Saputo et Molson: la bienvenue à PKP


Réjean Tremblay
C’est la première fois depuis presque 40 ans que des Québécois sont propriétaires des trois grandes équipes professionnelles de la ville.
Même que, pendant une dizaine d’années, un Américain, George Gillett, avait été le propriétaire du Canadien.
Cette fois, on se retrouve avec trois hommes qui sont fiers de leur équipe et qui se trouvent à raconter sans le vouloir une histoire du Grand Montréal et du Québec.
Geoff Molson est un descendant de la grande famille Molson de la haute bourgeoisie anglophone qui a dominé les affaires à Montréal pendant des décennies.
Joey Saputo est d’une famille d’immigrants italiens qui se sont installés au Québec il y a soixante ans et qui y ont construit un formidable empire.
Et Pierre Karl Péladeau est le fils d’un entrepreneur québécois audacieux qui, en empruntant 1500 $ à sa mère pour acheter le Journal de Rosemont, a fini par créer une multinationale des communications.
Et les deux premiers souhaitent la bienvenue au dernier arrivé, même si on sait à l’avance qu’il sera un compétiteur féroce.
Mais les Alouettes sont sauvés, et les décisions, comme c’est le cas avec le CF Montréal et le Canadien, se prendront à Montréal. C’est essentiel pour les partisans.
EMBRASSER LA CULTURE DU QUÉBEC
Joey Saputo a été le plus émotif dans sa réponse aux questions concernant l’achat des Alouettes par Pierre Karl Péladeau.
«C’est très intéressant que nos équipes sportives professionnelles soient de retour dans des mains montréalaises. Étant impliqué dans le sport depuis plus de 30 ans, [je crois que] c’est excellent pour le sport et pour la ville», a répondu Saputo en souhaitant la bienvenue à M. Péladeau.
Mais Joey Saputo a vite corrigé la prémisse d’une de mes questions.
«Ma famille est établie au Québec depuis plus de 60 ans et jamais nous ne nous sommes sentis comme des descendants d’immigrants. Dès l’arrivée de ma famille, nous avons pleinement embrassé la culture québécoise et nous nous sommes très bien intégrés dans la société. Nous nous sentons pleinement Québécois et Montréalais», de souligner avec une certaine passion M. Saputo.
Des mots et un engagement qui ressemblent mot pour mot à ceux de Pierre Karl Péladeau lors de l’annonce de l’acquisition des Alouettes.
Et Joey Saputo, comme PKP d’ailleurs, est extrêmement fier de ce qu’a accompli son équipe au cours de ces décennies. Bien sûr, il y a de grands matchs en Ligue des champions, des victoires éclatantes, des défaites crève-cœurs, l’Académie et l’engagement envers les jeunes joueurs...
«Que ce soit à travers la fondation ou des activités du club, nous désirons plus que jamais étendre notre portée à une multitude de communautés», insiste-t-il.
DES FÉLICITATIONS
Geoff Molson est celui qui profite du plus large rayonnement avec son équipe de hockey. Droits de télévision, engagement émotif des fans, son club peut perdre sept matchs de suite et les amateurs en demandent encore.
Ses relations avec Pierre Karl Péladeau, dans les coulisses et à l’arrière-scène, ont suscité bien des doutes. Et bien des commentaires chez les observateurs.
Mais cette fois, le Montréalais Geoff Molson est vraiment heureux de voir que les Alouettes seront finalement la propriété d’un autre Montréalais.
«Tout d’abord, j’aimerais féliciter Pierre Karl Péladeau pour sa récente acquisition des Alouettes de Montréal», souligne-t-il.
«Cette équipe fait partie intégrante de l’histoire sportive de notre ville, et je suis ravi que cela va se poursuivre à travers son investissement. Collectivement, nous devrions être fiers que nos trois franchises de sport professionnel soient détenues par des familles montréalaises», d’ajouter M. Molson.
On pouvait s’attendre à cette marque de classe de Geoff Molson. C’est dans ses habitudes. Mais au moins un des actionnaires du Groupe CH et du Canadien ne montre pas la même élégance.
L’ATTITUDE DE BELL
On parle de Bell. On le sait, RDS est le diffuseur officiel des Alouettes et de la Ligue canadienne. On n’a pas montré en direct une seule image de la conférence de presse avec PKP et Ambrosie, le commissaire de la ligue.
Les dirigeants du réseau ont refusé d’inviter M. Péladeau à leur émission phare Le 5 à 7. Pendant ce temps, la maison mère de RDS, le réseau TSN qui détient les droits de la LCF et donc des Alouettes, plaçait l’acquisition de l’équipe par l’homme d’affaires montréalais à la 23e minute de son bulletin principal en début de soirée.
C’est d’ailleurs, un ancien des Blue Bombers de Winnipeg qui l’a souligné avec un vibrant WTF sur les réseaux sociaux.
Et lors de la conférence de presse à Montréal, un reporter d’une station de radio de Bell se grattait la tête en se demandant comment il s’y prendrait pour son topo.
Les dirigeants lui avaient demandé de ne pas mettre l’emphase sur le nouveau propriétaire.
Comment un gars fait quand le propriétaire en question est immensément fier et parle ainsi que le commissaire pendant une heure et quart?
Sept de suite et on sourit
Sept de suite. Sept défaites de suite. Et tout le monde, il est content, tout le monde, il est heureux.
Comme le disait mon chauffeur d’autobus de Chicoutimi. «Avancez par en arrière siouplaît!».
Le Canadien avance donc par en arrière. Et si je me fie aux sourires après les défaites de l’équipe, ça va avancer longtemps. Pourquoi se faire suer quand tout le monde, il est content et que tout le monde, il est heureux?
Jonathan sourit. Un but... un but qui serait entré de toute façon dans le filet. Jonathan ne score pas, mais il joue bien. De quoi sourire. Ça fait quand même six millions du but pour l’instant.
Mes éminents confrères du beat pourraient-ils me dire qui sera le gardien de but de cette équipe dans trois ans? Y a-t-il une perle cachée avec les Lions de Trois-Rivières?
Et pourrait-on me rassurer en me nommant le nom du futur quart-arrière à la défense? Lane Hutson?
Et notre super duper premier centre? Avant le match contre l’Avalanche, Nick Suzuki était le 44e compteur chez les joueurs de centre.
44e, calvados!!!