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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Robert Lalonde: se ressourcer dans la nature au lieu de passer des heures sur les écrans

Robert Lalonde sera en dédicaces dès aujourd'hui au Salon international du livre de Québec.
Robert Lalonde sera en dédicaces dès aujourd'hui au Salon international du livre de Québec. © Julien Faugère / Éditions du Boréal
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-03-02T08:30:00Z
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Écrivain d’exception, Robert Lalonde partage dans son nouveau livre ses souvenirs d’enfance, une période de sa vie qui occupe une grande importance dans son œuvre. Par fines touches, dans On est de son enfance, il ouvre le grand livre de ses souvenirs et se souvient des moments importants qui ont forgé sa personnalité. Il montre aussi toutes les beautés de la nature et invite ses lecteurs à être attentifs à ce qu’elle a de plus beau à leur offrir. Parce que ça fait du bien. 

Robert Lalonde publie «On est de son enfance» aux Éditions du Boréal.
Robert Lalonde publie «On est de son enfance» aux Éditions du Boréal. © Éditions du Boréal

Retrouver l'enfance

Les carnets de Robert Lalonde sont toujours évocateurs, toujours pertinents. Et cette fois, ils parlent beaucoup de l’enfance. «C’est comme si, rendu à mon grand âge, je retrouvais beaucoup l’enfance. C’est curieux: c’est quelque chose qu’on ne prévoit pas», commente-t-il en entrevue. 

«Je reviens beaucoup à la nature, à mes sens, à l’espèce de liberté, de vagabondage et d’innocence que l’enfance peut permettre. Alors j’ai voulu témoigner de cela un peu, en rapprochant mon présent de mon enfance.»

Robert Lalonde a le sentiment que l’homme qu’il est aujourd’hui est toujours fidèle au jeune Robert, qui a grandi à Oka. «J’ai gardé ça. Quand on a été en grande partie initié à la nature, surtout par la communauté mohawk de mon enfance – une partie de ma famille –, s’établit un peu cette espèce de rapport avec la nature, comme étant un endroit où on entre en soi-même.»

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«Pour moi, ce n’est pas tellement une question de découverte ou d’exploration: c’est une question de retrouver une présence au monde qui ne dépende pas de tout ce qui nous entoure quotidiennement.»

L’écrivain fait référence à l’omniprésence des écrans, des réseaux sociaux. «On peut toujours ben quitter les réseaux sociaux un bon deux heures dans une journée et puis s’en trouver mieux! Je te parle en revenant d’une promenade qui m’a complètement enlevé tous les soucis que j’avais depuis le matin avec toutes sortes d’affaires», ajoute-t-il.

«Ma vie intense comme comédien à Montréal, et tout, m’en privait des fois. Mais là, je n’ai plus aucune raison de ne pas y aller.»

Robert Lalonde a été étonné, en commençant ce livre, de voir comment toutes les scènes de son enfance lui revenaient. «Comment j’étais, comment même j’ai eu du plaisir à fuguer... Toutes les sensations qu’on vit, enfant, quand on est dans un village où tout le monde est les uns sur les autres, où il y a beaucoup de jasage, de mensonges, de calomnies et d’affaires comme ça. Tout ce que je fuyais, je continue de le fuir. Je continue de m’éloigner de ça le plus possible.»

Lâcher les écrans

Robert Lalonde voulait donner le désir aux gens qui vont le lire d’aller se ressourcer ailleurs que sur les réseaux sociaux. «Il y a bien des gens qui décrochent de plus en plus, qui en ont assez de tout ça, qui se désabonnent de toutes sortes d’affaires parce qu’ils considèrent qu’ils ne vivent plus. Ils sont tout le temps à la remorque d’opinions et de situations à gauche et à droite.»

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«Je dis toujours qu’à force de blâmer – avec raison, par ailleurs – le tourment qu’on fait à la Terre en ce moment, il y a une partie de nous qui oublie totalement d’entrer en communication avec cette nature-là. C’est comme si cette belle nature-là, on ne la célébrait plus que virtuellement, sur les écrans.»

Robert Lalonde observe que les sens sont vite trompés. «Les gens ont peur de s’aventurer dans la forêt parce que ça se peut qu’ils rencontrent des bêtes. Ils sont angoissés dans la nature alors qu’ils sont parfaitement rassurés devant les écrans... Ça devrait être le contraire!»

On est de son enfance

Robert Lalonde

Éditions du Boréal

232 pages

En librairie le 5 mars.

  • Robert Lalonde est né en 1947 à Oka.
  • Acteur et écrivain, il s’est imposé au premier rang de la littérature québécoise contemporaine.
  • Il a écrit des romans, des nouvelles, des carnets.
  • On lui doit C’est le cœur qui meurt en dernier, La liberté des savanes, Fais ta guerre, fais ta joie.
  • Il a reçu le prix Athanase-David en 2023 pour l’ensemble de son œuvre, la plus haute distinction attribuée par le Gouvernement du Québec à une personne pour sa contribution remarquable à la littérature québécoise.

«C’est que l’enfance qui convoque la merveille

charroie aussi le mal-être. Le petit garçon blessé,

qui n’a guéri qu’à demi, se faufile encore sous la

galerie, le cœur serré. Il se croit bien caché. Il prie

pour qu’on ne le trouve pas. Il sait qu’on va le

trouver. Il entend le pas pesant de l’homme de sa

vie au-dessus de sa tête. Il tremble. Il attend. Il

n’a nulle part où aller afin de cesser d’exister. Il se

reniera encore une fois. Et ce ne sera pas la

dernière.»

– Robert Lalonde, On est de son enfance, Éditions du Boréal

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