Chaos dans la rémunération des élus: Québec devrait au moins plafonner les salaires
Fixer les salaires ou abolir les fonctions supplémentaires des élus font partie des solutions avancées par deux experts pour éviter les aberrations
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, était l'élue la mieux payée du Québec en 2024, tandis que Bruno Marchand, le maire de Québec, est au 11e rang. Il s'agit d'une forme d'«injustice», selon Geneviève Tellier.PHOTOS Agence QMI
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Charles Mathieu
2025-09-19T19:30:00Z
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Québec devrait décider des salaires en fonction de la population et de la richesse de chaque municipalité, affirme une experte en administration publique.
« Cela permettrait de faire le ménage un petit peu dans tout ça, puis d’éviter ce qu’on peut peut-être qualifier d’injustice, c’est-à-dire Bruno Marchand [le maire de Québec, la deuxième plus grande ville de la province] qui est au 11e rang »
- Geneviève Tellier, professeure à l'Université d'Ottawa
Photo courtoisie
Actuellement, ce sont les élus qui votent leur propre salaire au conseil municipal. Avec comme résultat que le maire de Shawinigan (50 000 habitants) gagne presque autant que le maire de Laval (460 000 habitants).
Fonctions supplémentaires
Rémy Trudel, ex-ministre des Affaires municipales et professeur à l’École nationale d’administration publique, pense qu’il faudrait aussi s’attarder aux fonctions supplémentaires comme celles du maire de Shawinigan.
« Il faut regarder si le cumul de fonctions n’amène pas une espèce de distorsion qui fait en sorte qu’il y a des inégalités entre les élus »
- Rémy Trudel, professeur et ex-ministre
Crédit photo : École nationale d'administration publique (ENAP)
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Il croit même qu’on pourrait abolir ce genre de fonctions supplémentaires, en précisant qu'un règlement similaire a déjà été mis en place en France. Les MRC auraient donc des préfets qui ne seraient pas maires des municipalités, par exemple.
Ces responsabilités additionnelles ne sont pas incluses «dans le contrat signé avec les citoyens lors des élections», dit M. Trudel. Beaucoup d’élus qui acceptent ces responsabilités consacrent donc moins d’heures à la gestion de leur Ville.
Ou alors, les salaires des élus devraient être plafonnés en incluant les autres implications, comme cela se fait à Montréal, par exemple.
«Il y a juste tant d’heures dans la semaine. Alors vous avez beau accumuler les responsabilités, si vous en accumulez, ça veut dire que vous faites moins de quelque chose d’autre», affirme Geneviève Tellier, qui se dit en accord avec la proposition de M. Trudel.
Difficile de faire une comparaison
Trouver une formule universelle pour payer les élus pourrait toutefois s’avérer difficile en raison des nombreuses spécificités de chaque municipalité, affirme Danielle Pilette, professeure en finances municipales.
«Dans les villes de grande taille, ça devient difficile de juger [la rémunération], car on a toutes sortes de structures complexes», explique-t-elle.
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La rémunération des élus est issue des rapports financiers de 2024 que les municipalités ont transmis au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec (MAMH) en date du 28 juillet 2025. Les données et les élus en poste peuvent avoir changé depuis.
Dans la très grande majorité des cas, la rémunération et l’allocation de dépenses de base sont les revenus provenant de la municipalité où a été nommé l’élu. La rémunération et l’allocation de dépenses additionnelles proviennent quant à elles des organismes mandataires ou supramunicipaux (ex: Municipalité régionale de comté (MRC), régie intermunicipale, organisme public de transport, etc.).
Les informations de la population des municipalités ont été récoltées dans les données ouvertes du MAMH.
Certaines municipalités n’ont pas remis leur rapport financier au MAMH, ce qui explique leur absence de notre palmarès.
Compilation des données : Charles Mathieu Intégration, visualisation de données : Cécilia Defer