Séquestré pour vendre sa maison
Un homme de 78 ans aurait été forcé de vendre pour 65 000 $ à une crapule la résidence d’un demi-million


Laurent Lavoie
Un septuagénaire de Laval a bien pensé mourir lorsqu’un homme est entré chez lui le mois dernier pour le forcer à accepter une offre d’achat au rabais sur une maison dont il venait d’hériter.
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« Ma vie est en danger, s’est dit Marcel Emond, le 20 octobre. C’est probablement la fin. »
Deux individus venaient de cogner à la porte de son appartement du boulevard Sainte-Rose et y sont entrés de force.
L’un des deux assaillants, Marc-André Robitaille, se serait présenté comme consultant en immobilier pendant que son acolyte s’occupait de bloquer l’entrée.
Il a demandé à M. Emond de signer un contrat d’offre d’achat d’une maison dont il a récemment hérité après le décès de son conjoint.
La valeur de la demeure serait d’environ 465 000 $. Il lui offrait de lui laisser... 65 000 $ dans la vente.

« Tu ne reviendras plus ici »
« Non, je ne signe rien. La maison n’est pas à vendre, elle est à moi. Je n’ai pas besoin de ça », a alors rétorqué l’homme de 78 ans.
Face à cette résistance, Robitaille, décrit comme costaud, « me pogne et me serre le bras », raconte M. Emond.
« Je vais revenir te chercher et tu ne reviendras plus ici », aurait lancé Marc-André Robitaille, tout en expliquant qu’il avait besoin des fonds pour les transmettre à une vingtaine de personnes.
Pendant ces instants, Marcel Emond a bien cru que son heure était venue. Il s’est donc plié à la demande de son présumé agresseur et a signé une offre d’achat à ce prix ridiculement bas.
« Il a fallu que je reste assis là. La pizza [que j’avais mise au four plus tôt] est devenue noire comme du charbon. Des fois, je me dis que j’aurais aimé ça que ça prenne feu. Les pompiers seraient venus tout de suite », indique M. Emond.
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Arrestation et accusation
Malgré les pressions faites par son présumé agresseur, le septuagénaire a contacté la police avec l’aide d’un proche.
L’homme de 23 ans a été arrêté un peu moins d’une semaine plus tard et fait maintenant face à des accusations de séquestration, voies de fait, entrée par effraction ainsi que d’avoir tenté d’obtenir quelque chose par des menaces.
Il a été remis en liberté sur promesse de comparaître le 14 décembre. D’ici là, il doit respecter certaines conditions.
L’autre individu, qui a quitté les lieux lorsque l’affaire a mal viré, n’est pas recherché pour le moment, selon le Service de police de Laval.
Malgré ce dénouement, Marcel Emond dit toujours craindre pour sa sécurité. La police lui aurait conseillé de ne pas sortir de chez lui seul.
« Ils [ses proches] veulent que je mette une chaise en dessous de la poignée de porte, d’un coup que deux autres viennent, souligne-t-il. Je n’ai pas le droit. Si je tombe malade ou quoi que ce soit [on] va devoir défoncer. »
Encore aujourd’hui, M. Emond peine à comprendre ce qui lui est arrivé.
« Comment ça se fait qu’ils m’aient trouvé de même ? » lance-t-il.
La police de Laval croit que Marc-André Robitaille a pu faire d’autres victimes et invite celles-ci à la contacter.