«Son tir va vous surprendre»: un potentiel qui titille chez Tyler Thorpe

Nicolas Cloutier
En réclamant Tyler Thorpe au cinquième tour du repêchage de 2024, les Canadiens de Montréal savaient qu’ils investissaient dans un projet. Mais ils étaient très intrigués par cet espoir format géant qui n’avait pas encore appris à utiliser ses atouts.
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C’est dans cet esprit qu'ils lui ont lancé un défi après s’être approprié ses droits: affirme-toi davantage sur la patinoire du haut de tes 6 pi et 4 po.
«On l’a talonné beaucoup là-dessus, nous aussi, confie au bout du fil Manny Viveiros, entraîneur-chef des Giants de Vancouver dans la WHL, quelques heures à peine après que Thorpe eut signé son contrat d’entrée avec le CH mardi. On lui a demandé d’avoir un impact plus important sur le plan physique. Et il a certainement répondu à l’appel.»
C’est contre nature pour Thorpe, un attaquant que son entraîneur qualifie d’intelligent et intuitif sur la glace, mais le principal intéressé est bien conscient qu'il s'agit d'un mal nécessaire.
«À ma première année avec lui, il ne s’était jamais battu, et je ne demanderai jamais à mes gars de le faire. Mais il l’a fait cette saison, a noté Viveiros. Il en a décousu avec des poids lourds de la WHL et il s’en est très bien sorti. Au-delà d’être simplement méchant, on voulait qu’il soit plus incisif le long des rampes et devant le filet.»
Il y a un autre signe de progrès que ses statistiques sur hockeydb ne traduisent pas forcément.
«Son coup de patin s’est vraiment amélioré cette année, souligne son entraîneur. Quand Tyler décide de bouger ses pieds, c’est là qu’il se met en marche. Il a la vitesse pour se détacher en échappée et cela se transpose bien au prochain niveau.
«La seule chose avec Tyler, et je lui répète souvent, c’est que je ne veux pas qu’il se détende sur la patinoire [en anglais, "don’t relax on the ice"]. Parce que quand tu es un plus gros joueur, ça donne l’impression que tu ne travailles pas.»
Dans la soupe
Thorpe n’est peut-être qu’un choix de cinquième tour, mais ne vous méprenez pas. C’est un espoir que le CH voit dans sa soupe.
«Rob Ramage a passé beaucoup de temps avec lui cette année et lui a été d’une grande aide, confirme Viveiros. En fait, chaque fois que Rob était en ville, il connaissait son meilleur match. C’était tellement flagrant qu’on lui soufflait que Ramage était dans les gradins même quand il était absent.»
Plusieurs autres équipes de la LNH, d’ailleurs, espéraient pouvoir mettre le grappin sur Thorpe en catimini plus tard dans le repêchage, mais leurs plans sont tombés à l’eau quand le Tricolore a sauté sur le moment propice pour le sélectionner.
«Montréal était pas mal intrigué», corrobore l’entraîneur-chef des Giants.
Ce dernier se plaisait déjà l’an dernier, lors d’une discussion avec l’auteur de ces lignes, à proposer Josh Anderson comme inspiration et modèle à son poulain.
«À mon avis, il doit calquer un peu son jeu sur lui, mentionne Viveiros. C’est le joueur que je vois en Thorpe dans le meilleur des scénarios.»
Un tir pesant
Ce qui va immédiatement sauter aux yeux des partisans du Rocket du Laval, c’est la qualité du tir de Tyler Thorpe. Il est très lourd et appartient déjà aux ligues majeures.
«Je pense que vous allez être agréablement surpris, prédit Manny Viveiros, par la vélocité de son lancer. C’est lourd. Et il va apprendre un jour à le décocher plus rapidement.»
Les partisans des Canadiens en avaient d’ailleurs eu un premier avant-goût au camp des recrues l’an dernier.
Un projet
N’empêche, dans le cas de Thorpe, on est encore très loin du produit fini, insiste régulièrement son entraîneur au cours de notre discussion.
«Les Canadiens devront être patients avec lui, prévient-il. Ça va lui prendre du temps à se développer. Ces grands garçons ont besoin d’apprivoiser leur corps et leurs membres plus longs. J’ai dirigé dans la Ligue américaine et j’ai vu la différence avec le junior majeur. La marche est très haute. Et elle l’est encore plus jusqu’à la Ligue nationale.»
En fait, l’entraîneur-chef des Giants de Vancouver ne s’en cache pas: il aimerait revoir Thorpe l’an prochain dans la WHL. Thorpe rejoint seulement le Rocket en fin de saison sur la base d’un essai amateur professionnel et il demeure admissible à évoluer dans le junior canadien en 2025-2026.
«C’est juste mon opinion, mais je ne pense pas que ça lui ferait mal de revenir dans le junior, de jouer dans toutes les situations et de peaufiner son jeu. Il jouerait sur mon premier trio et il n’aurait pas ce genre de minutes dans la Ligue américaine. Et ce n’est pas juste moi qui parle en étant biaisé. Ce jeune homme a besoin de temps pour se développer.»
Ce précieux développement pourrait faire de Thorpe un attaquant avec plus d’envergure qu’un joueur de quatrième trio.
«Avec son tir et ses habiletés autour du filet, il a une chance, croit son entraîneur. Je crois certainement que pour lui, le plafond est plus élevé [que le quatrième trio].»
Il faudra seulement lui laisser le temps de réaliser ce potentiel.