Coût de la vie: combien ça coûte vivre à l’extérieur des grandes villes?

Julien McEvoy
Habiter hors des grands centres que sont Montréal, Québec, Trois-Rivières, Saguenay, Sept-Îles, Gatineau et Sherbrooke peut vite coûter cher. Plus on s’éloigne, plus le coût de la vie augmente, indique une nouvelle étude.
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« On a souvent une image de carte postale de la Gaspésie, on ne voit pas nécessairement les difficultés économiques qui existent dans la région », illustre Guillaume Tremblay-Boily, chercheur associé à l’Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) et auteur de l’étude.
Si une famille de deux adultes et deux enfants peut vivre avec un revenu viable de 71 161 $ par année à Montréal, ce sera par exemple 76 918 $ à Sept-Îles. À Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, la barre est établie à 78 621 $.
Le revenu viable est une mesure inventée par l’IRIS. Il permet d’évaluer le revenu nécessaire pour atteindre un niveau de vie digne et sans pauvreté, au-delà de la seule couverture des besoins de base.
La grosse différence entre le coût de la vie en ville et en région, c’est la nécessité de la voiture. Si on vit seul, on en a une. Si on a une famille, on en a deux.
« C’est vrai dans presque tous les cas. Ça démontre toute l’importance du transport en commun », avance M. Tremblay-Boily.
La seule exception est Fermont, dans la Côte-Nord, où il est possible d’effectuer ses achats et de se rendre au travail à pied en raison de la présence du mur-écran conçu pour protéger la ville du vent du nord.
Pour une famille de quatre, le revenu viable y est de 73 557 $, contre 82 270 $ à Havre-Saint-Pierre, qui se trouve à 230 km de Sept-Îles.

Source : calculs de l’IRIS
« Ça coûte du gaz »
« C’est sûr que le transport en commun, on peut pas dire qu’il n’y en a pas, mais c’est pas développé », constate Jonathan Lafontaine.
Ce père de quatre enfants habite avec son amoureuse à Cap-d'Espoir, au sud du village de Percé, en Gaspésie. Lui gère une quincaillerie, elle enseigne.
Ils possèdent deux voitures, dont une minifourgonnette, grosse tribu oblige. « On est revenu ici pour être tranquille, mais c’est sûr qu’on fait beaucoup de route », raconte celui qui habite la région depuis 12 ans.
Il y a bien un petit marché à distance de marche de chez lui, mais pour faire « la grosse épicerie », il faut compter 30 minutes de route pour s’y rendre. Même chose pour la piscine, le soccer ou le ski.
« Ça coûte du gaz, pis le gaz coûte plus cher qu’à Montréal. Tout ça s’additionne, donc oui, il y a des trucs qui coûtent plus cher », dit-il.
Au boulot, il achète beaucoup de matériaux de construction. Là aussi, des frais de transport s’ajoutent et doivent être refilés aux clients. « On est à 1000 km de Montréal. Ça ferait longtemps qu’on serait fermé si on absorbait tous ces coûts-là », lance Jonathan en riant.
Mais il y a aussi le fait qu’il n’aurait jamais pu se payer sa maison centenaire aux nombreuses boiseries s’il était resté à Québec.
« Il y a plus de positif que de négatif, je suis bien ici », résume-t-il.
Revenus faibles
Les aliments ne sont pas juste plus loin qu’en ville, ils sont aussi plus chers. L’IRIS calcule que pour une famille de quatre personnes, leur coût annuel varie de 13 570 $ à Saint-Jean-sur-Richelieu à 28 690 $ à Schefferville.
Ce qui fait que beaucoup de personnes n’y arrivent tout simplement pas. À New Carlisle, par exemple, le revenu viable d’une personne seule est de 37 126 $, alors que le revenu médian après impôt est de 26 400 $.
« En région, à cause de la baisse de la population, de la dévitalisation, il y a beaucoup de personnes âgées qui ne vivent qu’avec leur revenu de retraite », explique Guillaume Tremblay-Boily.
Son étude, dit-il, permet d’avoir une idée plus précise des facteurs qui ont un impact sur la pauvreté.
Outre la Gaspésie, il a aussi analysé la Côte-Nord et la Montérégie. « C’est sûr que la Montérégie, c’est près de Montréal. Mais même là, une ville à une heure de Montréal peut vivre la même réalité ou presque qu’un village de Gaspésie », constate le chercheur.
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