«Elle devait être protégée par des adultes»: retour sur l’affaire Kamila Valieva qui choque le monde


Jean-Michel Clermont-Goulet
Le scandale entourant la patineuse artistique russe de 15 ans Kamila Valieva, qui a contre-performé à Pékin après avoir été éclaboussée par une histoire de dopage, met une fois de plus en lumière les manières de faire problématiques de la Russie. Retour sur l'affaire qui fait grand bruit partout dans le monde.
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Le 7 février dernier, l’athlète de 15 ans, qui est un produit de l’usine à champions olympiques de Eteri Tutberidze, basée près de Moscou, montait sur la première marche du podium à l’épreuve par équipe en patinage artistique. Le lendemain, on apprenait qu'elle avait reçu un résultat positif à la trimétazidine à un test antidopage effectué le 25 décembre dernier, en Russie.


Même si Kamila Valieva a pu continuer à compétitionner, elle a été rattrapée par l'affaire et elle a complètement raté son programme libre, jeudi, avec plusieurs chutes.
Pour Marie-Christine Noël, qui a réalisé l'an dernier le documentaire Pression qui s'intéresse aux côtés sombres du patinage artistique d'élite au Canada, c'est l'équipe autour de la jeune athlète qui est à blâmer dans toute cette affaire.
«Imagine, à 15 ans, tu as le poids de la nation au complet sur les épaules, parce que les Russes sont très patriotiques. C’est épouvantable. Elle devait être protégée par des adultes», soutient la journaliste du Bureau d'enquête de Québecor.
Le CIO troublé par la prestation
Au lendemain de cette contre-performance, le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a indiqué avoir été «très troublé» par la prestation de la patineuse russe.

«La voir craquer sur la glace, pleurer et essayer de finir son programme était difficile. Dans chaque mouvement, son langage corporel, on voyait le stress immense, a poursuivi le patron du CIO. Elle aurait sûrement préféré quitter la glace et laisser tout cela derrière elle».
Il a affirmé ne pas avoir «beaucoup confiance» en l’entourage de Kamila Valieva, regrettant notamment sa froideur et son attitude à l’égard de la patineuse après sa compétition. «Comment [est-il possible de] traiter une athlète mineure de 15 ans comme cela?»
Une façon de travailler «problématique»
Si l'affaire Kamila Valieva est triste, elle n'a rien de surprenant. «Ça fait longtemps qu’on sait, au Canada, que la façon de travailler des Russes est problématique», insiste-t-elle.
«Même si tu es blessé et fatigué, [en Russie], tu retournes sur la glace. Cette mentalité-là, on ne la veut pas», mentionne celle qui, jeune, a baigné dans le monde du patinage artistique.

Le scandale qui entoure Kamila Valieva devrait être l’occasion pour les fédérations de patinage artistique de partout dans le monde de faire un examen de conscience, croit Marie-Christine Noël.
Même au Canada, on a encore tendance à comparer nos athlètes à ceux de la Russie, regrette-t-elle. «Ça fait des années qu’on nous dit qu’il faut ressembler aux Russes, parce qu’ils font des podiums.»
«Au Canada, on ne veut pas ça, des athlètes épuisés, blessés et qui se sentent humiliés», conclut-elle.
− Avec les informations de l'AFP