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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Rentrée scolaire: les organismes d’aide doivent repenser leur approche

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Photo portrait de Martin Lavoie

Martin Lavoie

2022-08-06T04:00:00Z
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En première ligne pour jauger l’impact de l’inflation sur le prix des fournitures scolaires, les organismes d’aide vivent de plein fouet le phénomène.

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Le prix des fournitures scolaires a un double impact chez Jeunesse au Soleil qui œuvre sur l’île de Montréal.

Non seulement les demandes d’aide sont en forte hausse, mais les sacs que prépare l’organisme seront aussi moins complets.

«Habituellement nous prenons les noms des 1000 enfants à partir de la fin des classes et on continue à les enregistrer en août. Mais cette année, dès la fin juillet, nous étions complets. La demande était forte», explique le porte-parole de l’organisme Eric Kingsley.

Grâce aux dons qui entrent jusqu’à l’automne, l’organisme aide habituellement de 500 à 700 jeunes supplémentaires. Il répond aussi à des demandes ponctuelles en cours d’année pour les classes d’accueil.

«Nous n’avons pas le même pouvoir d’achat cette année. Il y aura moins d’articles dans nos sacs, ça c’est clair», ajoute celui qui cite les duotangs, les crayons-feutres lavables, les cahiers Canada et les boîtes à lunch parmi les articles qui manquent le plus (voir tableau).

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Effets jusqu’à l’an prochain

Yvan Ouellet, responsable de l’Opération Bonne Mine de la Société Saint-Vincent de Paul dans la région du Haut-Richelieu, estime pour sa part que le nombre de demandes dans le moment est semblable à ce qu’il était l’année dernière.

«Mais il peut y en avoir jusqu’au début septembre. Il y a aussi une nouvelle réalité avec plus d’immigrants, par exemple de l’Ukraine», dit-il.

Son organisme distribue annuellement environ 450 sacs contenant du matériel scolaire. L’augmentation des coûts a déjà des répercussions cette année qui n’arrêteront pas là.

«L’Aubainerie nous remet les sacs gratuitement en échange d’un certificat cadeau de 30$. Le propriétaire m’a dit qu’il n’est pas sûr de pouvoir m’en fournir autant l’an prochain au prix où ils sont rendus», constate M. Ouellet.

«Pour le matériel, nous avons une entente avec le Coop School du cégep de Saint-Jean, poursuit-il. Je n’ai pas encore reçu la facture, mais ils m’ont avisé d’une augmentation substantielle.»

Revoir le modèle

C’est pourquoi l’organisation songe à changer sa façon de procéder.

«On essaie de faire un sac générique qui répond à 90% des demandes des écoles, mais il y a toujours des classes où c’est un peu farfelu. On met un duotang jaune, mais elles en veulent un vert et un rose. L’année prochaine, on veut mettre le matériel sur les tables pour que les gens choisissent ce qu’ils ont besoin. On va leur demander d’amener le sac de l’an passé pour voir s’il est en bon état au lieu d’en remettre systématiquement un. On va ajouter vraiment ce dont les jeunes ont besoin. On espère sauver des coûts, mais ce sera plus de travail et de logistique», estime-t-il.

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«On soulève le problème de la standardisation du matériel entre les écoles chaque année, mais ça semble impossible à régler. Ça me scie la banane qu’un centre de services scolaire ne soit pas capable d’uniformiser le matériel. Ce serait beaucoup plus simple pour les organismes, pour nous et pour les parents aussi», affirme Yvan Ouellet.

Réinjecter de l’argent

La Société Saint-Vincent de Paul de Québec administre le programme Bonne Mine de façon différente en aidant sous forme financière les parents d’enfants par l’intermédiaire des écoles qui distribuent les sommes.

«On aide plus de 2000 jeunes de 400 écoles de la région de Québec et Chaudière-Appalaches, à qui est remis plus d’une centaine de milliers de dollars, environ 50$ par enfant. Les écoles sont les mieux placées pour connaître les familles qui ont des besoins», précise Jean-Luc Lavoie, président de la Société à Québec.

«Avec la hausse des coûts, notre pouvoir de supporter les écoles est évidemment moindre. On est à se questionner si on ne devrait pas rehausser cette allocation», admet-il.

