Santé numérique: l’annulation d'un projet de contrat de 1,5 G$ avec une firme américaine réclamé

Nicolas Lachance
Des voix s’élèvent pour demander l’annulation de l’entente conclue avec une firme américaine qui a conseillé le gouvernement Legault avant d’obtenir un contrat de 40 millions $ en numérisation de la santé.
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La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) invite «urgemment» Santé Québec à envisager de rompre ses contrats avec des firmes américaines qui conçoivent le Dossier santé numérique et à privilégier des solutions technologiques locales.
«[La] FIQ exprime des préoccupations face à l’attribution des contrats du Dossier santé numérique (DSN) à des entreprises américaines, notamment Accenture et Epic Systems, dans un contexte où la gestion des données de santé et la sécurité des informations des Québécois-es devraient être une priorité absolue», a déclaré la présidente Julie Bouchard.
Mardi, notre Bureau parlementaire dévoilait que l’entreprise américaine Accenture a d’abord conseillé le gouvernement sur ses besoins avant de rafler un contrat de 40 millions $ en numérisation de la santé. Ce possible conflit d’intérêts crée un malaise dans le réseau de la santé.
Le porte-parole de l’Autorité des marchés publics (AMP) a signalé que toute information soumise à l’AMP, diffusée ou portée à sa connaissance est susceptible de faire l’objet de vérifications.
«Les vérifications et enquêtes menées sont confidentielles», a cependant précisé Stéphane Hawey.
La CSN demande à ce que tous les contrats informatiques du gouvernement du Québec soient vérifiés.
«Avec la CAQ, faire du profit sur la maladie, ça ne passe pas que par les cliniques privées! C’est aussi possible pour des firmes informatiques étrangères, qui obtiennent de juteux contrats pour la gestion des données de santé des Québécois-es. Encore plus, semble-t-il, quand nous ne sommes pas certains de ce qu’elles font concrètement avec cet argent! Nous avons eu de bien mauvaises surprises avec SAAQclic. Tous les contrats octroyés par le gouvernement du Québec à des firmes informatiques devraient être examinés», a déclaré Caroline Senneville, la présidente de la CSN.
Inquiétude
Les partis d’opposition à Québec sont également inquiets.
Le chef du Parti Québécois s’est dit inquiet, car il s’agit d’un projet de 1,5 G$ sur 15 ans. «Ça se peut que tout ça débouche sur une enquête de l’AMP», croit-il. «Ça ressemble étrangement à SAAQclic.»
Le chef intérimaire du gouvernement, Marc Tanguay, milite pour la création du directeur parlementaire du budget afin que des dossiers comme celui du DSN puissent être évalués en amont publiquement.
De son côté, Santé Québec a réitéré que l’entreprise américaine Accenture n’a pas directement conseillé le ministère de la Santé.
«La compagnie a fait l’acquisition d’une autre entreprise, Gevity, qui disposait déjà des ressources impliquées dans certains travaux liés au DSN», a indiqué la société d’État, plaidant que l’entreprise a ensuite retiré ses consultants avant le dépôt des appels d’offres.
Questionné par les journalistes au parlement, le nouveau ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Gilles Bélanger, s’est fait avare de commentaires, soutenant seulement que ce dossier n’était pas comme celui de SAAQclic, sans préciser pourquoi.
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