Silvi Tourigny revient sur sa séparation à l’âge de 40 ans

Samuel Pradier
Depuis sa sortie de l’École nationale de l’humour, voilà 15 ans, la rieuse et joviale Silvi Tourigny se cache derrière le personnage de la revêche Carole. Cette année, elle a toutefois décidé de lancer son premier spectacle solo, dans lequel elle pourra enfin être elle-même. En attendant d’aller la découvrir sur scène, on a eu envie de la connaître un peu mieux.
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Silvi, comment es-tu passée de technicienne en santé animale à humoriste?
Depuis l’âge de 12 ans, je voulais être humoriste, mais j’étais très timide. J’aimais beaucoup les animaux et, après l’école secondaire, j’ai décidé d’aller faire une technique en santé animale. J’ai travaillé dans un hôpital vétérinaire. En parallèle, j’ai participé à Secondaire en spectacle, puis à Cégeps en spectacle. J’avais toujours de bons commentaires, mais je me disais que c’était juste un passe-temps. Je venais d’être acceptée au bac en ergothérapie lorsque je suis allée passer les auditions de l’École nationale de l’humour. Quand j’ai décidé de me lancer en humour, j’avais 26 ans.
Tes parents t’ont-ils soutenue dans ce choix?
Complètement. Ils me disaient de suivre cette voie, que j’étais drôle et que ça fonctionnait lorsque je faisais des spectacles, mais c’est moi qui freinais. À cette époque, il y avait juste Lise Dion, Claudine Mercier et Dodo comme femmes en humour. Je ne voyais pas comment je pourrais en vivre à temps plein, ce n’était pas accessible à mes yeux. Je me souviens d’avoir écrit au fan-club de Stéphane Rousseau pour savoir comment devenir humoriste, mais je n’ai jamais eu de réponse. J’attends encore! (rires)
Si tu faisais des spectacles, ça veut dire que tu avais déjà écrit des numéros?
J’étais beaucoup dans les personnages. C’était plus sécuritaire pour moi de me cacher derrière un personnage. J’ai même mis du temps avant de faire du stand-up à l’École de l’humour; ce sont les profs qui m’y ont poussée.
Le personnage de Carole est-il né à ce moment-là?
Carole est née à l’École nationale de l’humour, oui. Chaque semaine, il fallait écrire un nouveau numéro et, un jour, je ne savais plus trop quoi faire. Je me suis donné le défi de faire l’inverse de ce que je suis comme personne et de ce que je faisais habituellement. J’ai donc décidé d’être bête, condescendante, de ne pas bouger et de mettre un col roulé, moi qui étais abonnée aux décolletés. Carole est donc née du contraire de Silvi.

Ce personnage t’a finalement permis de te faire connaître. Est-elle devenue un poids pour toi?
Carole a pris tellement plus de place que je pensais, elle m’a presque effacée. J’ai dû faire un gros travail, parce que je me suis rendue jusqu’à la haïr. J’étais vraiment fâchée contre ce personnage, c’est comme si elle prenait ma place dans l’espace médiatique et sur scène. Ça peut paraître bizarre parce que c’est moi qui la joue, mais je parle d’elle à la troisième personne. Carole et Silvi, ce sont deux personnes différentes, et même deux carrières différentes. Cela dit, je ne veux pas brûler mon col roulé, je veux que Carole soit encore là, mais qu’elle laisse de la place à Silvi. Avec ma psy, j’ai dû faire un travail pour accepter Carole et faire la paix avec elle. Maintenant, je sais que les deux ont leurs forces, les deux font des affaires différentes.
Ce qui est quand même étrange, c’est que Carole ou Silvi, ça reste toi...
Oui, mais quand je fais Carole, je me dénature tellement! Elle me donne une liberté que je n’ai pas nécessairement, parce qu’elle dit des affaires que je n’oserais jamais dire moi-même. Physiquement, elle est aussi très limitée, avec sa position du bras sur la hanche. Ce dédoublement est un sentiment très bizarre. J’ai même eu une séance d’hypnose avec ma psy, qui parlait parfois à Carole et parfois à moi. C’était vraiment particulier. Dans mon spectacle, je dirais que je vis le meilleur des deux mondes, puisque Carole fait la première partie et que je fais le reste de la soirée. Mais je ne pouvais pas ne pas la faire, c’est grâce à elle que j’ai cette carrière, que les gens vont venir me voir.
On connaît donc Carole, mais, finalement, qui est Silvi Tourigny?
Le but de mon spectacle est que les gens découvrent qui je suis. Je viens de Victoriaville, j’ai 42 ans, je me suis séparée il y a deux ans et j’ai un garçon de 10 ans. Je vais parler de ma passion pour les animaux et pour la moto, et j’adore danser. J’aime aussi beaucoup regarder les autres personnes en train de danser, c’est un des numéros qui fonctionnent bien dans le spectacle.
Est-ce libérateur de pouvoir t’exprimer toi-même?
Énormément. On dirait que je me sens plus assumée que jamais, que je suis sur mon X. C’est peut-être aussi le passage à la quarantaine, mais je me sens libre. J’ai l’impression que c’est mon moment, que plus grandchose ne me fait peur, alors je fonce dans ce que j’aime faire.
Comment as-tu vécu ta séparation, à l’âge de 40 ans?
Ça faisait 12 ans qu’on était ensemble. Comme ça peut parfois arriver, l’amour n’était plus au rendez-vous. Mais on est restés en bons termes, on habite tout près l’un de l’autre. Mon ex a gardé la maison et je me suis acheté un petit jumelé à 800 mètres de chez lui. C’est génial pour notre fils, Charli, que ce soit pour l’école ou les amis.
Silvi est présentement en tournée avec son spectacle solo En feu. Infos: silvitourigny.ca. Ils sont parmi nous est disponible sur Noovo.ca.