Retraite d’Eugenie Bouchard: «Elle a réalisé une petite révolution du tennis canadien»


Richard Boutin
Figure emblématique du tennis canadien, où elle a démontré qu’il était possible pour une raquette d’ici de briller au plus haut niveau, Eugenie Bouchard a annoncé sa retraite au terme d’une carrière qui l’a vue notamment atteindre la finale de Wimbledon ainsi que la demi-finale de l’Open d’Australie et de Roland-Garros au cours d’une année 2014 complètement folle.
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Bouchard a annoncé la nouvelle sur ses réseaux sociaux mercredi. Elle s’offrira un dernier tour de piste à la maison alors que l’Omnium Banque Nationale lui a décerné un laissez-passer pour le tournoi qui se déroulera du 26 juillet au 7 août à Montréal.
«Tu le sauras quand le moment sera venu. Pour moi, c’est maintenant, a-t-elle écrit dans une publication Instagram. Je termine là où tout a commencé: Montréal.»
Aux premières loges pendant la très grande partie de la carrière de Bouchard, Sylvain Bruneau estime que l’apport de la raquette de 31 ans au tennis canadien a été énorme.

«Eugenie ne s’est pas maintenue parmi les meilleures joueuses au monde pendant une longue période, mais elle a réalisé une petite révolution du tennis canadien, a déclaré son ancien entraîneur sur le circuit de la WTA ainsi qu’à la Coupe Billie Jean King. Elle a mis le tennis féminin canadien sur la mappe.»
«Elle a aussi eu une bonne influence sur la participation des jeunes filles, de poursuivre l’analyste de tennis à RDS, qui a travaillé avec Bouchard pour la première fois alors qu’elle était âgée de 9 ans dans le cadre de son boulot avec Tennis Canada. C’était devenu cool de jouer au tennis au Canada.»
Une façon de jouer bien à elle
Son style de jeu a largement contribué à sa rapide ascension. «Eugenie a modifié la façon de jouer en frappant la balle très tôt, en imposant un haut rythme et en y allant de nombreux changements de direction, a expliqué Bruneau. Elle avait une façon de jouer propre à elle.»
«Son ascension a été très rapide, trop, diront certains, d’ajouter Bruneau, qui a vécu l’épopée folle de la saison 2014. Oui, son style de jeu a eu une grande influence, mais sa capacité à bien jouer sous pression dans les grands moments a aussi été un facteur important dans ses succès. Elle profitait de la lumière des projecteurs pour sortir son meilleur tennis, ce qui n’est pas donné à tout le monde.»
Descente en chute libre
Si l’ascension s’est déroulée à vitesse grand V, la descente a aussi été particulièrement rapide. Plusieurs reprochaient à Bouchard de négliger le tennis au profit de ses activités à l’extérieur du terrain.
«Je peux comprendre cette perception à l’externe, mais la réalité était pas mal plus compliquée à l’interne, a résumé Bruneau. Sans nommer de noms, il y a d’autres exemples qu’Eugenie qui ont vécu une ascension très rapide et qui ont chuté rapidement. La WTA tente de protéger les joueuses, mais tu dois être très solide pour garder le cap quand l’ouragan frappe.»
Valérie Tétreault abonde dans le même sens. «Après ses succès en 2014, Eugenie est devenue la coqueluche du tennis féminin et tout le monde se l’arrachait, a illustré la directrice de l’Omnium Banque Nationale. Parce que les attentes étaient énormes, ce n’est pas évident et tu dois être bien outillé. Sa popularité allait bien au-delà de ses performances sur le terrain. C’était une joueuse très commercialisable.»

«Si on se met dans ses souliers deux minutes, on réalise que c’était spécial, mais aussi que c’était un peu intense à vivre. Ça demandait une bonne gestion.»
Éthique de travail impeccable
Bruneau et Tétreault louangent l’éthique de travail de la native de Westmount. «C’était une très, très bonne bosseuse, a illustré son ancien entraîneur. Elle adorait passer du temps sur le court. C’était une joueuse extrêmement studieuse avec une soif d’apprendre qui m’a marqué.»
«Eugenie n’a pas toujours obtenu le crédit qu’elle méritait pour son ardeur, mais je peux vous assurer qu’elle travaillait extrêmement fort, de renchérir Tétreault. Je me souviens quand on s’entraînait au tennis de L’Île-des-Sœurs, elle avait un objectif et elle était déterminée.»