Réseaux sociaux: les jeunes utilisent autant l’anglais que le français, selon un nouveau rapport
TVA Nouvelles
Les jeunes de 18 à 34 ans utilisent de plus en plus l’anglais sur les réseaux sociaux et sur leur lieu de travail, selon un rapport de l’Office québécois de la langue française. Les régions de Montréal et de Gatineau sont surtout visées par cette tendance.
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Ce sont deux zones où le français serait plus fragile à cause de la proximité des territoires anglophones.
L’important dossier, nommé le rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec, a été déposé mercredi matin à l’Assemblée nationale à Québec.
«Je m’y attendais un peu», déclare Jean-François Roberge, ministre de la Langue française en entrevue à 100 % Nouvelles.
- Écoutez l'entrevue avec Jean-François Roberge, ministre responsable de la langue française, à l’émission de Mathieu Bock-Côté via QUB :
Des lieux de travail toujours francophones
La proportion des individus utilisant le plus souvent le français au travail reste majoritaire pour l’ensemble de la province. Pour les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Saguenay, Drummondville, Trois-Rivières, Québec et Sherbrooke, cette proportion s'élève à 95 %.
Cependant, ce chiffre baisse de plus de 40 % sur l’île de Montréal, où 59 % des répondants parlent surtout la langue française. Dans la couronne de la métropole, le nombre est légèrement descendu.
La RMR de Gatineau a un pourcentage similaire de 62 %.
En ce qui concerne les personnes immigrantes qui utilisent le français au travail, le nombre a cette fois augmenté, passant de 56 à 62 %.
Être bilingue, une mode
La langue anglaise est de plus en plus utilisée dans des discussions et des messages textes. Moins de la moitié des publications sont surtout écrites en français. L’anglais et le bilinguisme sont majoritairement repérés sur les réseaux sociaux.
Pour M. Roberge, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a tout de même ses limites. «On a tous une responsabilité, le gouvernement ne viendra pas prendre le contrôle de nos conversations, de nos textos et de nos publications, évidemment», souligne-t-il.
Toutefois, le plan d’action de la CAQ comprend un projet de loi imminent sur les plateformes de divertissement numérique.
Les jeunes préfèreraient les séries et les films sur des services de diffusion comme Netflix et Prime Video, par exemple. Si la langue d’écoute de la télévision traditionnelle reste principalement le français, l’anglais réduit presque totalement l’écart: 40 % des gens regardent du contenu sur les plateformes de diffusion en continu en anglais, contre 42 % en français.
«Si on s’américanise, si on consomme de la culture qu’en anglais, sans y penser, on utilise tous ces mots anglais et l’on fait des références culturelles à la culturelle anglophone. C’est donc un enjeu très important», explique le ministre.
Le gouvernement compte ainsi déposer un projet de loi prochainement sur cette problématique.
Cela dit, M. Roberge réitère que le bilinguisme est une richesse. «On enseigne l’anglais dans nos écoles de la première année jusqu’en secondaire 5, ajoute-t-il. Si on ne voulait pas que les Québécois soient bilingues, on n’enseignerait pas [le cours] d'anglais langue seconde.»
Une vulnérabilité au Québec
Le français est de plus en plus utilisé aux quatre coins du globe, passant d’environ 320 à 321 millions de personnes qui le parlent dans le monde cette année, selon M. Roberge. Ce déclin serait donc exclusif au Québec.
«On est cet îlot francophone perdu dans un océan anglophone en Amérique du Nord, illustre-t-il. Mais en Europe, la langue française est en santé. En Afrique, il y a une croissance phénoménale.»
Il est alors très important pour le ministre de transmettre ce message à la jeunesse que le français est populaire à l'international.
Certains chiffres démontrent que le déclin s’accentue chez les jeunes. La proportion des adultes utilisant le plus souvent le français à l’extérieur du domicile tient un écart de 10 % entre les 18-34 ans et les 70 ans et plus.
À la maison, le français continue de dominer, mais a perdu quelques points: il passe de 81 % en 2016 à 79 % en 2021.
L’influence des immigrants temporaires
Allant d’étudiants anglophones aux travailleurs étrangers et aux demandeurs d’asile, plus de 560 000 personnes sont actuellement établies temporairement dans la province. Sur ce nombre, un individu sur trois n’est pas capable d’avoir une conversation en français, selon le ministre.
Voyez l’entrevue complète avec Jean-François Roberge dans la vidéo ci-dessus