Réjean Houle n’oubliera pas les miracles de Ken Dryden

Stéphane Cadorette
Ken Dryden aura été l’un des plus grands gagnants de l’histoire du Canadien avec six conquêtes de la Coupe Stanley en huit saisons. Pour Réjean Houle, c’est sa toute première qui doit être considérée comme sa plus marquante.
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À son arrivée à Montréal à la fin de la saison de 1970-71, Dryden avait remporté ses six départs avec l’équipe. Contre toute attente, à 23 ans, le Canadien avait décidé de lui confier le filet pour les séries éliminatoires.
Dryden avait non seulement été le gardien partant, mais il a même raflé le Conn-Smythe remis au meilleur joueur des séries, ce printemps-là.
« Ce que je retiens le plus, c’est son arrivée en 1971. On n’était pas favoris pour remporter la Coupe Stanley. Si on l’a gagnée cette année-là, c’est en grande partie grâce aux miracles de Ken Dryden », a souligné Réjean Houle, qui a été son coéquipier lors de cette improbable saison, ainsi que lors de quatre autres conquêtes.
« Il est arrivé avec nous dans une période où on était en transition avec plusieurs jeunes qui arrivaient avec l’équipe, dont Marc Tardif, Guy Lapointe, Pierre Bouchard et d’autres. La venue de Ken a amené un souffle nouveau à l’organisation. C’est l’un de mes plus beaux souvenirs par rapport à lui », a-t-il enchaîné.
Un « vrai de vrai »
À titre de président de l’Association des anciens Canadiens, Houle se désole évidemment que des légendes du passé s’éteignent dans les dernières années.
« On en perd un autre vrai de vrai. Ken était très discret, au point où plusieurs de ses anciens coéquipiers ne savaient même pas qu’il avait le cancer. Quand on le fréquentait, jamais il ne parlait de sa maladie », a-t-il confié.
« Avec Jacques Plante et Patrick Roy, ils sont au sommet, c’est sûr et certain », a ajouté l’ancien attaquant au sujet des grands gardiens de l’organisation.
Pas toujours sérieux
De l’extérieur, que ce soit en raison de ses études en droit, de ses qualités d’écrivain ou de son passage en politique au parti libéral du Canada, Dryden a toujours projeté l’image d’un homme sérieux.
Houle se souvient néanmoins du coéquipier qui prenait plaisir à vivre l’esprit de camaraderie.
« Il était comme ça, c’est vrai, mais avec nous il pouvait être différent. Quand c’était le temps d’avoir le nez dans ses papiers pour ses travaux, il le faisait, mais quand c’était le temps d’avoir des moments entre boys, il était là aussi. Il n’a jamais été à part des autres, même si parfois il était discret. Il dégageait beaucoup de classe et de savoir-vivre. C’était un individu exceptionnel », a-t-il indiqué.
Il ne faut pas s’imaginer non plus que Dryden était au quotidien sur la glace le gardien intimidant, avec sa mythique posture au repos, accoté sur son bâton.
« Sa présence faisait sa force dans les matchs. Et pourtant, dans les pratiques, il n’était pas nécessairement comme ça. Il avait du fun avec nous à arrêter les rondelles tout le temps. Il aimait rire de nous autres, mais pas d’une façon mesquine ou péjorative. Il nous taquinait avec son sourire en coin après un arrêt. C’était vraiment plaisant de jouer avec lui », a mentionné Houle.
Une retraite pas étonnante

Les deux ont évolué ensemble à Montréal de 1971 à 1973, puis de 1976 à 1979. Houle n’a pas été surpris de le voir prendre sa retraite en pleine gloire, à 31 ans.
« Personne dans l’équipe n’a été étonné de ça. Ken était un rare joueur capable de passer du hockey aux études en un claquement de doigt. C’était pareil pour la politique. Si tu le connaissais le moindrement, c’était évident qu’il faisait le candidat idéal pour le parti libéral. »