Sondage Léger: les Québécois découragés par le système de justice
Agence QMI
Peines clémentes, absolutions pour protéger des carrières, mouvement #MoiAussi, grèves; le système de justice en a pris pour son rhume dans les derniers mois au Québec, laissant un goût amer aux Québécois qui ont perdu confiance en leurs tribunaux.
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Selon le plus récent sondage Léger–Le Journal–TVA–QUB dévoilé au cours de la semaine, à peine 47% des Québécois ont toujours confiance en leur système de justice, alors que 40% des habitants de la Belle Province ont perdu cette confiance.
«C’est le plus faible taux que j’ai eu depuis longtemps», s’est exclamé le sondeur Jean-Marc Léger, qui a été surpris des résultats.
«On a 40% de gens qui sont négatifs à l’égard du système de justice. C’est vrai qu’aujourd’hui, les gens sont négatifs face à la politique, face à tout, mais le système de justice, à 40%, c’est quand même extrêmement élevé», a-t-il poursuivi.
Il faut dire qu’il s’agit d’une chute notable. En 2019, un sondage publié au Québec démontrait que 61% des Québécois appuyaient toujours le système de justice.
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Pour le chercheur Pierre Noreau du Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal, la perte de confiance observée par le sondage Léger est une réaction directe à l’affaire Simon Houle, cet ingénieur condamné pour agression sexuelle qui a reçu une absolution en début juillet.
Cette histoire n’est pas unique. Jeudi, Le Journal de Montréal a rapporté le cas d’un autre homme, Joshua Schoo, qui a obtenu une absolution conditionnelle bien qu’il ait été trouvé coupable d’avoir battu et étranglé sa conjointe. Le juge Serge Laurin a défendu sa décision en faisant valoir que les gestes reprochés étaient «un événement isolé au cours d’un mariage de 17 ans».
Sur ce plan, 62% des personnes interrogées ont soutenu que les peines ne sont pas assez sévères au Québec contre à peine 18% qui les trouvent justes et 2% qui les trouvent trop sévères.
Il s’agit donc d’un recul «conjoncturel», mais pas d’une tendance à long terme, estime Pierre Noreau. «Est-ce que c’est une désaffection qui est susceptible de se maintenir dans le temps? C’est peu probable», a-t-il fait valoir.
«Si jamais on avait – dans trois mois, six mois – des mesures qui montrent que cette confiance-là diminue, là on serait peut-être face à un mouvement qui serait plus structurel», a affirmé M. Noreau en soulignant que la confiance du public envers le système de justice se maintient au-dessus de 60% depuis le milieu des années 2000.
Les extrêmes se rejoignent
Fait à noter, les électeurs qui sont plus près du centre, que ce soit avec les caquistes, les libéraux ou les péquistes, sont plus enclins à accorder leur confiance aux tribunaux que les solidaires et les conservateurs.
«Les deux extrêmes, que ce soit du côté de la gauche ou de la droite, c’est là qu’on est le plus critique», a noté Jean-Marc Léger.
Les aînés de 55 ans ou plus montrent aussi davantage de confiance (57%) envers le système de justice que leurs cadets (entre 40 et 41%).
– Avec la collaboration de Patrick Bellerose, Bureau parlementaire