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L'article provient de TVA Nouvelles

Secret professionnel: la mort de Gaétan Girouard aurait-elle pu être évitée?

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TVA Nouvelles

2024-01-12T19:30:28Z
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Le documentaire sur le décès du journaliste Gaétan Girouard suscite beaucoup de réactions. Ce grand journaliste ne voulait pas parler de son état dépressif à personne, même pas à son épouse, et certains se demandent si son médecin aurait pu transgresser le secret professionnel.

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«Le docteur, qui savait que Gaétan était en dépression et n'a pas parlé à son épouse», dit son ancienne collègue Jocelyne Cazin. «Ça n'a aucun sens!»

CAPTURE D'ÉCRAN / AGENCE QMI
CAPTURE D'ÉCRAN / AGENCE QMI

Les médecins sont tenus au secret professionnel comme l'indique leur Code de déontologie et le Code des professions et certains avocats souhaitent que le dossier médical demeure confidentiel. 

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«De dire essentiellement qu'il faut revoir les règles de confidentialité pour venir un régime distinct pour les patients qui auraient des problèmes psychiatriques et qui permettrait une divulgation contre le gré du patient, c'est une fausse solution», estime l’avocat Patrick Martin-Ménard.

Tout comme le Collège des médecins, il croit que cela pourrait considérablement affecter le lien de confiance entre le médecin et le patient.

«Si vous êtes inquiets et vous n'êtes pas confiants envers moi par rapport au fait que je vais respecter le secret professionnel, il y a des choses que vous ne me direz pas», dit le Dr Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins. 

Le Dr Georges-F. Pinard, psychiatre à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, est du même avis.  

«On ne peut pas partager l'information à la famille, mais on peut écouter ce que la famille a à nous dire», dit-il. «Ça peut être intéressant parce qu'on va avoir une idée plus juste des symptômes dépressifs.» 

Bonifier et faciliter le partage de l'information

Il y a quelques mois, la coroner Julie-Kim Godin faisait des recommandations à la suite d'une enquête publique.

«Il y a un intérêt à revoir le cadre juridique entourant le partage de l'information et la levée du secret professionnel afin de mieux prévenir les décès par suicide», dit le Bureau du Coroner. «En adoptant une approche respectueuse des droits et libertés de l'usager, les proches peuvent contribuer à la trajectoire de soins, de la prise en charge jusqu'au déploiement de filets de sécurité.»

La coroner suggère de former un comité dans le but d'éviter des suicides. Actuellement, la loi permet aux médecins de briser le secret professionnel uniquement s’ils considèrent qu'il y a un danger pour le patient ou son entourage.

«Si on a l'impression que c'est urgent au point où le patient va sortir du bureau et se suicider, qu'il a un plan et m'en parle, si vous me dites toutes ces confidences-là et que vous ne voulez pas que j'en parle à votre entourage, je peux le faire et j'ai le devoir de le faire», explique le Dr Gaudreault. 

Le nombre de personnes dépressives a doublé depuis le début de la pandémie de COVID-19 et les hommes hésitent toujours à consulter.

«Un des premiers freins qu'on connaît pour que les gens aillent chercher de l'aide et en parler autour d'eux, c'est la peur d'être stigmatisé, la peur d'être jugée», dit Mireille Bédard, qui a vécu dans sa vie 3 dépressions majeures avec des pensées suicidaires. «Plus on coupe notre lien au monde, plus on risque de passer à l'acte.»

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