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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Sans entente, le CN pourrait démolir le pont de Québec

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Taïeb Moalla | Journal de Montréal

2022-09-22T09:31:00Z
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Si le gouvernement Legault continue de « faire de la petite politique » dans le dossier du pont de Québec, il est possible que le Canadien National (CN) choisisse, à long terme, de démolir cette infrastructure patrimoniale, s’inquiète Yvon Charest. 

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« Ça ne risque pas de se passer [la démolition] à court et à moyen terme. Mais ça peut se passer dans 40 ans. C’est une épée de Damoclès, car la job d’un propriétaire privé n’est pas d’assurer la pérennité du pont », a prévenu l’homme d’affaires, mercredi, dans un entretien avec Le Journal.

Il y a trois ans, ce dernier a été désigné par Ottawa à titre de négociateur bénévole dans cet épineux dossier.  

Selon lui, l’entente intervenue entre le fédéral et le CN en vue du rachat du pont par Ottawa est bloquée par le gouvernement du Québec, qui refuse de payer pour l’entretien de l’infrastructure. Or, le gouvernement provincial répète, depuis longtemps, que le Québec paie déjà pour le remplacement du tablier du pont qui est en fin de vie utile et sur lequel passent quotidiennement 30 000 véhicules. 

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Une décision à prendre

Ce n’est pas la première fois que M. Charest agite le spectre de la démolition.

Dans son rapport obtenu par Le Journal en septembre 2020 – et jamais rendu public –, il écrivait que « le CN, propriétaire de la structure, pourrait abandonner ou même démolir le pont si les coûts d’entretien deviennent plus importants que le bénéfice que la compagnie en retire ». 

Interrogé mercredi quant à cette éventualité extrême, Yvon Charest a confirmé que « comme compagnie privée, si, à un moment donné, les coûts sont trop élevés par rapport aux bénéfices, tu as une décision à prendre ».

Celui qui a longtemps dirigé Industrielle Alliance insiste pour dire qu’il s’agit là d’une « interprétation » de sa part et non pas du résultat de discussions avec le CN.

Même coût

La situation actuelle attriste d’autant plus le négociateur que, selon lui, « le coût pour entretenir le pont correspond en gros au coût pour le démolir ».

Il estime que l’investissement pour la pérennité de l’infrastructure rouillée plus que centenaire serait de 210 millions $ (sur 25 ans) pour Ottawa.

Or, sa « déconstruction » coûterait entre 160 et 240 millions $, calcule-t-il.

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« C’est dérisoire et stupide de faire de la petite politique de façon aussi contre-productive. Pour le même montant d’argent, on pourrait donner 100 ans au pont. Mais si on s’obstine à n’en plus finir, on va dépenser le même montant pour le démolir et on n’aurait plus de pont. »

Yvon Charest dit vouloir adresser un message à la communauté de Québec et, plus spécifiquement, au caucus des députés caquistes de la région.

« Peut-être que quelque part les gens n’ont pas fait sentir l’importance du pont de Québec dans la région aux personnes décisionnelles, a-t-il glissé. À un moment donné, le caucus de la CAQ ne devrait pas être insensible à ça. »

Cri du cœur

À une dizaine de jours du scrutin provincial, le négociateur a réitéré son cri du cœur du mois dernier.

« Quand t’es aussi près du but, la dernière chose que tu fais est de prendre le risque que tout ça tombe à l’eau, a-t-il suggéré. Les amis, c’est urgent. De grâce, faites le dernier mille parce que le danger est trop grand que tout ça s’évapore. »

Une entente de location de 40 ans – au coût de 7 millions $ par année pour le moment – entre le Québec et le CN est en vigueur.

Les modalités financières pour le renouvellement de cet accord doivent être conclues d’ici le 30 septembre. 

Le ministère des Transports du Québec est le principal utilisateur et locataire du pont de Québec.

Coûts sur 25 ans pour le pont de Québec

784 millions $ pour assurer sa pérennité. Selon nos informations, la répartition serait la suivante : 

Le gouvernement du Canada : 300 millions $ (pérennité et peinture)

Le gouvernement du Québec : 375 millions $ (entretien) cette somme n’inclut toutefois pas le changement du tablier

Le CN : autour de 110 millions $ (entretien)

-Source : Compilation effectuée par le Journal à partir de diverses données

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