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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

S’inspirer du réel pour un voyage meurtrier

L'astronaute canadien Chris Hadfield publie Le Transfuge aux Éditions Libre Expression.
L'astronaute canadien Chris Hadfield publie Le Transfuge aux Éditions Libre Expression. Photo courtoisie, Max Rosenstein
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2021-10-31T04:00:00Z
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Retraité de l’espace et auteur de plusieurs ouvrages, l’astronaute Chris Hadfield a toujours aimé écrire. Son éditeur anglophone l’a mis au défi d’écrire un roman dont le titre serait The Apollo Murders. Combinant meurtre et espace, l’astronaute s’est lancé dans l’écriture d’un polar décapant, mêlant les faits et les personnages réels à la fiction pure. Unique, précis, haletant, Apollo Mission meurtrière est un must à lire absolument, qui sera adapté au cinéma. 

Ce roman palpitant, très riche en détails fascinants, débute en 1973, en pleine Guerre froide. Les Russes et les Américains multiplient les expéditions visant à trouver une prime secrète cachée à la surface de la Lune. Les trois astronautes de la mission Apollo 18 sont piégés dans un minuscule module et l’un d’eux pense au meurtre.

Sur Terre, les enjeux politiques se corsent de plus en plus. Kazimieras Zemeckis (Kaz), directeur de mission à Houston, doit jouer de toutes ses habiletés pour préserver l’esprit de corps de l’équipage de la NASA, tout en gardant une longueur d’avance sur les Soviétiques. Cependant, il y a un élément imprévu : l’un des coéquipiers américains n’est pas celui qu’il prétend être.

Chris Hadfield a mis environ trois ans à écrire ce polar, fruit d’un minutieux travail de recherche historique et d’une vaste expérience. « C’était beaucoup de travail, mais j’adoré faire la recherche et écrire ! », dit-il, en entrevue téléphonique de l’aéroport de Las Vegas, au Nevada, où il a passé quelques jours pour faire des recherches pour son prochain roman.

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Photo courtoisie
Photo courtoisie

Près de la réalité

Chris Hadfield, qui est à la fois ingénieur, pilote d’essai, musicien, écrivain, conférencier et plus encore, explique qu’il aime le côté technique des choses, mais qu’il adore créer quelque chose de nouveau. 

« J’ai vraiment aimé faire des tonnes de recherches et replacer les éléments d’une manière qui n’avait jamais été faite auparavant. J’ai envie de transmettre mes connaissances, mais aussi, avec un peu de chance, de donner aux lecteurs l’envie de lire la prochaine page. Chaque matin, j’explorais un nouveau volet de mon histoire : qu’est-ce que Kaz va faire ? Qu’est-ce que Chad va faire ? »

Il précise qu’une grande partie des faits et des personnes présentés dans le roman sont inspirés de la réalité et de sa propre expérience à titre de pilote d’essai et d’astronaute. Mais comme son histoire est cadrée dans les années 1970, il a dû se replonger dans les archives historiques et pousser ses recherches plus loin, notamment pour en savoir plus sur la géologie lunaire. 

« Ensuite, j’ai vraiment plongé dans les détails du programme Apollo et dans le programme soviétique. J’ai appris que les Américains planifiaient de lancer la navette spatiale de la Californie, de la placer à côté d’un satellite soviétique, faire une marche dans l’espace, attraper le satellite, le placer dans la navette et atterrir. Tout cela dans une seule orbite. Ces informations viennent tout juste d’être déclassifiées. »

Ces informations lui donnaient de la matière pour bâtir son histoire. « Cela me donnait de l’espace et de la crédibilité pour inventer quelque chose de semblable pendant l’ère Apollo. C’est comme un casse-tête ou un sudoku, lorsqu’on découvre qu’un élément se placerait bien ! » Il explique qu’environ 90 % des faits racontés dans le roman et plus de 50 % des personnages sont inspirés de la réalité. 

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Quand ça va mal

Quantité de choses peuvent mal tourner lors des missions spatiales. « Eh bien, les choses tournent mal tout le temps, pendant les missions spatiales ! », dit-il. 

« Votre travail n’est pas de faire les choses faciles qui vont bien, c’est de réparer tout ce qui va mal. Et c’est normal. Quand j’étais en train d’écrire le roman, j’avais en tête toute cette panoplie de choses qui peuvent mal tourner. Pour rendre l’histoire crédible, je devais les choisir pour construire l’intrigue et la rendre réaliste. » 

EXTRAIT  

« Dans leur petite communauté, Chad s’était forgé une réputation de pilote accompli aux aptitudes inégalées qui condamnait de manière impitoyable toute forme d’incompétence, tant chez lui-même que chez les autres. Kaz admirait ce trait de caractère, que nombre d’astronautes partageaient d’ailleurs. Des gars qui savaient faire leur boulot.

Kaz profita d’une pause dans la conversation pour poser la question inévitable pour tout membre de l’équipage de réserve :

— Tu crois que tu participeras à la mission ?

Chad éclata de rire :

— Non. Tom est pétant de santé. Et il paraît qu’il n’y aura pas d’autre mission Apollo après la 18. Ça aurait été ma dernière chance de marcher sur la Lune. C’est mon rêve depuis que je suis enfant. » 


  • Chris Hadfield a été CAPCOM (contrôleur de vol) pour 25 missions de navette et directeur des opérations de la NASA en Russie.  
  • Lorsqu’il était commandant de la Station spatiale internationale, il a enregistré un clip de la chanson Space Oddity, visionné près de 50 millions de fois.  
  • Outre le best-seller Guide d’un astronaute pour la vie sur Terre, il a signé le beau livre Vous êtes ici et l’album jeunesse Plus noir que la nuit.  
  • Il a vécu à Chicoutimi pendant un peu plus de trois ans lorsqu’il était pilote de chasse – il était basé à Bagotville.  
  • Apollo Mission meurtrière est déjà traduit en 12 langues et doit être adapté pour le cinéma.  
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