Scandale SAAQclic: le Parti Québécois et Québec solidaire réclament une commission d’enquête publique

Marc-André Gagnon
Dans la foulée du scandale des dépassements de coûts avec SAAQclic, Québec solidaire et le Parti Québécois réclament une commission d’enquête sur les dérives des contrats publics en informatique, comme celle qu’Éric Caire exigeait en 2015.
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Pour les deux partis souverainistes, seule une commission d’enquête publique indépendante permettrait de faire toute la lumière sur la gestion hors contrôle du virage numérique dans l’appareil gouvernemental et l’octroi des contrats informatiques.
Aux yeux du chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, en termes de fonds publics, le gaspillage auquel on assiste avec SAAQclic – au moins 500 millions $ pour ce seul projet – est pire que le scandale des commandites.
«Juste en comparaison, le scandale des commandites, la commission Gomery, c’était 330 millions dont il était question. Norbourg, comme comparaison, c’est 100 millions. On est devant potentiellement le plus gros scandale, sur le plan financier, de notre histoire politique», a observé le chef péquiste, en point de presse, mardi.
Un puits sans fond
«C’est un puits sans fond», s’est inquiétée à son tour la co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal. Au Salon rouge, son parti a d'ailleurs tenté de faire adopter, mais sans succès, une motion rappelant qu’il y a dix ans, le député caquiste de La Peltrie, aujourd’hui ministre de la Cybersécurité et du Numérique, demandait à l’Assemblée nationale de reconnaître «que les nombreuses dérives de projets informatiques représentent un problème grave, persistant» et «qu’en conséquence elle demande au gouvernement de déclencher, dans les plus brefs délais, une commission d’enquête sur l’octroi de la gestion des contrats publics dans l’industrie des technologies de l’information et des communications».
Considérant ce fait d’armes, Québec solidaire voit mal comment Éric Caire pourrait s’opposer à la tenue d’une telle enquête.
Déjà deux enquêtes
Pour l’instant, le gouvernement s’en tient à deux enquêtes, faisant suite à celle de la vérificatrice générale: l’une suggérée par la ministre des Transports Geneviève Guilbault à l’Unité permanente anticorruption (UPAC), et une autre réclamée par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, à l’Autorité des marchés publics (AMP).
Le Parti libéral du Québec réclamait d’ailleurs une enquête de l’AMP depuis la semaine dernière. «Pour nous, le meilleur véhicule, c’est l’Autorité des marchés publics», a réitéré le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, en soulignant que cette instance, créée par un gouvernement libéral, dispose de «tous les pouvoirs d’enquête en vertu de la loi, au même titre qu’une commission d’enquête publique».
L’opposition libérale propose toutefois de faire un pas supplémentaire, en demandant à la commission de l’Assemblée nationale de faire aussi enquête, étant donné que des informations ont été cachées aux députés.
Responsabilité ministérielle
À défaut de s’entendre sur le type d’enquête nécessaire, les trois partis d’opposition ont chacun reproché au gouvernement de manquer au principe de responsabilité ministérielle.
«Ce fiasco est signé François Legault», a lancé M. Tanguay, en reprochant au premier ministre de protéger les ministres François Bonnardel, Geneviève Guilbault et Éric Caire.
«À quelle heure un de ces ministres-là sera responsable?», a soulevé le chef intérimaire du PLQ.
«Ce gouvernement-là, on dirait que la responsabilité ministérielle ne fait pas partie de leur dictionnaire. C’est toujours la faute des autres, c’est la faute de Santé Québec. C’est la faute des fonctionnaires», a observé Mme Ghazal.
«On veut toute l’information et on ne veut pas que le politique s’élude, s’exempte de sa responsabilité dans ce dossier-là. C’est une question de confiance du public», a insisté dans le même sens Paul St-Pierre Plamondon.
Une motion du Parti Québécois rappelant le principe de responsabilité ministérielle a d'ailleurs été adoptée à l'unanimité, en chambre, au terme d'une période des questions mouvementée.
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