Soccer: de «nobody» à la première joueuse québécoise des Roses de Montréal

Mylène Richard
Enfant, Gabrielle Lambert n’a jamais joué avec une formation AAA ni fait les sélections régionales, encore moins les équipes du Québec. Pourtant, lundi, elle est devenue la première Québécoise à s’entendre avec les Roses de Montréal.
• À lire aussi: Soccer: une Française se lance dans le vide à Montréal
• À lire aussi: [VIDÉO] Soccer féminin: les Roses de Montréal voient le jour
• À lire aussi: [EN VIDÉO] Soccer féminin: la nouvelle équipe professionnelle de Montréal a trouvé son coach et son centre d'entraînement
En regardant dans son rétroviseur, celle qui se qualifiait de «nobody» a de quoi être fière. C’est en défendant la cage des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) qu’elle s’est fait remarquer par le Dynamo de Québec, dans une défunte ligue semi-professionnelle provinciale de soccer féminin.
«Je devais aller étudier à HEC, mais Helder Duarte, qui est malheureusement décédé, m’avait contactée parce qu’il connaissait un coach en Europe qui cherchait une gardienne. Je ne m’attendais pas du tout à ça, mais c’est certain que j’ai sauté sur l’occasion. Je n’étais pas super en forme, je n’étais pas prête à jouer pro, mais c’était l’opportunité d’une vie. J’ai tout lâché et je suis partie avec ma valise. Finalement, je ne suis pas revenue cette année-là», a relaté Lambert au Journal.
Elle a immédiatement évolué en première division française avec Albi, s’emparant même du poste de gardienne numéro un durant la seconde moitié du calendrier.
Malgré plusieurs blessures, l’athlète originaire de Saint-Hyacinthe a ensuite joué à Montpellier, où elle a croisé Charlotte Bilbault, l’autre signature du jour des Roses, et Saint-Étienne, avant de faire le saut à Freiburg, en Allemagne.

«Elle a été monstrueuse»
De retour au Québec cet été, elle a terminé la saison avec l’UQTR en attendant d’accepter un pacte de deux campagnes (plus une année d’option) du club de Montréal dans la Super Ligue du Nord (SLN), le nouveau championnat professionnel féminin au Canada.
«Je l’ai vue lors d’un match de l’UQTR, qui a perdu 1 à 0. Elle a eu sept ou huit tête-à-tête et elle les a tous gagnés. Elle a été monstrueuse», a décrit la directrice sportive des Roses, Marinette Pichon.
«C’est une gardienne qui a de bons réflexes, capable d’aller vite au sol, de jouer des deux pieds, de sortir de la pression et de diriger la défense», a-t-elle poursuivi au sujet de Lambert, un «nom qui revenait beaucoup» dans les conversations.

Doutes dissipés
À 30 ans, Lambert admet être moins encline à faire autant de sacrifices qu’avant pour s’exiler. Le club de l'entraîneur Robert Rositoiu s’est donc rapidement imposé comme la meilleure option.
«De pouvoir jouer pro chez nous, avec ma famille et mes amis, de vivre de ma passion, c’est vraiment incroyable. Je ne pensais jamais pouvoir vivre ça en tant que joueuse», a soutenu Lambert, dont la valeur du contrat n’a pas été dévoilée.
Le salaire minimum dans la SLN est de 50 000$, ce qui n’existe pas en Europe.
«Il y a des joueuses qui devaient avoir un autre travail», a rappelé celle ayant rapidement vu ses doutes se dissiper.
«En parlant avec Marinette, je sais que Montréal veut être compétitive et professionnelle. [...] Le calibre ne sera probablement pas aussi fort qu’une division 1 en Europe, mais l’objectif c’est de contribuer à ce que ça le devienne dans les prochaines années», a conclu Lambert.