Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Roxham: des demandeurs d'asile en situation d'itinérance

Partager

Yves Poirier | TVA Nouvelles

2023-02-22T18:21:37Z
2023-02-22T21:37:04Z
Partager

De demandeur d’asile à itinérant, un phénomène relativement nouveau qui exerce une pression sur les refuges montréalais. Mercredi, TVA Nouvelles s’est rendu à la Mission Bon Accueil, pavillon de la rue Saint-Antoine, car on a dû aménager d’urgence un dortoir destiné aux demandeurs d’asile qui arrivent par le chemin Roxham. 

• À lire aussi: Ottawa veut fermer le chemin Roxham «depuis plusieurs années», dit Trudeau

• À lire aussi: Un nombre record d’interceptions de migrants au Québec en janvier

• À lire aussi: Chemin Roxham: des demandeurs d'asile dirigés vers l'Ontario

La Mission Bon Accueil en héberge au quotidien une vingtaine de toutes origines. La demande est tellement forte qu’on doit aussi refuser des gens sans logement.

TVA Nouvelles
TVA Nouvelles

«C’est une nouvelles réalité pour nous, car ce n’était pas notre mandat, a expliqué à TVA Nouvelles Fequière Désir, coordonateur des partenaires et des collaborations à la Mission Bon Accueil. On a été obligé de s’ajuster. On ne peut pas avoir des gens qui frappent à notre porte et leur dire ‘on ne peut pas vous servir’. En même temps, il faut les servir.

«Ceux qui sont ici, on essaie de les accompagner vers des logements. On leur offfre deux repas, le matin et le soir. Ils quittent le matin.»

Publicité

Valérie Plante réagit

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pris la parole mercredi, reconnaissant d'emblée le problème.

«Il y a André, qui lui patrouille, se promène dans le quartier, qui me disait que c’était une intervention sur deux souvent, dont dans le métro, qui touche directement des personnes qui sont en attente d’un statut», a-t-elle déclaré.

«Les gens sont quand même de bonne humeur dans le quartier, mais on sent quand même un stress; un stress sur les ressources, un stress sur les commerçants, un stress sur les organismes communautaires; sur le SPVM également», a-t-elle nuancé.

Évoquant la récente reconnaissance par Justin Trudeau qu'un important poid migatoire incombe au Québec, Mme Plante espère que Ville disposera bientôt des moyens pour répondre adéquatement à la crise, qui n'a rien de temporaire, martelle-t-elle.

«Je pense qu’il faut cesser de voir l’augmentation, ou du moins la pression dans ce quartier-là, entre autres avec les demandeurs d’asile; il faut arrêter de voir ça comme une situation temporaire, c’est une situation qui est permanente, ça fait maintenant plus d’un an. Et surtout, il faut arrêter de lui donner des ressources d’urgence. Si c’est permanent, on veut des ressources permanentes, pour pouvoir faciliter l’accès au travail des demandeurs d’asile; ils veulent travailler, puis nous on a besoin de travailleurs», a-t-elle dit.

Publicité

Aref Salem, chef de l’Opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal, a adressé les propos de la mairesse.

«La mairesse tente de détourner le débat en faisant de la cohabitation sociale un enjeu d’immigration. Si on s’entend pour dire qu’il faut offrir un toit aux demandeurs d’asile et des services pour mieux les accueillir, il est fautif d’établir un lien direct entre leur présence et l’insécurité qui règne dans l’est du centre-ville, qui dépasse largement la question de l’immigration.

Plutôt que de pointer du doigt les autres paliers gouvernementaux, l’administration doit faire ses devoirs en matière de propreté, de coordination des chantiers et d’itinérance, une compétence qu’elle partage, afin de redorer ce secteur névralgique.»

Des migrants francophones envoyés en Ontario contre leur volonté

Hier, on a vu des autocars qui comptaient des dizaines de demandeurs d’asile quitter Saint-Bernard-de-Lacolle prendre la direction de Niagara Falls. 

D’autres migrants seront relocalisés dans des villes comme Ottawa, Windsor et Cornwall car les installations débordent dans le Grand Montréal.

TVA Nouvelles a joint une famille d’origine haïtienne qui est arrivée au Québec le 11 février dernier via le chemin Roxham. Le père de famille, sa femme enceinte de six mois et leur fils sont hébergés depuis le 14 février dans une chambre d’hôtel à Niagara Falls. 

TVA Nouvelles
TVA Nouvelles

Ils parlent la langue créole et le français, mais pas l’anglais. Le père de famille, Guirlin William, dit éprouver des problèmes à se faire comprendre surtout dans le suivi des soins de grossesse dont nécessitent sa conjointe.

«Ma femme a besoin d’aller à l’hôpital. Ce n’est pas facile, raconte-t-il. Il faut expliquer ça à l’hôpital et il n’y a personne qui parle français ici.»

Situation dénoncée par le comité d’actions des personnes sans statut

Une situation dénoncée par Frantz André du comité d’actions des personnes sans statut.

«Le cas de Guirlin et de sa famille n’est pas unique. Je trouve scandaleux qu’une famille qui ne parle pas français soit envoyée dans un marché anglophone. On comprend la situation à Montréal, que les installations d’hébergement temporaire sont débordées, mais on a ici de gens qui parlent français et qui peuvent s’intégrer facilement.

«Je demande au fédéral et provincial de trouver des solutions dignes et qui respectent l’être humain.»

Publicité
Publicité