partage. Par exemple, j’ai souffert de désordres alimentaires. Je sais ce que c’est que de se sentir seule au monde, et je ne veux pas que d’autres se sentent ainsi. Et si c’est le cas, j’aimerais qu’ils sachent qu’il existe un moyen de s’en sortir.

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Finalement, tes épreuves t’ouvrent encore plus sur le monde...

La douleur et la souffrance sont normales. Elles font partie de la vie. La différence entre la souffrance et le traumatisme, c’est la constriction. C’est l’endroit où l’on se referme à l’intérieur de soi. On a tous des mécanismes de protection, et chaque personne a un endroit en elle où elle se réfugie en cas de besoin. Mon refuge à moi, c’est le doute. Et je deviens anxieuse parce que je doute.

Mais le mécanisme de protection peut casser, n’est-ce pas?

À force d’être là pour te protéger, sans qu’on en soit même conscient, il devient comme un trait de personnalité. Plus on vit constamment en mode protection, plus on est fragile et souvent menacé par la différence de l’autre. Ça devient plus difficile de s’adapter au changement et de cesser de blâmer l’autre pour son malheur. J’ai fait tout ça, et toi aussi, j’en suis certaine. Mais je ne veux pas continuer d’être prise dans la rigidité de mes propres engrenages. La douceur, la tendresse, l’expansion, le laisser aller, ce sont toutes des formes de libération.

Comment tes enfants perçoivent-ils cette transmission?

Ils roulent parfois des yeux et me disent que je suis toujours en train de vouloir leur apporter de la sagesse. Dans leurs actions, je constate que je leur ai laissé quelque chose. Mon seul souhait, c’est qu’ils ressentent ma cohérence et mon intégrité. Comme dans toutes les familles, nous avons eu des moments difficiles, mais nous sommes unis par un amour profond.

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Comment avez-vous géré les moments difficiles?

En en parlant ensemble. En ne nous mettant pas la tête dans le sable. En abordant des sujets qui créent de l’inconfort... Mais il est là, le cadeau. Je pense que la plus grande leçon que j’ai apprise, c’est que même si certaines parties nous appartiennent, nous ne sommes pas obligés de faire le travail seul. Il faut être capable d’aller à l’intérieur de soi-même pour pouvoir changer son comportement et s’adapter au monde. On vit tellement séparés les uns des autres, rivés sur nos écrans; on ne se donne pas la chance de vivre pleinement notre solitude. Je vais souvent faire un tour sur mon tapis de yoga ou marcher dans la nature, et je pleure. Les larmes émotionnelles sont là pour créer un effet de relaxation. Pleurer nous permet d’ouvrir les espaces intérieurs qui semblent verrouillés.

À presque 50 ans, quand tu repenses à la petite fille que tu as été, qu’est-ce qui monte en toi?

Je m’en faisais beaucoup. Beaucoup trop. J’avais tout en moi pour avancer. Et bien sûr, j’aurais dû demander de l’aide avant.

Est-ce que c’était difficile pour toi de le faire?

Oui, parce qu’en plus, le désordre alimentaire était tabou... Comme n’importe quel type de compulsion, c’est un manque de nourriture émotionnelle. Que ça soit l’héroïne, la télévision, le sexe, le jeu, la drogue ou la nourriture, c’est une manière d’adoucir et de cacher sa douleur. Si on apprenait ça à l’école, je pense qu’on éviterait beaucoup de souffrance. Il ne faut pas avoir peur de goûter à la souffrance. Elle n’est pas dangereuse, elle est nécessaire. Mais parallèlement, on peut aller chercher de l’aide. Il ne faut pas la garder à l’intérieur.

Pour lire l'entrevue complète, procurez-vous le magazine La Semaine, en kiosque dès maintenant.

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Le Congrès de la santé intégrative 2025 se tiendra du 31 janvier au 1er février. On s’informe au www.congressanteintegrative.com/Congrsdelasantintgrative1. Sophie travaille sur un documentaire inspiré de son livre, de même que sur le lancement d’un balado.

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