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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Grand Prix à Montréal: rien n’a changé sept ans après son coup d’éclat

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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2022-06-16T04:00:00Z
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Une Femen montréalaise qui a protesté seins nus contre le Grand Prix en 2015 dénonce l’exploitation des femmes et la masculinité toxique qui y règnent toujours malgré son coup d’éclat.

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«On a amené cette question à la une des journaux et le Québec s’est senti concerné pour une fois. Mais ça ne veut pas dire que, dans les faits, la réalité ait changé», souligne amèrement la militante féministe Neda Topaloski.  

La Femen montréalaise Neda Topaloski a pris la pose lundi sur la rue Crescent, là où elle s’est fait arrêter en 2015, pour avoir dénoncé l’exploitation sexuelle en marge du Grand Prix du Canada.
La Femen montréalaise Neda Topaloski a pris la pose lundi sur la rue Crescent, là où elle s’est fait arrêter en 2015, pour avoir dénoncé l’exploitation sexuelle en marge du Grand Prix du Canada. Photo Chantal Poirier

À l’époque, la jeune femme, poitrine dénudée, avait hurlé «Montréal n’est pas un bordel» avant de grimper sur un bolide de course en pleines festivités sur la rue Crescent.

Photo d'archives
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Des agents de sécurité l’avaient violemment arrêtée, et elle avait entre autres été accusée d’exhibitionnisme et d’action indécente.

La militante n’a toujours pas digéré l’hypocrisie derrière le traitement qui lui a été réservé alors que des commerçants profitaient de la marchandisation du corps des femmes à quelques pas de là.

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Photo d'archives
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«Les filles [sur Crescent] sont habillées par leurs employeurs de façon sexuelle. Alors que si on joue le jeu contraire, et qu’on se dénude pour nos idées, on est accusées de crime», s’indigne Neda Topaloski, qui a été blanchie par la justice en 2017.

«Mes seins, je les porte tous les jours. Ils sont sexuels si je le veux, politiques si je le veux», ajoute-t-elle.

Photo d’archives
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L’ennemie #1

En ce sens, la trentenaire est convaincue que les tactiques de Femen ont le pouvoir de «mettre à nu une réalité que tout le monde fait exprès de cacher sous la table» – de l’exploitation sexuelle des mineures à la culture sexiste autour de la Formule 1.

Femen, un groupe féministe fondé en Ukraine en 2008, s’est fait connaître partout dans le monde par des actions militantes où des femmes dénoncent des injustices, seins nus. 

«J’aurais pu écrire un article de blogue, mais qui l’aurait lu, qui aurait réagi? Alors que là, je suis devenue l’ennemie #1 des organisateurs du Grand Prix», glisse la Montréalaise d’origine serbe, qui rédige un livre sur cet épisode.

Malgré une meilleure sensibilisation aux ravages du tourisme sexuel et de la prostitution juvénile en marge du Grand Prix, Neda Topaloski estime que beaucoup reste à faire pour les contrer.

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

C’est long à changer

Et ce, alors que la culture du sport automobile, «royaume de la masculinité», n’évolue que lentement, souligne la sociologue Francine Descarries.

«Beaucoup de gens ont intérêt à ce que rien ne change, de l’hôtesse à la serveuse du restaurant, du proxénète à l’hôtelier», souligne la professeure à l’UQAM en évoquant les millions en jeu.

Forcément, «le Grand Prix restera le Grand Prix tant et aussi longtemps qu’on acceptera que les femmes soient objectivées et que les hommes se comportent comme des prédateurs», ajoute la spécialiste des enjeux féministes.

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