[SONDAGE] Sobriété énergétique: les Québécois prêts à faire des sacrifices, mais refusent une hausse des tarifs d’Hydro

Nicolas Lachance
Les Québécois admettent qu’ils devront faire des sacrifices pour réduire la consommation d’énergie, et une majorité est même prête à changer ses habitudes pour y arriver. Ils s’opposent toutefois fermement à une hausse de tarif d’Hydro-Québec, selon un sondage Léger.
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Une majorité de consommateurs québécois répondront présents si Hydro-Québec leur demande de «consommer moins» et «aux bons moments» pour réussir la transition énergétique et faire face à l’explosion de la demande.
Selon un sondage Léger, ils semblent prêts à faire des sacrifices pour ne plus être «les derniers de classe» en matière de consommation responsable, comme l’affirmait récemment dans nos pages le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.
«Il y a plusieurs bonnes nouvelles pour le gouvernement et Hydro-Québec», signale le vice-président exécutif et associé chez Léger, Christian Bourque.
Peu importe leur âge et leur région, «trois Québécois sur quatre (77%) se disent qu’il va falloir faire des sacrifices» pour réduire la consommation d’électricité, analyse-t-il.
Près du quart des répondants «font déjà partie de la solution», ayant déjà adopté des comportements comme le fait de baisser le chauffage à 19 degrés ou de prendre des douches de quatre minutes.
Prêts à poser des gestes
Le potentiel de croissance à l’adhésion de telles mesures est fort, car près de 50% des gens sont enclins à accomplir des actions pour baisser leur consommation à la maison (voir tableau).
«L’ouverture à poser des gestes supplémentaires est quand même élevée», signale M. Bourque. «Partir le lave-vaisselle la nuit, si on enlève ceux qui n’en ont pas, c’est quand même une majorité qui dit oui, on est prêt à faire ça.»
Idem pour réduire la température comme en France à 19 ou 20 degrés.
En comparaison, moins du quart des gens s’opposent aux changements et n’ont pas l’intention de baisser leur consommation. «C’est relativement faible», dit-il.
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Hausse suicidaire
Pierre Fitzgibbon avait aussi indiqué qu’à long terme, les frais de service chez Hydro-Québec augmenteraient inévitablement.
Or, 83% des gens consultés estiment qu’augmenter les tarifs est une mauvaise mesure pour favoriser cette réduction d’énergie.
«Politiquement, ça serait pratiquement suicidaire», affirme Christian Bourque. «Il y a beaucoup d’ouverture sauf à cet endroit [...] Bien mal vu le gouvernement qui essaierait de [...] convaincre de faire ça.»
Il y a toutefois des nuances, car 48% des Québécois trouvent que l’ajout de tarifs modulés, plus dispendieux durant les pointes, serait une mesure efficace. Ils sont aussi 46% à voir positivement la mise en place d’une tarification progressive. Par exemple, plus vous consommez, plus le prix de l’électricité augmente.
Par ailleurs, une vaste majorité (77%) estime qu’on devrait être récompensé à l’aide d’un crédit d’impôt si on consomme peu d’énergie.
Et, quatre Québécois sur cinq prônent un programme d’aide gouvernemental pour encourager les propriétaires à effectuer des rénovations vertes.
Punir les propriétaires
En parallèle, une grande majorité des citoyens consultés croient que forcer les propriétaires d’immeubles mal isolés à rénover est une mesure efficace, tout comme leur interdire la location s’ils refusent d’agir.
Selon les données, les Québécois ont tendance à «pointer les autres», comme les entreprises. Au total, 88% estiment qu’on devrait les obliger à éteindre les lumières des bureaux et mettre fin aux tarifs préférentiels pour les grands consommateurs industriels.
Méthodologie
Un sondage web a été réalisé auprès de 1008 Québécois âgés de 18 ans ou plus et pouvant s'exprimer en français ou en anglais. Les données ont été collectées du 22 au 25 mars 2024. Il n'est pas possible de calculer une marge d'erreur sur un échantillon tiré d'un panel, mais à titre comparatif, la marge d'erreur maximale pour un échantillon de 1008 répondants est de 3,1%, et ce, 19 fois sur 20.
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