Ruée vers les objets rayés de La Baie

Les clients se sont rués mercredi vers les objets rayés aux quatre couleurs de La Baie afin d’arracher un morceau d’histoire à cette compagnie emblématique en faillite. 

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«J’ai les stripes tatouées sur le cœur», rigole Karine Matte, une nostalgique dans l’âme, au sujet des bandes bleu-jaune-rouge-vert des produits La Baie.

La styliste d’intérieur de Longueuil a toute la collection, elle en achète chaque année, de la couverture au bol à chien en passant par le bol tout court, la tasse et les draps.

Mercredi, elle a traversé le fleuve Saint-Laurent pour visiter une dernière fois le mythique magasin du centre-ville de Montréal et humer l’air ou la fin de l’ère.

«Chaque couleur a sa signification, c’est du patrimoine canadien. On est un petit peuple avec une petite histoire, mais on pouvait s’attacher à ça», raconte la fidèle cliente au sujet des objets La Baie.

Les rayons étaient vides, d’ailleurs, lors de la visite du Journal au centre-ville, mercredi midi. Vendues, déjà, les couvertes et autres babioles à l’effigie de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Une bonne cinquantaine de clients rôdaient, agités, à la recherche des derniers objets. La Longueilloise avait le dépit étampé dans le visage de n’avoir trouvé qu’un énorme sac de courses.

Bientôt à 2000$ sur Marketplace? 

«Ma mère en avait une, j’aurais dû la garder», lance en riant Carl Boutet, spécialiste du commerce de détail, au sujet de la couverture La Baie.

Le consultant ne saurait dire s’il s’agit d’un objet de collection qui finira sur Marketplace à 2000$. La marque, toutefois, a de bonnes chances de survivre à la faillite.

«Quelqu’un va la reprendre et va partir des petites boutiques de produits canadiens», pense celui qui a épluché les tonnes de documents déposés par La Baie en cour, le 7 mars.

Nul besoin de courir en magasin, dit-il aux Québécois, ces produits seront de retour bientôt... et pas à 2000$.

Toujours impossible, mercredi, d’obtenir des réponses de la part de La Baie. La société achetée en 2008 par l’Américain Richard Baker est encore une fois restée muette à la suite du dépôt de son bilan, le 7 mars.