Sans accord commercial exempt de tarifs: «Pour monsieur Carney, l’avenir n’est pas rose»
TVA Nouvelles
La guerre commerciale qui s’accentue avec les États-Unis complexifie la tâche de Mark Carney, qui doit non seulement négocier fermement avec Donald Trump, mais aussi rassurer les Canadiens et justifier son élection.
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Lors d’une mêlée de presse en matinée, mardi, le premier ministre du Canada a affirmé qu’un accord commercial exempt de tarifs était de moins en moins probable avec les États-Unis, notamment avec la nouvelle menace de tarifs de 35% dès le 1er août ainsi que les surtaxes de 50% annoncées sur le cuivre.
En entrevue à LCN, la professeure à l’école d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier, avance qu’étant donné qu’il a été élu pour faire face à Donald Trump, la tâche d’expliquer ce retournement de situation aux Canadiens s’annonce compliquée pour le chef libéral.
«Pour monsieur Carney, le problème, c’est de rassurer les Canadiens, explique-t-elle. Pour l’instant, il y a une lune de miel, ça va bien, il peut faire pas mal ce qu’il veut. Si éventuellement ça ne devait plus fonctionner, est-ce que ce sera plus difficile pour monsieur Carney? Certainement.»
«Pour lui, ce n’est pas juste l’enjeu commercial, c’est l’enjeu politique aussi, ajoute-t-elle. C’est vraiment un gros casse-tête pour lui.»
Si des pourparlers étaient en cours pendant le G7 le mois dernier, ceux-ci se sont estompés au point où le président américain avait même forcé le Canada à abandonner sa taxe sur les services numériques qui auraient engendré des revenus de plusieurs milliards de dollars pour l’État.
«J’ai l’impression que Trump n’en veut pas d’accord, qu’il veut gérer par ce que j’appelle du chaos en gardant toujours ses partenaires sur la pointe des pieds, soutient Mme Tellier. La possibilité d’un accord, est-ce que ça tient vraiment? Et même si on en a un, est-ce que ça va tenir par la suite?»
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«Je me demande si monsieur Trump a vraiment une stratégie en tête, continue-t-elle. À force de les pousser à leurs limites tout le temps, est-ce qu’à un moment donné les partenaires vont finir par jeter la serviette et faire autre chose? C’est peut-être ça aussi que M. Carney va annoncer à ses ministres aujourd’hui.»
Le Canada fait d’ailleurs face à la même situation que la grande majorité de ses partenaires commerciaux, qui eux aussi sont menacés de tarifs de toutes sortes par les États-Unis.
«Il ne faut pas que le Canada le prenne personnel, affirme la professeure à l’Université d’Ottawa. J’ai l’impression que ce qui va arriver, c’est que ça va se retourner contre monsieur Trump éventuellement, c’est-à-dire que les autres partenaires vont se dire qu’il n’y a plus rien à faire avec les États-Unis pour les trois prochaines années.»
«On voit de plus en plus des échanges assez soutenus entre le Canada et ses autres partenaires comme l’Union européenne, mais peut-être aussi l’Inde», renchérit-elle.
Pendant ce temps, cependant, l’impact des tarifs douaniers sur l’économie canadienne est bien réel.
«On va voir comment l’économie va. Ensuite on a entendu le vaste programme de coupes budgétaires où l’on dit que l’on veut réaliser des économies substantielles, affirme-t-elle. Quand un gouvernement dit qu’il veut réduire les dépenses de 7,5% ou 15%, c’est impensable de penser qu’on ne va pas toucher la qualité ou l’offre de services publiques, donc ça aussi ça pourrait faire des mécontents.»
«Donc c’est un gros casse-tête politique, ajoute-t-elle. Pour monsieur Carney [...] l’avenir n’est pas rose. La porte de sortie est assez difficile selon ce qu’on peut voir en ce moment.»
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