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L'article provient de 24 heures

Si le métro ferme à 23h: «il y a des personnes qui vont devoir peut-être changer d'emploi»

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Photo portrait de Camille Dauphinais-Pelletier

Camille Dauphinais-Pelletier

2023-11-19T22:07:53Z
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Métro fermé dès 23h, autobus moins fréquents, lignes coupées... les baisses de service dans le réseau de transport en commun qui sont évoquées depuis quelques semaines préoccupent plusieurs personnes qui utilisent le métro et les autobus pour se déplacer dans le Grand Montréal. Des centaines d'entre elles se sont réunies dimanche pour demander au gouvernement provincial de s'assurer que le niveau de service serait maintenu.

Rappelons que les sociétés de transport du Grand Montréal (soit la STM, la STL, le RTL et exo) ont tiré la sonnette d'alarme le mois dernier et mentionné que si le gouvernement du Québec n'épongeait pas une plus grande partie de leurs déficits, elles pourraient être obligées de faire d'importantes coupures. Il était notamment question de fermer le métro à 23h, de retarder le début du service de métro à 9h la fin de semaine, d'arrêter le service des bus d'exo à 21h et de diminuer la fréquence des bus ailleurs (les détails ici).

«Il y a des personnes qui vont devoir peut-être changer d'emploi si le métro ferme à 23h, incluant des personnes qui travaillent dans nos hôpitaux, où on est en pénurie [de main-d'oeuvre]. Ce n'est juste pas logique de prendre une ligne comme ça en 2023», a donné comme exemple Mathieu Murphy-Perron, membre fondateur de l'organisme Vélorution, qui organisait la manifestation. «J'ai une amie qui est infirmière et elle me l'a dit : "si jamais le métro ferme à 23h je ne peux plus être infirmière"», insiste-t-il.

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Mathieu Murphy-Perron
Mathieu Murphy-Perron Photo Camille Dauphinais-Pelletier

«Ça va affecter la culture aussi, les gens qui veulent aller aux concerts, aller au cinéma... on va prendre chacun sa voiture? Et on va faire plus d'embouteillages?», soulève la Montréalaise Élodie Comtois.

Élodie Comtois
Élodie Comtois Photo Camille Dauphinais-Pelletier

Une femme qui préférait garder l'anonymat nous a confié que son frère, qui vit à Mont-Saint-Hilaire, ne pourrait plus suivre ses cours de soir à Montréal si les bus d'exo cessaient de circuler à 21h. 

Les gens à qui 24 heures a parlé étaient unanimes: de la demande dans le métro après 23h, il y en a! «Chaque fois que je suis à Berri-UQAM, par exemple, il y a des gens qui reviennent d'un show, qui rentrent chez eux après leurs études à l'UQAM. Il y a toujours des gens dans le métro après 23h», relate notamment le Montréalais Stephen Miller.

Photo Camille Dauphinais-Pelletier
Photo Camille Dauphinais-Pelletier

(Si vous préférez les témoignages sous forme vidéo, regardez notre vox pop au début de cet article!)

Favoriser les automobilistes

Même s'il n'est pas encore certain que ces coupures auront bel et bien lieu, plusieurs manifestants critiquaient le gouvernement de François Legault, lui reprochant de favoriser les automobilistes par rapport aux utilisateurs du transport en commun. 

«Ce qui me désole aujourd'hui, c'est qu'on va financer un rabais pour les permis de conduire [NDLR: ils coûteront 100$ de moins par année qu'avant] tandis qu'on va couper dans le transport en commun, je crois que c'est ce qui m'amène à manifester aujourd'hui», a notamment mentionné à 24 heures le Montréalais André-Philippe Saint-Arnaud, qui prend le transport en commun pour tous ses déplacements. 

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«Je veux faire comprendre au gouvernement que comme citoyens, comme utilisateurs, on veut garder un bon financement dans nos services publics pour ne pas affecter le service», a lancé de son côté Simon Pelletier, également Montréalais, qui était sur place avec sa conjointe et leurs deux enfants. «Eux autres vont vieillir, aller à l'école... le transport en commun, c'est directement notre plan de transport pour eux à l'école, dans 5-6 ans, puis quand ils seront au cégep et compagnie», dit-il. 

Simon Pelletier et sa famille
Simon Pelletier et sa famille Photo Camille Dauphinais-Pelletier

M. Pelletier n'était pas le seul parent montréalais à être venu sur place avec ses enfants. Élodie Comtois était avec ses deux enfants, avec qui elle aime se déplacer en transport en commun. «Ça m'affecterait [les baisses de service évoquées], oui, pour aller au travail, ou si on veut faire des activités la fin de semaine... on ne pourrait pas partir avant 9h!», s'exclame-t-elle. 

Des gens qui ne peuvent pas avoir de permis de conduire, comme c'est le cas de Christophe Henquin, dont la mobilité est limitée, se retrouveraient aussi à écoper. «Les transports seraient plus longs pour aller à l'épicerie et en revenir, les choses comme ça», dit-il en faisant référence aux bus qui passeraient moins souvent. 

Photo Camille Dauphinais-Pelletier
Photo Camille Dauphinais-Pelletier

Et les changements climatiques?

Au-delà des désagréments dans leur vie personnelle et celle de leurs proches, plusieurs manifestants ont soulevé qu'un potentiel recul des services de transport en commun était préoccupant dans un contexte de lutte aux changements climatiques. 

«On sait que pour réduire les GES, il faut agir sur le transport. Ça n'a juste pas d'allure d'imaginer qu'on va réduire ce qu'on a déjà [comme offre de transport en commun] - on devrait avoir une amélioration, le gouvenrement devrait travailler à ce qu'on ait une meilleure offre, là ils veulent réduire... ça peut juste nous mettre en colère», tonne Élodie Comtois.

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«Toutes les études le disent, il faut une offre qui soit accessible, facile... là ça va juste faciliter l'auto solo et augmenter les embouteillages, la pollution, c'est l'inverse de ce qu'il faut faire.»

• À lire aussi: OPINION - La CAQ a peur de se mettre les automobilistes à dos

Christophe Henquin abonde dans le même sens. «C'est complètement d'un autre temps. Le transport collectif actuellement c'est ce dont on a besoin pour revitaliser les centre-villes, c'est ce dont on a besoin pour l'économie, c'est ce qu'il nous faut pour assurer une transition écologique, c'est comme un non-sens, c'est comme revenir en arrière.»

Stephen Miller met en garde contre un cercle vicieux, où la baisse de service entraîne une baisse d'achalandage. «Si le bus arrive moins souvent, le métro arrive moins souvent, c'est une catastrophe, c'est un recul, parce qu'il faut attendre plus et éventuellement on va penser que peut-être que ce n'est pas un bon choix de prendre le métro. C'est l'inverse de ce qu'il faut faire face aux changements climatiques, pour nos villes, nos concitoyens... c'est important d'avoir un réseau fort», soutient-il.

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