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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Russie: les partisans de Wagner «orphelins» de Prigojine

Photo AFP
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Agence France Presse

2023-08-24T13:13:57Z
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«Un père», «un frère». Des habitants de Saint-Pétersbourg sont venus rendre hommage jeudi matin à Evguéni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire Wagner devenu ennemi du Kremlin et qui est présumé mort après un mystérieux crash d'avion.

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Celui que Vladimir Poutine a qualifié de traître après la rébellion armée du 23-24 juin garde une popularité certaine en Russie, où son groupe était réputé impitoyable et brutal, mais aussi efficace, particulièrement en Ukraine.

Son bagout, sa verve agrémentée de vulgarité, son nationalisme sans concession et ses dénonciations débridées de l'incompétence de l'élite militaire avaient fait de lui un personnage culte pour certains.

À l'ombre du bâtiment de verre où Wagner a établi son QG dans l'ex-capitale impériale russe, ses partisans défilaient donc jeudi pour déposer des œillets rouges, des roses ou des écussons frappés de la tête de mort qui constitue le logo du groupe armé.

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Comme De Gaulle

Ici, on n'évoque pas sa rébellion, le fait que Poutine l'avait renié, ni les causes possibles de la chute de l'avion le transportant avec ses proches collaborateurs, dont le chef opérationnel de Wagner, Dmitri Outkine.

Les badauds parlent par contre volontiers de leur affection quasi-filiale pour ce chef de guerre passé par les colonies pénitentiaires soviétiques, puis ayant fait fortune dans la restauration, avant de servir le Kremlin sur les champs de bataille et en menant des campagnes de désinformation en ligne.

Pavel Zakharov, un homme d'affaires venus se recueillir, compare le défunt à l'ex-président français et chef de la Résistance contre les nazis, Charles De Gaulle.

«C'est horrible. Quand, en France, Charles De Gaulle est mort, on disait que la France était orpheline. Pour moi, depuis cette nuit, la Russie est orpheline», dit ce gaillard de 36 ans.

Chiffon rouge

Casquette frappée d'une tête de mort et du drapeau russe sur la tête, Igor, un ingénieur de 42 ans, se dit aussi orphelin.

«C'est comme perdre un père. Il était tout pour nous, on attendait toujours ce que tonton Jenia (le diminutif de Evguéni) allait dire», assure-t-il.

Natalia, une jeune femme de 31 ans, est venue à vélo pour déposer son bouquet. Elle dit avoir le sentiment d'avoir perdu un proche.

«Pour nous, c'était un ami, un frère. Je pense que pour tous les soldats c'est un moment très important», affirme-t-elle.

Si Natalia ne partage pas son opinion sur les causes du crash de l'avion, alors que les spéculations vont bon train quant à un assassinat, elle dit craindre que la mort de Prigojine ne puisse déstabiliser la Russie et susciter des mécontentements.

«J'espère que, pour notre société, ça ne va pas se transformer en un chiffon rouge agité devant un taureau», dit-elle.

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