Seven & i se renforce face à Couche-Tard et introduit sa branche américaine en Bourse

AFP
Le japonais Seven & i, soucieux de se recentrer sur sa chaîne de dépanneurs 7-Eleven, va céder son activité de supermarchés et introduire sa branche américaine en Bourse: une façon de se renforcer face aux convoitises de son rival québécois Couche-Tard.
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Le géant nippon de la distribution projette de coter d'ici le second semestre 2026, «sur l'une des principales Bourses américaines», sa filiale américaine exploitant les magasins de proximité 7-Eleven aux États-Unis.
Dans le même temps, Seven & i a conclu un accord pour céder son activité de supermarchés à une unité du fonds Bain Capital pour 5,37 milliards de dollars.
Des fonds qui lui permettront d'engager ensuite un massif rachat de ses propres actions à hauteur de 2000 milliards de yens, soit 13,4 milliards de dollars, d'ici son exercice budgétaire 2030-2031: l'opération doit lui permettre de muscler sa valorisation.
Des informations de presse anticipées sur ce colossal rachat d'actions avaient incité les investisseurs à se jeter sur l'action Seven & i jeudi après-midi, faisant s'envoler le titre de quelque 10 %. Il a finalement clôturé en hausse de 6,5 %.
Seven & i, qui exploite quelque 85 000 magasins de proximité 7-Eleven à travers le monde, va par ailleurs remplacer son PDG Ryuichi Isaka par Stephen Dacus, 64 ans. Actuellement administrateur indépendant du groupe, c'est un vétéran du secteur de la distribution au Japon, où il a dirigé les activités de l'américain Walmart.
Il s'agira du premier dirigeant non japonais de Seven & i.
«Passer la vitesse supérieure»
«Nous sommes convaincus que le moment est venu de passer à la vitesse supérieure dans nos initiatives. Notre direction poursuivra les efforts pour améliorer la valeur pour nos actionnaires et mettra en œuvre des politiques transformatrices», a déclaré le PDG sortant Ryuichi Isaka, dans un communiqué.
Seven & i avait initialement rejeté en septembre une proposition de rachat par Alimentation Couche-Tard (ACT), qu'il jugeait sous-évaluée. Mais le poids lourd canadien de la distribution avait ensuite présenté une offre améliorée valorisant le groupe japonais à 47 milliards de dollars.
Cherchant à échapper à toute prise de contrôle, la famille Ito (du fondateur de Seven & i) avait alors entamé des discussions avec une société d'investissement pour racheter l'ensemble des titres du groupe et le sortir ainsi de la Bourse.
Mais ces discussions ont échoué la semaine dernière, faisant dégringoler l'action Seven & i. Celle-ci avait jusqu'à jeudi chuté de 20 % depuis le début de l'année - accentuant encore la pression sur le groupe nippon pour qu'il renforce sa rentabilité afin de rassurer ses actionnaires.
Or, l'opération de rachat d'actions massive serait justement de nature à doper la valorisation des titres restant en circulation.
Seven & i avait déjà dévoilé mi-octobre un vaste plan de restructuration visant à se concentrer sur ses dépanneurs 7-Eleven, cœur de son activité, en créant une unité distincte pour gérer ses autres filiales (banque, supermarchés Ito-Yokado, vente en ligne...): un recentrage censé alors le renforcer face aux prétentions de Couche-Tard.
La cession de son activité supermarchés à Bain Capital s'inscrit dans cette direction, tout comme l'intention affichée de se séparer de ses activités bancaires.
Trésor national au Japon
L'enjeu est de taille: avec 85 000 magasins dans une vingtaine de pays, 7-Eleven est la plus grande chaîne de magasins de proximité au monde.
Couche-Tard, de son côté, possède au total quelque 16 700 magasins dans 31 pays, qui incluent l'enseigne Circle K: en y ajoutant le réseau des 7-Eleven à travers l'Asie et l'Amérique du Nord, un mariage donnerait naissance à un mastodonte international de la distribution.
Au risque d'engendrer des difficultés de la part des autorités de régulation anti-monopole aux États-Unis, où Couche-Tard et Seven & i sont massivement implantés.
Couche-Tard avait indiqué la semaine dernière être toujours intéressé à «travailler de manière constructive» avec Seven & i «pour parvenir à un accord amical» et «mener à bien le processus d'approbation réglementaire».
Le dossier est scruté par le gouvernement japonais, qui a classé mi-septembre Seven & i comme entreprise «essentielle»: un quart des 7-Eleven se trouve au Japon, où ces dépanneurs omniprésents vendent aussi bien des plats à emporter que des billets de concert et proposent des services de proximité.
Le sort de Seven & i est une question de «sécurité économique», avait estimé Tokyo début janvier.