Mort de Prigojine: un écrasement qui a l’air d’une vengeance

Le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evgueni Prigojine, était présumé mort mercredi soir, à la suite d’un écrasement d’avion survenu deux mois jour pour jour après la rébellion qu’il a menée contre Vladimir Poutine en juin.

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« La vengeance est un plat qui se mange froid. [Le président russe] Poutine avait toujours décidé qu’il en finirait avec Prigojine », suppose Ferry de Kerckhove, ex-diplomate canadien à Moscou et professeur à l’Université d’Ottawa.

L’administration de l’aviation civile russe et le groupe Wagner ont indiqué mercredi soir que Prigojine faisait bien partie de la liste des 10 passagers décédés dans l’écrasement d’un avion privé au cours d’un vol reliant Moscou et Saint-Pétersbourg. Son bras droit, Dmitri Outkine, se trouve aussi sur la liste des victimes.

Après l’annonce du décès de Prigojine sur des chaînes Telegram du groupe Wagner — qui s’est fait connaître avec son implication dans la guerre contre l’Ukraine —, des internautes ont appelé à se retourner contre le Kremlin, soupçonnant le gouvernement russe d’être derrière le crash. D’autres partisans doutaient pour leur part de sa mort. 

Pas une surprise

Si on en savait peu mercredi soir sur les circonstances de l’écrasement, pour M. de Kerckhove, il ne fait nul doute que c’est un attentat.

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« Les règlements de compte avec Poutine n’en finissent pas jusqu’à la fin totale de ses adversaires », explique l’ex-diplomate, rappelant que le chef de Wagner est loin d’être la première victime d’assassinat du président russe.

En effet, Prigojine s’ajoute à la longue liste d’ennemis tués par le chef du Kremlin, comprenant notamment son ancien opposant Boris Nemtsov, tué dans les rues de Moscou en 2015, mais aussi l’ancien membre des services secrets russes Alexandre Litvinenko, mortellement empoisonné en 2006 à Londres.

Coup d’État raté

En juin dernier, Evgueni Prigojine a été à l’origine d’une rébellion dirigée contre l’état-major russe et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, menée par ses hommes, qui ont brièvement capturé des sites militaires dans le sud de la Russie avant de se diriger vers Moscou.

Vladimir Poutine l’avait qualifié de « traître », sans prononcer son nom. 

Il avait renoncé à cette mutinerie le 24 juin avec un accord prévoyant son départ au Bélarus, tandis que ses combattants pouvaient l’y rejoindre, entrer dans l’armée russe ou retourner à la vie civile.

« L’élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après [leur] tentative de coup d’État est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024 », a écrit sur X un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.

Même son de cloche pour le président américain Joe Biden qui s’est dit « non surpris » de la possible mort du patron de Wagner.

« Peu de choses se passent en Russie sans que Poutine y soit pour quelque chose », a-t-il estimé.

– Avec l’AFP