Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Renforcer la défense antiaérienne de l’Ukraine: plus facile à dire qu’à faire

Partager

AFP

2022-03-19T15:40:11Z
Partager

Joe Biden a promis d’aider l’Ukraine à se procurer des « systèmes de défense antiaérienne de plus longue portée » que les Stinger portés à l’épaule, mais trouver les puissantes batteries antimissiles dont l’armée ukrainienne a besoin de toute urgence paraît plus facile à dire qu’à faire. 

• À lire aussi: Ukraine: Zelensky demande à Moscou de mener des pourparlers sérieux, les combats s’étendent

• À lire aussi: [EN DIRECT] 24e jour de guerre en Ukraine: voici tous les derniers développements

• À lire aussi: La Russie dit avoir utilisé des missiles hypersoniques en Ukraine, une première

Le président américain, qui veut soutenir militairement l’Ukraine sans entrer directement en conflit avec la Russie, cherche à fournir à l’armée ukrainienne de meilleures défenses contre l’artillerie russe qui pilonne les villes.

L’idéal pour cela, ce sont des batteries antiaériennes mobiles comme le Patriot, dont l’efficacité a été largement démontrée ces dernières années en Irak et dans le Golfe.

Chargé sur des camions, le Patriot est composé d’un radar capable de détecter et intercepter automatiquement un avion, un drone ou un missile dans un rayon de plus de 100 km, d’un poste de surveillance tenu par trois soldats et d’une batterie de missiles intercepteurs.

Publicité

Les militaires ukrainiens ne sont cependant pas formés au maniement de cet armement américain sophistiqué. En revanche, ils savent utiliser le système antiaérien S-300, concurrent russe de première génération du Patriot américain, dont le rayon d’action est plus limité mais qui serait suffisant pour protéger Kharkiv ou Kyïv, deux villes proches de la frontière russe d’où sont tirés la plupart des missiles qui les pilonnent.

AFP
AFP

Mais quelle serait l’efficacité de systèmes S-300 contre les missiles dernier cri de Moscou? Le ministère russe de la Défense a assuré samedi avoir utilisé la veille, pour la première fois, des missiles hypersoniques « Kinjal » pour détruire un entrepôt souterrain d’armements dans l’ouest de l’Ukraine. Ce type de missiles, très manœuvrables, défie tous les systèmes de défense antiaérienne, selon la Russie. 

Les S-300 pourraient venir de certains pays de l’ex-bloc soviétique qui en possèdent encore, notamment la Slovaquie et la Bulgarie, où le ministre américain de la Défense Lloyd Austin s’est justement rendu ces derniers jours.

Mais ces pays dépendent encore du S-300 pour leur propre sécurité et réclament un substitut -- en clair, des Patriot -- avant de les donner à l’Ukraine.

« Nous sommes prêts à le faire immédiatement lorsque nous aurons une (solution de) remplacement appropriée », a déclaré jeudi à la presse le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Nad.

« Pas assez »

Vendredi, les Pays-Bas ont annoncé qu’ils déploieraient une batterie Patriot sur la base militaire de Sliac, dans le centre de la Slovaquie, et l’Allemagne a confirmé qu’elle en enverrait deux autres dans le pays, ce qui pourrait faciliter le transfert de l’unique batterie S-300 slovaque à l’Ukraine.

Publicité

Mais les Patriot allemands et néerlandais n’arriveront pas immédiatement en Slovaquie -- les Pays-Bas tablent sur le 15 avril -- et le temps presse pour l’armée ukrainienne.

En outre si plusieurs pays semblent prêts à fournir à Kyïv des missiles de rechange pour le S-300, l’Ukraine a besoin de beaucoup de systèmes complets -- radars et poste de surveillance compris.

« Un S-300, c’est mieux que rien, mais ce n’est pas assez », indique Brent Eastwood, du site spécialisé 19FortyFive.

L’Ukraine avait une centaine de batteries S-300 avant l’invasion, et l’armée russe affirme en avoir détruit une quarantaine tout au début de son attaque le 24 février, écrivait récemment cet ancien militaire américain.

Le pays est vaste et rien que pour protéger une ville, il en faut beaucoup, explique Brent Eastwood à l’AFP. « Si je planifiais la défense ukrainienne, je voudrais quatre batteries S-300 aux quatre points cardinaux de Kyïv. Je dormirais mieux la nuit. »

Deux autres pays de l’OTAN, la Bulgarie et la Grèce, disposent de S-300, mais des remplacements devront là aussi être offerts.

Or même si l’armée américaine, dont l’inventaire en Patriot est relativement limité, décidait de prêter les siens à ces pays, il faudrait plusieurs semaines pour qu’ils parviennent à destination. Washington cherche à convaincre ses alliés dans d’autres régions de prêter les leurs, mais là encore, ce n’est pas facile.

Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, pourrait avoir demandé de l’aide au Japon jeudi. Il a téléphoné à son homologue japonais pour discuter de « la situation actuelle dans le Pacifique et de l’invasion russe de l’Ukraine », selon un compte-rendu succinct de leur conversation publié vendredi par le Pentagone.

Les pays du Golfe possèdent de nombreuses batteries antiaériennes pour se protéger des missiles iraniens, mais ils ne paraissent pas pressés de voler au secours de l’Ukraine. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui figurent parmi les plus grands exportateurs de pétrole brut au monde et qui ont tous deux des liens importants tant avec les Occidentaux qu’avec Moscou, ont jusqu’ici évité de prendre position contre la Russie.

À VOIR AUSSI

Publicité
Publicité