Fiasco SAAQclic: le gouvernement Legault s’oppose à une enquête de l’Assemblée nationale


Nicolas Lachance
Le gouvernement Legault a refusé que la Commission de l’Assemblée nationale (CAN) enquête sur le fiasco SAAQclic, même si de «fausses informations» et des données «inexactes» ont été transmises aux élus durant plusieurs années dans ce dossier. «C’est scandaleux», a dénoncé le leader libéral Monsef Derraji.
• À lire aussi: Dossier santé numérique: un conflit d’intérêts comme dans le fiasco SAAQclic?
Le cabinet du leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, se défend, soulignant vouloir laisser la commission d’enquête publique faire son travail.
«Nous ne souhaitons pas interférer dans ce travail avec une enquête de la CAN, qui se tiendrait simultanément avec la commission enquête publique », a affirmé son conseiller, Marc-André Gosselin.
Le gouvernement laisse la porte ouverte à une enquête de l’Assemble nationale après la Commission Gallant.
« S’il y a encore, à la fin de la commission d’enquête publique, des zones d’ombres, nous sommes ouverts à confier à une commission parlementaire le mandat de faire la lumière sur les questions qui seraient encore en suspens », a-t-il indiqué.
En février dernier, le ministre François Bonnardel avait pourtant assuré, lors de la publication du rapport de la vérificatrice générale, avoir été «trompé» par des dirigeants de la SAAQ sur les coûts du projet.
«Il n’y avait pas de dépassements de coûts, il n’y en avait pas! Je me protège comment contre le mensonge?» avait-il dit. Ses collègues Éric Caire et Geneviève Guilbault avaient affirmé la même chose.
La semaine dernière, la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a confirmé que la Société de l'assurance automobile du Québec a commis, «à première vue», un outrage au Parlement en transmettant de «fausses informations» et des données «inexactes» aux élus.
Dans cette décision, elle donnait raison au leader libéral Monsef Derraji, en signalant que la SAAQ et ses dirigeants ont induit intentionnellement l’Assemblée nationale et ses membres en erreur.
«Les faits portés à ma connaissance [...] sont suffisamment graves pour constituer un outrage au Parlement», a déclaré la présidente lors de la lecture de sa décision mercredi matin à l’Assemblée nationale.
Elle ne pouvait toutefois pas explicitement conclure que la SAAQ et ses dirigeants ont commis un outrage. Ce rôle revient à la Commission de l’Assemblée nationale. Si elle le désire, cette commission pourra interroger les dirigeants de la société.
La présidente avait tranché qu’une investigation des élus pouvait avoir lieu en même temps que la commission d’enquête publique dirigée par Denis Gallant.
Le libéral Monsef Derraji en a fait la demande afin d’entendre les PDG de la SAAQ et les fonctionnaires qui travaillaient sur le projet. Le gouvernement majoritaire de François Legault s’y est opposé.
«Complices»
M. Derraji estime que les caquistes sont «complices de la tromperie» des hauts fonctionnaires. «Ils ont peur» que les responsables viennent dévoiler des choses qu’ils n’aimeraient pas entendre, croit-il.
«C’est scandaleux», a-t-il déclaré, ajoutant que les élus de la CAQ «protègent des gens» qui les ont trompés.
«Ils jettent à la poubelle le rapport de la présidente.»
Il indique que la commission Gallant ne pourra pas faire la lumière sur les faussetés transmises aux membres de la Commission de l’administration publique (CAP). «L’honorable Gallant ne va pas enquêter sur les tromperies qui sont à l’intérieur de l’Assemblée nationale», a-t-il exprimé.
Selon le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, les caquistes «cherchent à cacher la vérité» et il s’agit d’un exemple «éclatant» que la version du gouvernement manque de sincérité.
Le leader parlementaire de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, semblait surpris de la décision de la CAQ.
«Je suis sous le choc. La seule question que j’ai posée, c’est: “Qu’est-ce qu’ils ont à cacher?”»
Rappelons que dans la foulée du scandale SAAQclic, le député Éric Caire a démissionné de son poste de ministre de la Cybersécurité et du Numérique.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.