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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

[SONDAGE] Manger moins bien à cause de l’inflation: les Québécois ont peur pour leur santé en raison des prix à l’épicerie

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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2023-10-04T04:05:00Z
2023-10-04T23:06:31Z
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À l’heure du beurre à 8,99 $ la livre, beaucoup de Québécois font des compromis sur la qualité de ce qu’ils achètent à l’épicerie. Une majorité s’inquiète même que tous ces changements dans leur panier nuisent à leur santé.  

• À lire aussi : « C’est vraiment un désastre ! » : des demandes d'aide alimentaire refusées pour la première fois en 37 ans

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« L’inflation fait en sorte que les gens se sentent forcés de faire des compromis. C’est malheureux, mais la santé y passe aussi », croit Sylvain Charlebois. 

Le directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l'Université Dalhousie vient de mener une étude auprès de 5000 Canadiens, dont 1237 Québécois, à ce sujet.

Deux chiffres sautent aux yeux : 46 % des consommateurs regardent le prix des aliments avant la fiche nutritionnelle et 63 % craignent que ce compromis sur la nutrition nuise à leur santé à long terme.

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Au Québec, ils sont 50 % à privilégier le coût par rapport à la qualité et 58 % à craindre que ces choix puissent avoir des impacts néfastes sur leur santé. 

  • Écoutez l'entrevue avec Marie-Pier Gravel, directrice adjointe de La Bouchée généreuse à l’émission de Sophie Durocher via QUB radio :

Inquiétude dans le tapis

« L’inquiétude est palpable, ça, c’est sûr », dit le chercheur. 

Arianne Moisan, 28 ans, pousse un grand soupir et hoche de la tête quand on lui demande si la qualité de ce qu’elle met dans son panier a baissé depuis deux ans. 

« C’est clair, on n’a pas le choix. C’est sûr que ça m’inquiète », répond l’agente de bord. 

Arianne Moisan s'inquiète de voir la qualité de ce qu'elle met dans son panier diminuer. L'agente de bord de 28 ans achète autant de fruits et de légumes qu'avant, mais pour le reste, elle coupe.
Arianne Moisan s'inquiète de voir la qualité de ce qu'elle met dans son panier diminuer. L'agente de bord de 28 ans achète autant de fruits et de légumes qu'avant, mais pour le reste, elle coupe. photo julien mcevoy

Mère d’une gamine de 20 mois, elle ne lésine pas sur les fruits et légumes, qu’elle achète en aussi grand nombre qu’avant. 

« Mais pour le reste, on coupe. On mange moins de viande et presque juste du poulet et de la viande hachée. C’est sûr que ça affecte les menus », dit-elle. 

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Les gens de sa génération sont les plus touchés par l’inflation alimentaire, si on se fie aux résultats du sondage. 

Au Québec, les millénariaux – nés entre 1981 et 1996 – sont inquiets à 68 % des impacts sur leur santé que peuvent avoir tous ces compromis sur la bouffe.

Les plus jeunes qu’eux, les membres de la génération Z, ne le sont qu’à 38 %, contre 55 % pour leurs aînés, les baby-boomers.

Une question de temps

Les Québécois de tous les âges sont aussi 52 % à aller plus souvent dans les enseignes à rabais comme Maxi et Super C depuis 12 mois. Ils sont même 38 % plus susceptibles de se rendre dans un magasin à 1 $ pour acheter de la nourriture. 

  • Écoutez la rencontre Huot-Durocher avec Isabelle Huot, docteure en nutrition via QUB radio :

« Les gens se sentent extrêmement vulnérables, et ça paraît. Ils font ce qu’ils peuvent avec l’argent qu’ils ont », observe Sylvain Charlebois. 

Outre les risques pour la santé, la hausse du prix des aliments nuit à la qualité de vie des Québécois. 

« Ça demande plus de temps de tout faire nous-même, il faut plus réfléchir. Ça coupe sur d’autres temps de qualité qu’on pourrait avoir à l’extérieur de la cuisine », illustre Arianne Moisan. 

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À 86 ans, Agathe Laflamme ne fait son épicerie qu'une fois aux deux semaines. Le plus gros changement que l'a mené à faire la hausse des prix des aliments? Acheter moins, beaucoup moins.
À 86 ans, Agathe Laflamme ne fait son épicerie qu'une fois aux deux semaines. Le plus gros changement que l'a mené à faire la hausse des prix des aliments? Acheter moins, beaucoup moins. photo julien mcevoy

De 58 ans son aînée, Agathe Laflamme fait partie de la grande génération, née entre 1900 et 1940. Le gros changement pour elle : acheter beaucoup moins de nourriture. 

« Je gaspillerais trop sinon. Avant, ça me dérangeait moins, mais maintenant, je fais très attention », raconte la dame de 86 ans.

Mme Laflamme fait partie de l’écrasante majorité : 79 % des gens sondés par l’équipe de Sylvain Charlebois affirment avoir considérablement réduit le gaspillage alimentaire au cours de la dernière année, démontrant une volonté à consommer les restes ou à réutiliser les ingrédients.

« Cette tendance peut aider à expliquer la baisse observée du volume des aliments vendus par les détaillants ces derniers mois », écrit le chercheur dans son rapport. 

Dans le rayon des viandes, la tendance s’observe aisément : 50 % des gens en achètent moins depuis 12 mois. 

« C’est la première affaire qu’on a coupée », lâche Arianne Moisan. 

LES FAITS SAILLANTS DU SONDAGE

50% des Québécois disent privilégier davantage qu’il y a un an le coût par rapport à la valeur nutritionnelle lorsqu’ils achètent des produits d’épicerie  

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58% des Québécois disent craindre que les compromis sur la nutrition en raison des prix élevés des aliments puissent avoir des effets néfastes sur leur santé à long terme 

Pour certains groupes d’âge, cette proportion est beaucoup plus élevée 

  • Génération Z (1997-2005) 37,7 %
  • Milléniaux (1981-1996) 67,7 %
  • Génération X (1965-1980) 60,6 %
  • Baby-boomers (1946-1964) 55 %
  • Plus de 78 ans (nés avant 1946) 41 %

Ils sont 77 %, tous âges confondus, à souhaiter que le gouvernement agisse pour rendre la nourriture saine plus abordable

Méthodologie de l’enquête

Caddle est l’un des panels actifs les plus crédibles sur le marché canadien. Une enquête représentative a été menée auprès des consommateurs en septembre 2023, en partenariat avec Caddle. 5521 consommateurs ont participé à cette enquête. Marge d’erreur : +/- 2,1 %, 19 fois sur 20. Tous les écarts dans les totaux sont dus à l’arrondissement.

Divulgation : Le financement de l’enquête a été fourni par Caddle et l’Université Dalhousie.

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