Les priorités

L’organisme a un budget d’environ 200 000$ pour le programme Bonne Mine, mais la moitié est versée en bourses de persévérance scolaire.

«On sait aussi qu’il y a plus de demandes pour de l’aide cette année, continue-t-il. On ne parle pas d’une défavorisation généralisée. Mais quand on est rendu à faire des choix entre l’alimentation, les vêtements et les articles scolaires, on comprendra que ce sont les besoins les plus vitaux qui vont passer en premier.»

M. Lavoie a récemment constaté un nouveau phénomène. «Une trentaine de familles ont pris contact avec nous depuis quelques jours qui nous demandent d’obtenir des sommes directement pour profiter d’aubaines. Plus on approche de la période scolaire, plus les prix des fournitures augmentent», ajoute M. Lavoie, qui mentionne que les familles sont référées aux écoles.

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L’organisme reçoit aussi des palettes de matériel scolaire de certains détaillants qui viennent compléter l’aide qu’il offre.

Revenus à la baisse

La Fondation maman Dion, qui œuvre dans tout le Québec, a pour sa part fait 800 heureux cette année. Les nouvelles demandes, en ligne, seront acceptées de janvier à avril.

«On procède ainsi parce que nous avons de meilleurs prix en commandant tôt», lance Claudette Dion, directrice générale de l’organisme créé par sa mère.

Auparavant, la Fondation donnait un sac, des fournitures, mais aussi des vêtements, d’une valeur totale de 250 à 300$.

«Maman me disait tout le temps que si on veut donner la fierté et l’estime de soi aux jeunes, on ne peut pas leur donner le linge des autres. Ça commence là», raconte Mme Dion.

Nouvelle façon de faire

Mais la pandémie a obligé la Fondation à mettre un terme à son activité de remplissage des sacs.

«Depuis l’an dernier, nous donnons une carte-cadeau, au nom de l’enfant, de 150$ chez Hamster et de 50$ à l’Aubainerie. Un bon samaritain est venu chercher les enveloppes et les a livrées gratuitement pour nous. Ça nous permet de donner plus», insiste Mme Dion.

La Fondation commande toujours du matériel, dont des sacs, pour s’assurer que des articles à bon prix seront disponibles en magasin.

La pandémie a eu un impact sur les collectes de fonds de l’organisme, tout comme la hausse des prix des fournitures.

«Hamster m’ont dit que les crayons n’ont pas trop augmenté, mais les cartables, les sacs et la papeterie oui. On a revisité les listes d’effets scolaires et on a trouvé qu’on était généreux avant», précise Mme Dion.

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En «repensant l’argent disponible», elle estime que le certificat de 150$ permet d’acheter les articles nécessaires et de répondre à un maximum de demandes selon les ressources disponibles.

Des efforts qui en valent la peine pour Claudette Dion qui venait de recevoir une lettre émouvante. Une mère alors monoparentale de deux fillettes lui écrit avoir eu recours à la Fondation lors de son retour à l’université. Elle explique que l’aide lui a permis de souffler un peu et de s’assurer que ses enfants avaient tout le nécessaire. Elle ajoute qu’elle est aujourd’hui intervenante dans le milieu communautaire et aide à son tour des gens dans le besoin.

«Ça me tire les larmes. C’est vraiment une grande fierté quand on peut faire une différence», confie Mme Dion.

Activité-bénéfice

Pour se financer, la Fondation maman Dion présentera « Célébrez la rentrée » avec Guylaine Tremblay le 27 août à Laval et 1er septembre à Québec.

«Ça a été conçu spécialement pour la Fondation. C’est fou la voix qu’elle a, elle fait Céline, Ginette, Elvis, du country. Il y a 156 choristes derrière elle, ça va chanter en titi», prévient Claudette Dion.

Articles recherchés*

1. Duotangs

2. Duotangs avec pochettes

3. Paquets de gros crayons-feutres lavables

4. Cahiers Canada

5. Boîtes à lunch

6. Cartables 2 pouces

7. Cartables 1 pouce

8. Cahiers Canada quadrillés

9. Séparateurs

10. Paquets de feuilles mobiles

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